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MAX GENEVE |
La Cathédrale DisparueAux éditions JEAN-PAUL BAYOLVisitez leur site |
2410Lectures depuisLe mercredi 30 Juin 2010
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Une lecture de |
Recueil de nouvelles. Collection L’Esprit de l’Escalier La nouvelle, parait-il, est un genre peu prisé en France, exercice pourtant difficile à maitriser, exigeant, car en peu de pages l’auteur doit se montrer convaincant. Le style n’est pas tout et il lui faut démontrer une imagination foisonnante afin de proposer à chaque fois une historiette différente même s’il s’impose de traiter un thème bien défini. Dans La cathédrale disparue, Max Genève ne sacrifie pas à un thème unique mais explore plusieurs domaines, poétiques, sensibles, à la limite du fantastique et de la rêverie. Comme notre esprit qui vagabonde, erre, déambule lorsque que nous sommes entre sommeil et réveil, revisitant des actes que nous avons été amenés à effectuer la veille, ou aurions aimés réaliser, les embellissant, reprenant des bribes de songes, extrapolant des paroles, des gestes que nous aurions souhaités pouvoir exprimer ou exécuter. Des fantasmes qui surgissent, des images qui s’accrochent, des envies qui s’effilochent, des nostalgies qui ramènent à l’enfance ou à l’adolescence, peut-être des visions qui se diluent après une soirée bien arrosée. Seize nouvelles, je ne vous les disséquerai pas toutes, soyez rassurés sinon où se trouveraient les plaisirs de la découverte et de la lecture, seize nouvelles donc qui se déclinent sur une palette mi pastel, tendre, velouté, mi couleurs vives, pétillantes, agressives. Ainsi dans Train de nuit, le narrateur aime se promener, le soir de préférence lorsque tout dort, longeant les rails d’uns ancienne voie de chemin de fer désaffectée. Dix ans qu’un train n’a pas emprunté la ligne et pourtant un soir, un roulement alerte notre promeneur solitaire. Issue de la nuit, cette locomotive semble narguer et inviter notre promeneur à monter à son bord. Garde-robe joue sur la propension de certaines personnes à garder leurs vieilles affaires vestimentaires, peut-être par nostalgie, par conservatisme, par besoin de conserver tout ce qui ramène à l’enfance. Dans un pays imaginaire, le président est élu démocratiquement mais souvent un quidam dame le pion des candidats officiels. C’est ainsi, et ce n’est peut-être pas plus mal. Un personnage, choisi au hasard se trouve face à deux concurrents qui briguent le fauteuil présidentiel, est élu par ses concitoyens pour la simple et bonne raison qu’il ne veut pas de la place. Il devient Le président malgré lui. Un matin de décembre, alors que le brouillard efface les contours des immeubles de la ville, un peintre se rend compte que la cathédrale qui fait face à sa fenêtre, n’est plus là. Disparue comme par enchantement. Vision confirmée par un passant. Mais il ne peut y croire et rasant les murs il essaie de la repérer parmi l’étoupe qui règne sur la ville. Tel est le thème de La cathédrale disparue qui donne son titre au recueil. Où vont les petits hommes de Marnay ? C’est ce qu’aimerait savoir un commissaire en retraite qui voit entrer dans les toilettes de son bar de prédilection des personnes qu’il ne voit pas ressortir. Ou alors c’est le contraire qui se produit, des hommes en sortent alors qu’il n’a vu entrer personne. Le col inconnu est destiné à un cycliste chevronné qui à la soixantaine monte encore allègrement le col de l’Aubisque, en se souvenant des duels entre Charlie Gaul et Federico Bahamontes. Max Genève s’est vu proposer un séjour au Musée de l’Air à Bruxelles, expérience qu’il décrit dans Résidence aérienne, mais ce qu’il a vécu n’est-il qu’un fantasme, qu’une extrapolation ? Et a-t-il connu les affres du protagoniste face à l’écriture comme il est décrit dans L’impuissance au roman ? L’enfant qui jouait du violon pour les morts nous entraîne au Père-Lachaise. Mais je l’ai déclaré, je ne vous dirai pas tout sur ces nouvelles, sauf le bien que j’en pense. Ce sont comme des bouffées de fraîcheur, mais attention, il n’y a pas place à la mièvrerie, encore moins au misérabilisme. Parfois quelques notes d’humour, d’ironie. Max Genève aime ses personnages envers lesquels il professe une certaine sympathie, pour ne pas dire une empathie certaine. Des nouvelles qui montrent qu’on l’on peut, si les circonstances s’y prêtent, et pourquoi ne pas les provoquer afin de réaliser ses rêves. Jusqu’à un certain point quand même, il ne faut pas exagérer. Ainsi dans Le salut par l’autoroute, le maire d’une petite ville allemande ne jure que par l’automobile, et tous les travaux qu’il envisage d’accomplir dans sa commune sont voués à encourager l’épanouissement du trafic routier, quelle qu’en soient les conséquences. Je n’ai pu résister à vous en présenter une autre ! Si bon nombre de ces nouvelles sont inédites, quelques unes ont été déjà publiées, éparpillées dans de petites revues ou dans des recueils collectifs comme My name is Albert Ayler à la Série Noire ou Le fossoyeur de Villefranche dans Villefranche, ville noire chez Zulma en 1997. Un recueil digne de figurer à côté des ouvrages de Guy de Maupassant et de Jacques Sternberg. |
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