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DAVID GRANN |
Trial By FireAux éditions ALLIAVisitez leur site |
3085Lectures depuisLe dimanche 19 Septembre 2010
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Une lecture de |
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Le drame se produit le 23 décembre 1991 à Corsicana, petite ville du Texas. En l’absence de sa femme Stacy, âgée comme lui de 22 ans, Todd Whillingham s’occupe de leurs bébés, la petite Amber et les jumelles. Quand un violent incendie ravage la maison, Whillingham est dans l’incapacité de sauver ses trois enfants. Après l’intervention des pompiers, les bébés sont retrouvés morts, intoxiqués par les fumées. L’enquêteur Vasquez et le pompier Fogg ne tardent pas à déterminer qu’il s’agit certainement d’un incendie volontaire. En effet, des indices montrent que le feu a été provoqué par de multiples foyers. Pour eux, il apparaît évident qu’une substance inflammable a été répandue dans la maison, en particulier dans la chambre des enfants. Le jeune père fait figure de suspect principal : “Le portrait de Whillingham que la police commençait à reconstituer était dérangeant.” Connu pour des petits vols et des violences conjugales, il prétend d’être calmé. Le procureur John Jackson le considère néanmoins comme un asocial, ayant pu commettre cet acte. Les témoignages sur les réactions de Todd Whillingham lors de l’incendie ne plaident pas en sa faveur. Qu’il ne porte aucune trace de brûlures alors qu’il affirme avoir bravé le feu pose question. Après une arrestation spectaculaire, il est inculpé. Son avocat d’office, qui le croit coupable, l’incite à accepter la négociation pour une peine de prison à vie. Whillingham refuse catégoriquement. Au procès, sans grande surprise, il est condamné à la peine de mort. Simple citoyenne, Elisabeth Gilbert s’est interrogée sur la culpabilité de Todd Whillingham. Ils ont échangé des courriers, elle lui a rendu visite en prison, elle a consulté les archives sur l’affaire. “Madame Gilbert n’était pas naïve : elle partait du principe qu’il était coupable. Cela ne la dérangeait pas de lui apporter du réconfort, mais elle n’était pas là pour l’absoudre.” Toutefois, les éléments ne sont pas tous si accablants contre Whillingham, des témoignages sont même positifs. Certes, des psys considèrent qu’un passionné de hard-rock comme lui ne peut qu’être un sociopathe. Et le douteux témoignage d’un prisonnier sert trop facilement l’accusation. Mais les erreurs judiciaires ne sont pas rares dans les procès où des avocats commis d’office s’impliquent peu. Les années passent, Todd Whillingham reste dans le “couloir de la mort”. Tandis qu’il survit dans l’enfer carcéral, les requêtes en appel déposées par son nouvel avocat sont laissées sans suite. Pourtant, des questions cruciales se posent sur la compétence des experts en incendies. Scientifique reconnu, Gerald Hurst relève des approximations dans la plupart des affaires, les enquêteurs se fiant davantage à leurs impressions plus qu’aux faits. Il connaît un cas identique à celui de Whillingham, où une maison fut détruite en quatre minutes et demie. Le rapport de Hurst, soutenant la thèse accidentelle, aurait dû être déterminant… Ce n’est pas un roman. Il s’agit d’une contre-enquête, hélas pas d’une fiction. Si la Justice française est imparfaite, celle des Etats-Unis baigne dans un océan d’incompétence aberrante. Les fautes d’appréciation (des procureurs, des juges, des experts) sont courantes, entraînant quantité d’erreurs judiciaires. Sans esprit scientifique, les enquêteurs décident d’une version, cherchant uniquement les preuves à charge pouvant l’étayer. On nous cite quelques exemples édifiants, atroces puisque des innocents ont été exécutés à tort. La prise de conscience progresse lentement : “Depuis 1976, plus de 130 personnes qui se trouvaient dans le couloir de la mort ont été disculpées.” Partisan de la peine de mort, le gouverneur Ryan y renonça après avoir frôlé l’erreur capitale. Mais, quand on voit qu’une Commission de révision n’examine pas les rapports contradictoires reçus, l’espoir d’une meilleure Justice reste mince. Ce “Trial by fire” (L’épreuve du feu) est sous-titré “L’état du Texas a-t-il exécuté un innocent ?”. Un père qui tue ses enfants, c’est évidemment monstrueux. Whillingham ne mériterait pas notre pitié. Pourtant, réfléchissons à ceci : il n’avait pas de mobile, adorait ses bébés, n’était pas moins équilibré que ses concitoyens, et a été surpris par l’embrasement rapide de sa maison. Quant au rapport Hurst, il définit probablement le véritable scénario du sinistre. À chacun de tirer ses propres conclusions. |
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