Le printemps des corbeaux de Maurice GOUIRAN


Le Printemps Des Corbeaux GOUIRAN331

MAURICE GOUIRAN

Le Printemps Des Corbeaux


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Le jeudi 23 Septembre 2016

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Maurice GOUIRAN




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

À Marseille, en mai 1981. Luc Rio est âgé d’une vingtaine d’années. Surnommé Louka, il est étudiant à la fac de Luminy. Il occupe une ex-chambre de bonne dans l’immeuble où habite sa grand-mère, Mamété, qui passe ses journées à écouter des chansons anciennes. La copulation avec sa voisine défraîchie n’excite plus guère Louka, qui préfère le petit cul rond de l’étudiante Lucie, vingt ans. Celle-ci appartient à la famille Barbelasse, membres de la bourgeoisie d’affaires phocéenne. Son oncle est politicien de droite, officiellement un modéré, mais entouré des gros bras du Service d’Action Civique gaulliste. Ça chauffe dans ce camp politique à la veille du 10 mai, d’autant qu’éclate le cas Maurice Papon. Ministre de Giscard, ex-Préfet de police contestable, il envoya jadis des Juifs à la mort.

Louka n’est pas vraiment politisé. Son parcours est déjà assez compliqué comme ça. Fils d’un truand abattu par la police, abandonné par sa mère, il a longtemps vécu dans des familles d’accueil, via la DDASS. Ce n’est qu’à sa majorité que Mamété s’est souvenue de lui. Il y a aussi "l’Ouncle", ancien complice de son père au temps de la French Connection, duquel Louka reste proche. Pas sûr que le vieux malfaiteur soit aussi rangé qu’il l’affirme, à vrai dire. C’est par son entremise que Louka va tenter sa chance au poker, et perdre une très grosse somme, à rembourser sans tarder. Néanmoins, le jeune homme ne compte pas renoncer à la Renault Fuego d’un jaune pétant qu’il vient d’acquérir. Sa combine pour se procurer du fric fonctionne encore, même s’il serait bon qu’il commence à se méfier.

En effet, Louka a trouvé une astuce pour détourner les versements des clients de l’agence bancaire où il est inscrit sous une fausse identité. Le directeur et deux spécialistes, des clones de Dupont et Dupond, examinent les mouvements bancaires et finiront sûrement par dénicher le fraudeur. Louka est déjà lancé sur une autre opération. Son ami Jeannot, traumatisé depuis la guerre d’Algérie, est employé aux Archives Départementales. Dans les documents transitant par lui, on retrouve des lettres de délation remontant à la 2e Guerre Mondiale. Faire chanter ceux qui, plusieurs décennies plus tard, ne voudraient pas que soit révélé cet aspect de leur passé, c’est jouable. Sans grands risques, puisque Louka utilise la boîte à lettres du voisin de sa grand-mère.

La dette de jeu serait remboursée sans trop de difficulté, s’il ne surgissait un problème. Ses amours avec Lucie, un moment contrariés, sont de nouveau au beau fixe. Ça se gâte du côté de "L’Ouncle", il fallait s’y attendre. Mamété écoute toujours en boucle ses vieilles chansons. Les électeurs giscardiens battus s’inquiètent pour leur argent, après la victoire de Mitterrand : le danger socialo-communiste les guettent. Tout en s’intéressant à la vie marseillaise à l’époque de l’Occupation, Louka est approché par Roland Barbelasse, oncle politicien de Lucie, en vue des prochaines Législatives. Quand un meurtre est commis dans son immeuble, et que son studio est saccagé, Louka sait qu’il doit être prudent…

(Extrait) “Je n’avais qu’un seul but dans l’immédiat : fuir, ne pas me faire cravater. J’ai senti que le directeur sortait de l’agence derrière moi et allait tenter de me poursuivre. Ce gars n’avait ni la santé, ni la tenue pour espérer me rattraper. Il s’est contenté de hurler à l’adresse de deux flics en baguenaude en haut de la rue de Rome :

— Arrêtez-le, c’est un voleur !

