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PAUL GUTH |
Le Retour De Barbe BleueAux éditions MERCURE DE FRANCEVisitez leur site |
1518Lectures depuisLe dimanche 19 Mai 2013
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Une lecture de |
Par l’auteur du Naïf qui en était un ! « Dans le domaine de l’écrit, le genre policier, ce chancre, a dévoré la littérature pure… » Cette phrase, cette diatribe écrite par Paul Guth en 1972, un 22 janvier pour être précis, va coller à la peau de ce naïf et ce n’est certes pas Le retour de Barbe Bleue qui va rehausser le prestige de celui que les académiciens ont rejeté par plusieurs fois. En fait, Paul Guth a réussi un « crime parfait » : sa crédibilité est morte. Bédar-sur-Gigonette, charmante petite cité du Vaucluse, est en proie à une émotion justifiée. Pour la première fois depuis sa création, le village connaît l’opprobre : un crime, un assassinat vient d’être perpétré sur la personne d’Olivier, un jeune employé de banque. Il a été étranglé avec une écharpe rouge. L’inspecteur Froidemont, surnommé le Columbo français, est dépêché sur place. « Quel rapport avec Columbo ? — Ton trench-coat miteux… Ton allure un peu voûtée. Ton geste en biseau, de la main droite… Ton œil qui dit merde à l’autre… » La parodie jusque dans le personnage. A se demander ce que peut bien lui trouver son épouse Isabelle, de trente ans sa cadette, belle, amoureuse, capricieuse et drôle. Revenons à notre cadavre qui attend bien sagement sur son lit de mort la venue de l’inspecteur qui, lors de son examen, découvre un poil noir sur une lèvre du mort. Renseignement pris, il s’agit d’un poil de …barbe (on a eu chaud !) qui n’appartient ni à la victime, ni à son entourage. La légende de la Barbe-qui-tue enfièvre la région avignonnaise, d’autant que huit personnes décèdent, qui étranglée, qui empalée, avec toujours sur le cadavre ou à proximité, des poils de barbe. Tous similaires. Une publicité dans les journaux locaux attire l’attention de Froidemont. Une publicité insolite concernant un cirque, plus précisément un numéro de trapéziste. Effectivement, cette attraction a de quoi fasciner : un géant cagoulé s’avance majestueusement sur la piste, commence son numéro, puis corse la difficulté. Enlevant son masque, il dévoile une barbe immense, d’un noir de jais. Il s’élance d’un trapèze à un autre, s’accrochant à l’aide de son système pileux. Délirant. Le numéro n’est pas terminé. Le personnage entame alors un strip-tease intégral qui révèle un corps féminin. Devant les yeux horrifiés des spectateurs et de Froidemont, elle commet son neuvième crime : elle jette le funambule dans la cage aux lions. Sans mal, Froidemont l’interpelle et elle lui avoue ses motifs, reconstitutions à l’appui. Repoussée par un garçon, elle l’a tué et ce meurtre lui a apporté la jouissance : c’est l’engrenage. Afin de parvenir à l’orgasme, il lui faut tuer, tuer, et toujours le même type de mâle. Tombée amoureuse de Froidement, elle lui déclare sa flamme à la prison de la Santé. Devant le refus du policier, elle tente de l’étrangler. Heureusement pour le Columbo français, Isabelle, son épouse, abat d’un coup de revolver cette amante poilue. Rideau. Terminé. Ouf ! Ce roman n’est qu’une parodie, qu’une caricature, qu’un succédané, qu’une falsification, qu’une contrefaçon de roman policier. En un mot une supercherie. Afin de cacher le manque d’enquête véritable — le minimum pour un roman policier, — Paul Guth se réfugie dans la description d’un simili-érotisme médical. Je comprends maintenant pourquoi Paul Guth a tant vitupéré contre le roman policier : il est incapable d’en écrire un et se venge par dépit en effectuantdes déclarations qui se retournent contre lui. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Paul Guth, ce cancre… Un qui a dû s’amuser, c’est Pierre Marie Valat, le dessinateur de la couverture de cette œuvre qui, espérons-le, j’espère restera unique : il dévoile la solution en première et quatrième de couverture ! |