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PIERRIC GUITTAUT |
Beyrouth-sur-loireAux éditions DU POLARVisitez leur site |
2898Lectures depuisLe jeudi 9 Decembre 2010
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Une lecture de |
Les faits se déroulent aujourd’hui dans une grande ville du Val de Loire, dont la mentalité est plutôt passéiste. Le journaliste Rubert prévient sa jeune collègue pigiste blonde Gaëlle Le Floc’h :“Ici, tout est à l’ancienne, comme tu dis : justice à l’ancienne, morale à l’ancienne, racisme à l’ancienne. Bienvenue dans la France d’il y a cinquante ans.” Les traditionnelles rivalités politiques exacerbées opposent le maire de droite et la conseillère générale de gauche. Celle-ci est soutenue par la presse régionale, alors que le journal favorable au maire a déjà coulé. Au commissariat de police, deux générations de flics sont en présence. Chrétien libanais d’origine, le lieutenant Michel Jeddoun est le plus âgé. Il reste marqué par les tragédies ayant secoué son pays. Grâce aux indics, il n’ignore pas quels sont petits trafics des quartiers sensibles de la ville. Né dans une famille modeste, Antoine Carpentel est un redoutable arriviste. “Pas seulement un ambitieux, non, un affamé de promotion, un resquilleur d’ascenseur social. Avec lui au sein du groupe, il faudra se méfier” pense Jeddoun, à juste titre. Suite à du vandalisme, le fils du journaliste Rubert est interpellé par la police. Comme ses parents, il se veut militant. Il défend la cause palestinienne contre le sionisme, ce qui entraîne une sérieuse mise au point de la part de Jeddoun. Ce qui n’empêche pas le fils Rubert de rêver d’action spectaculaire. Quand la jeune Rachel contacte Jeddoun, il estime ne pouvoir l’aider. Le frère de celle-ci a été torturé et tué par un groupe de médiocres voyous vivant dans cette ville. Elle possède la preuve de leur identité, mais personne ne tient à relancer l’affaire. Ne croyant guère dans le système, ni en la Justice, Jeddoun ne voit pas ce qu’il peut faire. Dans les quartiers nord, des émeutes incendiaires causent des troubles. Rubert et Gaëlle suivent le dossier, se heurtant à Jeddoun. Signes d’insécurité qui risquent fort de nuire davantage encore au maire en place, qui a pourtant bénéficié de moyens pour y faire face. Si le flic Carpentel est son allié, il n’a pas assez de poids pour agir. D’ailleurs, il mène son propre jeu, question de timing et d’opportunisme. La conseillère générale évite de se réjouir trop tôt. Lorsqu’un petit dealer est assassiné, Jeddoun réalise que c’était un des quatre assassins du jeune Juif. Il imagine fatalement une vendetta familiale. Rachel nie que les siens soient impliqués. Le policier cherche d’autres pistes. Un deuxième membre de la bande de voyous est victime d’un accident, qui n’est rien d’autre qu’un meurtre. Le maire finance le journal droitier qui lui est favorable, afin d’atténuer la mauvaise image de ces crimes. Son adversaire s’inquiète aussi des risques d’excitation et de dérapages chez les jeunes. Le jeune Oukil, un autre membre de la bande, a compris qu’il était menacé. Il pense être traqué par la police. Il se planque dans une cave. Grâce à un indic, Jeddoun espère le trouver. Hélas, la situation s’aggrave pour le policier, bientôt suspendu. Ce qui profite à Carpentel. De son côté, Gaëlle est maintenant journaliste titulaire. Son ambition n’est pas tellement plus propre que celle de Carpentel… On trouve dans cette histoire tous les ingrédients du véritable roman noir. Les personnages n’ont pas vocation à sembler sympathiques, honnêtes ou loyaux. Leur conception de la vie est pétrie d’individualisme, y compris chez ceux qui affichent une idéologie sociale. “Rubert ne veut pas un monde meilleur. Il veut changer le monde, ce n’est pas pareil. Changer le monde à son idée, parce qu’il est convaincu de détenir la vérité absolue. Ces types-là sont les pires.” Quant au désabusé Jeddoun et ses obsessions sur la dignité des Libanais, il se veut pur et dur. Pourtant, il est dépassé par des circonstances qu’il ne maîtrise pas. Le contexte se met en place progressivement, laissant apparaître toutes les failles de cette ville et de sa population. L’auteur évite l’angélisme concernant le climat des quartiers, où couvent trafics et violence. En filigrane, les communautarismes sont l’un des thèmes de l’intrigue. Les politiciens ne sont pas épargnés, non plus. En témoigne, ce conseil de journaliste : “Les politiques sont des grands narcisses devant l’éternel […] avec une très haute idée de leurs fonctions et du respect qu’on leur doit. Si tu veux de vraies infos pour tes lecteurs, il faut apprendre à sortir la brosse à reluire dans certaines occasions, pour mieux les mettre à nu dans d’autres.” Ici, les idéologies sont renvoyées dos-à-dos. C’est dans cette sombre ambiance que se développe l’aspect criminel. Un polar de qualité, dans la tradition du roman noir. Lien direct éditeur http://editions-papier-libre.com/livres_beyrouth_sur_loire.html
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