L’ignare… J’ignore sur quelle planète il avait vu le jour. Certainement pas la phocéenne, parce qu’ici les condés n’arrêtaient jamais les voleurs ! Les deux flics ne l’ont même pas calculé, ils ont poursuivi leur chemin comme si de rien n’était. Tandis que le pauvre directeur s’égosillait sur les dérives d’une société française dont les représentants de l’ordre s’avéraient incapables de protéger les citoyens, j’ai traversé la rue de Rome en me faufilant dans une circulation dense…”

Ce roman entraînant de Maurice Gouiran possède une multitude de qualités. D’abord, par sa facette purement "polar", puisqu’il est question de banditisme, de chantage, et autres moyens illégaux de se procurer rapidement un maximum d’argent. Voilà trente-cinq ans, l’informatique balbutiante permettait des arnaques bien plus rentables que les braquages. Héritier de la truanderie paternelle, Louka teste ces méthodes nouvelles avec un certain succès. Ce qui n’exclut pas un meurtre, dans cette affaire. S’il veut mener à bien tout ce qu’il a en cours, le quotidien du jeune homme ne connaît pas de temps mort. Cela nous garantit un récit mouvementé, pour notre plus grand plaisir.

Une autre qualité essentielle, c’est le contexte. L’auteur évoque des épisodes méconnus ou oubliés du passé dans ses romans. Ici, l’Histoire de Marseille entre les années 1940 et 1980 apparaît en toile de fond. Les odieuses lettres de délation et le marché noir durant la guerre, les trahisons au sein des réseaux de Résistants, les compromis politicards qui sont de mise dans la cité phocéenne, la hautaine bourgeoisie financière qui ne vaut pas mieux que des petits commerçants magouilleurs, sans oublier les cadors du banditisme toujours aussi dangereux. Le portrait dressé par Maurice Gouiran n’a rien de démonstratif, ni de caricatural : la réputation malsaine de Marseille n’est pas un mythe, on le constate.

L’auteur nous invite à sourire : le pseudonyme utilisé par Louka pour son compte bancaire n’est pas anodin. L’atout ironique de cette intrigue réside dans la période choisie, en mai 1981. Ceux qui l’ont vécue se souviennent, aussi bien des espoirs suscités chez les uns par l’élection de François Mitterrand, que de la panique des autres face à une défaite qu’ils ne digéraient pas (devenus "l'opposition", ils se qualifiaient toujours "d'ex-majorité"). Si le personnage de Louka ne prend pas parti, par rapport aux nantis telle la famille de Lucie, il se sent quand même "de l’autre côté de la barrière sociale". Citons enfin l’évocation de la scandaleuse affaire Papon, rappelant aux Français la connivence scabreuse entre quelques grands notables politiques et le nazisme.

Avec “Le printemps des corbeaux”, le chevronné Maurice Gouiran nous présente un de ses meilleurs romans, un polar plein de péripéties et riche en rappels historiques.

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Une autre lecture du

Le Printemps Des Corbeaux

de
L A

L A

Mai 81. A Marseille Louka, la vingtaine vit essentiellement de combines. Précurseur avisé de la fraude informatique, il a mis au point une escroquerie qui lui rapporte gros… gros jusqu’au jour où il perd tous ses avoirs au cours d’une partie de poker, face à un truand qui ne goute guère l’humour. Sommé d’acquitter sa dette, il tombe de Charybde en Scylla lorsque sa carambouille est éventée…
Mais le sort lui sourit, un ami archiviste lui confie un carton contenant des documents datant des années quarante. Une véritable mine d’or que toutes ces lettres de dénonciation… et quarante ans plus tard, Louka recycle la délation, qu’il combine à la duplicité et la trahison, au nom de la morale, afin d’assurer sa fortune.

Avec ce « Printemps des corbeaux », Maurice Gouiran se penche sur l’une des périodes sombres de l’Histoire de France : l’occupation. Temps révolus de la collaboration, succinctement évoqués dans les manuels scolaires et que d’aucuns veulent gommer des mémoires au nom du récit national. Temps révolus où dénoncer son voisin aux autorités rapportait du cash. Epoque révolue où la délation pouvait assurer la fortune.

Et si la mémoire n’était pas seulement biodégradable, mais aussi était recyclable ? Alors, les aspects les plus abjects du passé nourriraient le présent avant d’enfanter le futur ?



Une autre lecture du

Le Printemps Des Corbeaux

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

Parution le 10 septembre 2016. 248 pages. 18,50€.

Le corbeau est le seul volatile qui se sert de ses plumes pour écrire...

Âgé de vingt ans, Louka, étudiant en informatique, a trouvé sa voie comme escroc. Il falsifie des bordereaux de dépôt de chèques bancaires, l'argent déposé étant transféré sur son compte. De plus ou moins grosses sommes, mais cela ne peut durer indéfiniment car il sait qu'un jour il sera découvert. Mais pour l'heure cela s'avère plus rentable que les petits boulots auxquels il s'adonne pour gagner son pain.

