La mort du scorpion de Maurice GOUIRAN


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MAURICE GOUIRAN

La Mort Du Scorpion


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Le lundi 6 Novembre 2012

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Maurice GOUIRAN




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Comme disait ma grand-mère, Paris ne s’est pas fait en un jour, mais le patchwork s’est détricoté en moins de temps…

Ma grand-mère parlait par énigmes, avec ses paraboles pleines de bon sens. Voulait-elle se référer à tous ces pays bricolés, frontiérisés de bric et de broc, au gré de belligérants imposant leur main mise de vainqueurs sur des territoires qu’ils annexaient, découpaient, se partageaient ? Sans tenir compte des frontières naturelles, des us et coutumes des autochtones, de leur langue, de leur religion. Une soi-disant réunification pacificatrice qui entraîna plus encore les indivisions, les ressentiments, les agressions, les vengeances, les révoltes. Prenez quelques exemples en Afrique ou en Europe Centrale.

 

Cela faisait bien six mois que Clovis, journaliste à la retraite, n’avait pas vu Emma. Pas le moindre début de signe de vie. Et voilà qu’elle déboule sans crier gare un 21 septembre chez lui à la Varune, et ce n’est pas pour ce que vous pensez. Emma est une policière marseillaise atypique, look gothique avec son pantalon moulant noir, ses cheveux noirs coupés courts et ses piercings en argent, sans oublier le reste qui ne se montre que dans l’intimité, et est consommatrice de chichon (pas la spécialité culinaire du Sud-ouest élaborée à base de canard ou de porc, mais l’herbe). Si elle déboule ainsi à l’improviste, ce n’est pas pour quémander un rattrapage de câlins, ce qui entre nous ne déplairait pas à Clovis, mais connaître l’avis de celui-ci sur le contenu d’un DVD.

Et pour être cochon, c’est cochon. Comme un cochon dont on brûlerait les soies avant de le découper en jambon. Sauf que l’animal est un homme attaché sur une chaise, sur lequel un individu déguisé en Fantômas appose des serviettes imbibées d’essence. Petite précision qui n’est pas superfétatoire, les bouts de tissu sont enflammés. Une séquence inoubliable, non pas à cause de l’esthétique de la réalisaion, mais des degrés de violence et de sadisme qui se dégagent de la scène tournée dans une sorte de cave sans qu’il y ait besoin de répétitions. En toile de fond, un drapeau qui ressemble à celui de la Serbie. Autre détail qui possède son importance, le cadavre défiguré a été retrouvé à moins d’un kilomètre de chez Clovis. Ce qui ne met nullement en cause notre sympathique héros, et amant occasionnel d’Emma, mais qui laisse supposer qu’il pourrait posséder des renseignements sur l’identité du défunt grillé.

Emma propose de conduire Clovis sur la plage où a été découvert ce qui pour le moment est un inconnu et lui montre quelques clichés pris par la Scientifique lors de la récupération du corps. Un détail vestimentaire accroche l’attention de Clovis, les espèces de rangers dont est chaussé le cadavre. Des godasses particulières, peu courantes ( !). Et Clovis ne connait qu’un seul homme à porter se genre de croquenots de luxe, Micha, qui vit à deux ou trois kilomètres des Pierres Tombées, au fort Caffagne.

Micha est le gardien du fort, homme toutes mains du nouveau propriétaire un oligarque Russe, monsieur Sacha qui a bâti sa fortune sur le trafic d’armes, aujourd’hui établi comme banquier, et qui pourrait bien posséder des accointances avec la mafia. Vit au château également JAD, alias Jean-Antoine Dieudonné, un peintre qui est en train de se forger une petite réputation. D’ailleurs il est tout content d’annoncer à Clovis et à Emma, Clovis s’étant bien préservé d’indiquer la profession de sa compagne, qu’un de ses tableaux vient d’être vendu à New-York pour la coquette somme de 100 000 dollars, alors que des œuvres de Bonnard, Derain et autres en étaient les vedettes. Une aubaine qui sent l’arnaque.

