La dévoreuse de Pierric GUITTAUT


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PIERRIC GUITTAUT

La Dévoreuse


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Le jeudi 22 Juin 2017

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Pierric GUITTAUT




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

La Bête du Gévaudan ! Fût-ce superficiellement, cela fait partie de notre culture générale. Si l’Histoire a retenu cet exemple, alors que d’autres "bêtes" meurtrières sévirent en ces temps anciens, c’est dû à plusieurs raisons. D’abord, l’animal monstrueux s’attaqua aux populations de juin 1764 à juin 1767, causant trois longues années de terreur. On recensa autour d’une centaine de victimes, nombre conséquent. Ensuite, l’affaire ne se borna pas au territoire de la Margeride, du côté de la Lozère, la Haute-Loire et le nord de l’Ardèche actuels. Les autorités royales furent bientôt informées, et prirent des mesures afin que soit traquée et supprimée la bête tueuse. Enfin, des questions restent posées sur la nature même du monstre. Loup, chien-loup, hyène, animal hybride ? Au fil des siècles, on osa de multiples théories, parfois agrémentées d’une part de sorcellerie.

Pierric Guittaut est, entre autres, l’auteur de “La fille de la pluie” (2013) et “D’ombre et de flammes” (2016), deux romans publiés dans la Série Noire. Mais ce n’est pas une fiction qu’il nous propose cette fois. Amateur de ruralité et chasseur, il s’est passionné depuis plusieurs années pour la Bête du Gévaudan, collectant une grande quantité d’information, de documentation. Cet ouvrage très complet inclut des photographies prises par l’auteur – sur les lieux concernés où il s’est rendu, et des illustrations d’époque – en particulier, des croquis d’animaux pouvant se rapprocher du fameux monstre. Par un récit très vivant, Pierric Guittaut décrit cette région montagneuse aride et rude, hostile et très froide durant les six mois de l’hiver, et reconstitue les faits chronologiquement en détail. Ici, on est vraiment dans un contexte régional sous le règne de Louis 15.

Dès les premières attaques meurtrières, Étienne Lafont – haut-responsable local – prend le problème au sérieux. Certes, arriveront divers autres intervenants, dont des chasseurs émérites s’intéressant peut-être davantage aux primes allouées qu’à tuer la Bête. Car il faut souligner que des sommes d’argent considérables ont été consacrées, par le pouvoir royal, à la traque du monstre. Néanmoins, les rapports d’Étienne Lafont sont précieux. François Antoine est probablement un des meilleurs chasseurs du pays, son titre de porte-arquebuse du roi n’est pas usurpé. Jusqu’alors, les battues à travers la campagne n’ont été d’aucune efficacité, et même les bons chasseurs du cru ont souvent raté la Bête. Il est vrai que, touché par certains tirs, le monstre n’a jamais été gravement blessé, semble-t-il. Son atout principal, surprenant pour un canidé, c’est son extrême mobilité.

Les efforts de M.Antoine sont couronnés de succès en septembre 1765. L’animal est enfin abattu, au grand soulagement des habitants, et des autorités royales qui s’en glorifient. Mais quelques semaines plus tard, d’autres attaques mortelles sont à déplorer. Et à partir du printemps suivant, la Bête tue avec frénésie. On peut raisonnablement penser que le monstre s’est trouvé une compagne louve, et peut-être ont-ils un louveteau. Est-ce ce qui accroît le nombre de victimes ? Pas exclu. En tout cas, il reste encore impossible de situer la tanière de la Bête. Si l’on abat quelques loups ordinaires, pas rares dans la région, et si des courageux mettent en fuite le monstre, il représente toujours une menace. Quant au pouvoir royal, il se désintéresse désormais de la question, laissant se débrouiller seuls les gavauds, la population de ces montagnes.

C’est donc en juin 1767 que la Bête du Gévaudan sera tuée par un groupe de chasseurs s’étant organisé pour la cerner. Des descriptions précises de l’animal, il en existe de très pointues. Toutefois, cela ne permet pas de savoir à quelle espèce exacte il appartenait. Un loup commun d’une taille et d’une force extraordinaire, un chien-loup issu de croisement et qu’on aurait dressé pour attaquer les humains, une hyène livrée à elle-même ou ayant subi une mutation génétique, ou bien encore un animal cryptide d’une espèce inconnue ? Pierric Guittaut étudie toutes les possibilités. Il a même opéré des tests de tirs, afin de comprendre comment la Bête résistait aux blessures de fusils. En se documentant sur des cas d’autres animaux-tueurs de l’époque, il envisage qu’il puisse s’agir d’un loup-cervier ou d’une sorte de hyène canine, analyses et gravures d’époque à l’appui.

C’est dans le Valais, en Suisse, que l’auteur pense avoir déniché la meilleure piste. Ainsi, il poursuit ses investigations jusqu’à Sion. Où l’on trouve un loup de race spécifique, qui fut dans les siècles passés presque aussi meurtrier que la Bête du Gévaudan… Il s’est publié quantité de livres, avec autant d’hypothèses variées et sûrement parfois farfelues, sur le sujet. Force est de reconnaître que Pierric Guittaut se singularise par la qualité supérieure de son enquête. Loin d’une synthèse artificielle ou d’un ordinaire résumé de l’histoire, le déroulement de cette mystérieuse affaire est présenté de façon captivante. Grâce à un récit basé sur les témoignages écrits, mais qui sait également aborder les comportements et la psychologie des protagonistes. Quant à "l’étude animalière", elle est très fouillée, ne négligeant aucune version de l’ordre du possible. Un ouvrage remarquable.

(Extrait) : “Étienne Lafont, lui, est plus prudent, il écrit le lendemain au même: "Les suites feront connaître ce que l’on peut attendre de cet événement, après les blessures que cette bête à reçues et auxquelles elle a échappé l’on n’ose se flatter de rien." Le syndic sait que l’espoir avait été grand en mai dernier, après les blessures infligées par les frères de La Chaumette, mais que la déception n’en avait été que plus terrible lors de la réapparition de l’animal, toujours aussi sanguinaire. En dépit de tout ce qui nous sépare du Gévaudan d’alors, on imagine sans peine cette nouvelle attente fébrile qui s’empare de tous à la suite de l’exploit de Marie-Jeanne Vallet. Attente faite d’un mélange d’espoir à l’idée que la Bête expire finalement son dernier souffle maudit dans quelque recoin de la Margeride, et de consternation à voir réapparaître sa silhouette aussi familière que redoutée venir hanter à nouveau les pâtures. Autorités, chasseurs ou habitants du Gévaudan, tous retiennent alors leur souffle, un œil sur l’horizon et la ligne sombre des forêts de la Ténézère ou du bois Noir, en attendant les cris qui ne manqueront pas de courir les campagnes. Puissent-ils être de joie, et accompagner la nouvelle qu’enfin, la Bête est morte.”

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