En ce mois de mai 1981, les élections présidentielles accaparent l'attention de tous sauf de celle de deux enquêteurs qui soupçonnent aussi bien le directeur de l'agence que les employés.

Louka vit à Marseille, chez sa grand-mère Mamété, et les hommes qui l'ont précédé ont tous connus des destins différents mais tragiques. Tous morts dans des conditions dramatiques. Son père, lors d'un braquage, son grand-père sous les bombardements américains au printemps 1944, son arrière grand-père pendant la guerre de 14/18. Tous dans la fleur de l'âge. Des destins contrariés auquel il espère bien ne pas être soumis.

Mai 1981. C'est le temps des révélations sur des personnes qui pensaient que leur passé peu glorieux avait été enfoui sous la poussière de l'histoire. C'était sans compter sur les fouineurs des journaux satiriques, et ainsi Louka découvre le passé houleux de Papon. L'homme devenu ministre du budget sous le gouvernement Barre traîne quelques casseroles derrière lui. Nommé Préfet de police par De Gaulle qui pourtant aurait dû se méfier, Papon s'était fait remarquer lors de la répression sanglante durant la manifestation du 17 octobre 1961 puis dans celle devenue célèbre et dite de Charonne en février 1962. Mais auparavant il avait été impliqué dans la déportation des juifs alors qu'il était secrétaire général de la préfecture à Bordeaux. Cette révélation publiée par le Canard Enchaîné entre les deux tours de la présidentielle de mai 1981 a peut-être influé sur le résultat. Peut-être.

Ce sont ces révélations qui donnent à réfléchir à Louka qui a décidé d'abandonner ses petites occupations de falsifications et de se tourner vers une autre entreprise qui pourrait se révéler plus rentable et moins risquée. Quoique. D'abord, suivant son Ouncle, qui ne fait pas partie de la famille mais fut un compagnon et un fidèle ami de son père, Louka participe à une partie de poker. L'apprentissage est relativement aisé, mais l'engrenage est vite pris, et les revers de fortune peuvent l'attendre aux détour des cartes. D'autant que l'Ouncle est en voyage à Paris et que son retour se fait attendre.

Ce n'est avec le poker que Louka espère se faire un matelas confortable de billets, mais avec une autre astuce qu'il met au point avec un employé qui travaille aux archives départementales. L'histoire de Papon lui a fournit une idée qu'il développe en cherchant ceux qui durant la guerre ont rédigé des lettres de délation et qu'il va faire chanter.

Délaissant pour un temps son personnage fétiche de journaliste enquêteur, Clovis Narigou, Maurice Gouiran nous décrit le parcours d'un petit escroc devenant maître-chanteur.

Louka n'est pas un personnage envers lequel le lecteur peut ressentir une certaine empathie. C'est un macho qui vit aux dépens de Mamété, chez qui il loge, et de ses petits trafics tout en fréquentant la Fac de Luminy. Il dort dans un petit studio aménagé au deuxième étage de la maison de Mamété, et pourvoit à ses besoins naturels charnels avec la voisine du dessous. Celle-ci trompe allègrement son mari peu soucieux de lui apporter le réconfort sexuel dont elle a besoin.

Mais Louka a aussi une petite amie, Lucie, dont les parents sont des bourgeois décadents. Ils ont profité de la fortune amassée par le grand-père de Lucie mais n'ont pas su fructifier l'héritage. La relation de leur fille avec Louka, issu du petit peuple ne plait guère mais heureusement Louka possède un allié en la personne du tonton de celle qu'il considère comme sa fiancée. L'homme est député, longtemps adjoint au maire, et pense à sa prochaine réélection aux législatives qui vont se dérouler après les présidentielles, mais il est du mauvais côté de la barrière électorale. Comme le précise Louka, qui narre son épopée, C'était un politique, donc un faux-cul.

Ce roman est le prétexte pour Maurice Gouiran de revenir sur deux périodes. Celle de 1981 avec le passage de témoin entre la Droite et la Gauche, rappelant certaines affaires qui avaient secoué non seulement le monde politique mais également l'opinion publique. L'affaire Papon ainsi que sur celle des diamants de Bokassa dans laquelle le président Giscard fut impliqué. C'est aussi l'occasion de revenir sur les dénonciations, les délations qui n'étaient pas anonymes, concernant les Juifs, et en règle générale les personnes qui déplaisaient à une population qui avait trouvé le moyen de se débarrasser de ceux leur faisaient de l'ombre, dont ils étaient jaloux ou simplement par discrimination religieuse.

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