Tandis qu’Emma, qui reçoit des messages du tueur, enquête, Clovis se renseigne auprès de ses informateurs habituels, un journaliste et un policier, et ce qu’il découvre l’interloque. Micha, dont l’origine géographique n’est pas encore déterminée, est lui aussi peintre et faussaire. Il a même durant un certain temps aidé à la fabrication de faux billets. Le rôle de monsieur Sacha est à définir aussi de même que celui joué par une comtesse hongroise, Zoltana Bathory, qui tient une galerie d’art à Paris et fournit les salles de vente telles Christie’s et Sotheby’s en tableaux signés Derain, Bonnard, Manet, et autres artistes plus prestigieux les uns que les autres. Quant à JAD, Dieudonné n’est qu’un nom d’emprunt, qui ose son nom certes, mais en réalité il est le fils d’un parrain du grand banditisme marseillais.

Mais si tout cela ne restait que dans le domaine de la peinture. Car des sbires qui se prennent pour des rapins s’incrustent dans le tableau et s’évertuent à éclabousser les environs de taches de sang avec des armes qui servent de pinceaux traçant une ligne sanglante vers l’ex-Yougoslavie.

 

Il n’est pas toujours facile de connaître, de comprendre, d’analyser des événements qui se déroulent à des centaines, voire des milliers de kilomètres de chez nous, dans une région, un pays, qui ne nous concernent en rien sauf pour quelques journées de tourisme encadré.

Des situations tout à coup explosives dont on ne perçoit les échos qu’au travers de commentaires de reporters journalistes, d’experts en politique internationale confortablement installés dans leurs bureaux germanopratins. Les noms et les motivations des belligérants se mélangent et ce ne sont que de longues années plus tard que tout se décante ou presque. Il faut la patience et l’impartialité de romanciers historiques pour essayer de tout remettre en ordre, d’expliquer, sans esprit partisan les fondements des affrontements fratricides. Maurice Gouiran est l’un de ceux qui tentent de montrer les événements passés sous leur véritable jour, et tel un lapidaire il s’échine à briser la gangue des secrets de l’Histoire et des informations contradictoires pour en extraire le diamant pur de la vérité.

 

Nos gouvernants qui se glorifient d’aider à renverser des dictateurs qu’ils ont eux-mêmes mis en place et auxquels ils ont ciré les pompes de manière indécente.

 

Je déguste ma pizza et mes supions lentement, sans perdre du regard l’admirable fraternité qui règne entre nos garants de l’ordre et le grand banditisme. Quand je pense que certains osent avancer que notre monde manque de solidarité !

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Une autre lecture du

La Mort Du Scorpion

de
L A

L A

Maurice Gouiran construit l’intrigue de ce polar, où évolue son personnage récurent, toujours aussi frivole que passablement machiste, autour d’une vidéo montrant une unité de Scorpions (miliciens serbes) humiliant et tuant lentement six jeunes Bosniaques, dont l'un n'est âgé que de seize ans (1).
Maurice Gouiran écrit certes des polars, des polars brillants et captivants, mais ne semble préoccupé que par l’affirmation de Gabriel Celaya :
« La Poésie est Une Arme chargée de Futur »
Précepte qu’il traduit par « le polar est un antidote à l’amnésie ». Et dans le cas d’espèce, à l’amnésie antérograde, celle qui conduit les hommes à oublier des faits récents alors que le souvenir des faits anciens est conservé.
« — Le massacre ethnique de Srebrenica s'est déroulé dans l’indifférence quasi générale. En cette fin de XXe siècle, les juifs pleuraient toujours les morts de la Shoah, les Arméniens les victimes des Jeunes-Turcs, on focalisait les projecteurs sur des événements qui s'étaient déroulés cinquante ans et quatre-vingts ans auparavant, on défilait sous les portraits des martyrs des génocides passés en hurlant « Plus jamais ça ! », mais on n'entendait pas les appels au secours de ceux qui succombaient quelques centaines de kilomètres de là, dans cette belle Europe civilisée et donneuse de leçons. Nous mourions comme étaient morts les parents des uns et les grands-parents des autres. Dans l'indifférence.”

