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OLIVIER GERARD |
Prions Pour La MortAux éditions LOKOMODO |
619Lectures depuisLe jeudi 11 Mai 2012
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Une lecture de |
C’est à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, que Romain Martonne a établi son laboratoire pharmaceutique indépendant, Martocosme. Certes, il n’a pas le poids de grands groupes, tels Ellsner International ou Corpen-Gilda basés à Berlin. Mais il exploite déjà des médicaments très rentables, et prépare une molécule contre le cancer du poumon, le Néfédron. Malgré la fidélité de son adjoint Dauphin, Romain Martonne est confronté à un manque de finances pour continuer. À sa banque, qui vient curieusement d’être rachetée, une nouvelle interlocutrice lui refuse un prêt déterminant. Il sent planer l’ombre de ses adversaires du monde pharmaceutique, bien informé sur ses soucis budgétaires. Son confrère et ami Flémant, PDG d’un autre petit laboratoire, lui présente Uwe Schwan. Cet Allemand accepte de l’aider, en obtenant l’accord d’une importante banque européenne. À Berlin, Calixte Ellsner règne sur sa multinationale. Sans état d’âme, il cherche à dévorer la concurrence, et vire ses cadres jugés inefficaces, tel Edmond Gattivier. Sa secrétaire de direction Marta possède une raison supplémentaire d’en vouloir à Ellsner, car Gattivier est son amant préféré. Elle sait que son féroce patron cache quelque part des dossiers DQC, prouvant qu’il est capable d’utiliser des méthodes définitives contre ses ennemis. Calixte Ellsner s’est arrangé pour rencontrer Martonne, mais celui-ci a fait comme s’il ne le voyait pas. Grave offense touchant l’ego du puissant Ellsner. Depuis le décès accidentel assez suspect de son épouse adorée Dawn, Martonne se sent seul pour mener une opération comme celle qui mobilise actuellement son énergie. Il aurait bien besoin aussi de son ami Stefano Gallo, reporter photographe, qui ne donne plus jamais de ses nouvelles. Walter Leblanc est un jeune homme bohème qui, après une mission en Égypte, poursuit sa formation dans un musée allemand. D’un côté, il a contacté Martonne, pour un projet de forme idéale destinée aux gélules de Néfédron. Surtout, Walter est un des discrets agents de Calixte Ellsner. Mais il est aussi très amoureux de la marginale Vera, sans doute trop fragile. Quant à Marta, la secrétaire semble avoir trouvé les documents qu’elle visait, avant d’être éliminée… Les tests du nouveau médicaments ayant prouvé sa fiabilité, Martonne est désormais prêt au lancement du produit sur le marché américain. Quand un patient ayant participé aux tests est hospitalisé en soins intensifs, tout est remis en cause. La menace n’est plus seulement financière pour Martonne, qui se sait la cible d’Ellsner… Heureuse initiative que cette réédition (revue et corrigée) d’un suspense paru en 2005. Car il s’agit d’un authentique roman d’action, dans la meilleure tradition. Une de ces aventures où un homme quasiment seul, honnête et volontaire, doit affronter les pires manigances de ses ennemis. Tandis que les mauvais coups se multiplient autour de lui et contre son projet, il avance au gré d’une farandole de rebondissements. On pourrait se dire que l’auteur fait du “mogul” Calixte Ellsner un personnage un peu caricatural. Rien n’est moins sûr, finalement : il semble au contraire représentatif de ces “décideurs”, égocentriques jusqu’à l’excès peut-être criminel. Le sujet est d’autant plus noir, qu’est évoqué ici l’univers des laboratoires pharmaceutiques internationaux. Élaborer un médicament coûte cher, mais la rentabilité est incalculable, colossale. Enjeux énormes, trop souvent au mépris du risque sanitaire. Quantité de scandales dans ce domaine nous prouvent depuis longtemps comment ces sociétés exploitent abusivement notre santé. Un palpitant polar, riche en péripéties et qui ne manque pas de sens, c’est un plaisir de lecture. |