Et à la lecture de ce qui reste un polar, on ne peut que repenser à la vision du « Je vous salue Sarajevo » qui ne reste qu’un court métrage de Jean Luc Godard, porté par sa voix off disant, sur une musique d’Arvo Pärt :

« En un sens voyez-vous, la peur est tout de même la fille de Dieu… rachetée la nuit du Vendredi Saint. Elle n’est pas belle à voir, non, tantôt raillée, tantôt maudite, renoncé par tous et cependant, ne vous y trompez pas, elle est au chevet de chaque agonie, elle intercède pour l’homme, car il y a la règle et il y a l’exception, il y a la culture qui est de la règle, il y a l’exception qui est de l’art.
Tous disent la règle : cigarette, ordinateur, télévision tourisme, guerre.
Personne ne dit l’exception.
Cela ne se dit pas, cela s’écrit : Flaubert, Dostoïevski.
Cela se compose : Gershwin, Mozart
Cela se peint : Cézanne, Vermeer
Cela s'enregistre : Antonioni, Vigo
Ou cela se vit et c’est alors l’art de vivre : Srebrenitsa, Mostar, Sarajevo
Il est de la règle que vouloir la mort de l’exception, il sera donc de la règle de l'Europe de la Culture d’organiser la mort de l’art de vivre qui fleuri encore à nos pieds
Quand il faudra fermer le livre, ce sera sans regretter rien
J'ai vu tant de gens si mal vivre et tant de gens mourir si bien ».


En d’autres termes, Maurice Gouiran nous donne à lire ce que JLG nous donnait à voir et à entendre.


1- Ce film amateur, tourné par un membre de cette milice, a été dévoilé par le TPIY (Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie) en 2005 lors du procès de Slobodan Milosevic, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.



Une autre lecture du

La Mort Du Scorpion

de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER

 

Ancien grand reporter, Clovis Narigou s'est retiré dans ses paisibles collines de La Varune, non loin de Marseille. Pourtant, certains crimes le replongent dans la sombre réalité. Son amante Emma Govgaline, policière marseillaise à l'allure assez androgyne, lui soumet une nouvelle affaire pour laquelle elle a besoin d'un sérieux coup de main. Un cadavre calciné a été découvert sur la plage, dans la calanque des Pierres Tombées. Le coupable, aux airs de Fantomas, a adressé une vidéo à la police, montrant les tortures infligées à la victime. Clovis y remarque un drapeau pouvant rappeler celui de la Serbie. Le lieu où l'on a trouvé le corps n'est pas loin du Fort Caffagne, devenu propriété privée après que l'Armée l'ait vendu. Clovis connaît ceux qui y vivent, l'artiste-peintre JAD et l'employé russe Micha.

À l'Argus des peintres, Jean-Antoine Dieudonné (dit JAD) possède maintenant une certaine cote. Une de ses toiles vient d'être vendue fort cher à New York. Dans un lot comprenant surtout quatre tableaux de Derain, il est vrai. Propriétaire d'une galerie d'art parisienne, la comtesse hongroise Zoltána Báthory serait une descendante d'Erzsébet Báthory, célèbre figure historique du crime. Son habileté pour présenter dans les salles d'enchères réputées des tableaux rares, certifiés par leurs propriétaires, en fait une reine de ce négoce. Le cas de JAD est différent, toutefois. Le Fort Caffagne où il vit et peint appartient à M.Sacha, un homme d'affaires russe qui trempe dans bon nombre de malversations. On suppose que c'est M.Sacha qui achète discrètement les tableaux de JAD pour faire monter sa cote.

Absent du Fort Caffagne, Micha séjournerait en ce moment à Moscou. Un galeriste cannois aristocratique révèle à Clovis que ce Micha n'est pas Russe, mais Serbe. C'est un artiste et non un simple employé. On pense qu'au temps de la guerre en ex-Yougoslavie, ce copiste de tableaux très doué aurait produit de la fausse monnaie, pour la cause Serbe. Comme le pensait Clovis, il n'y a bientôt plus de doute sur l'identité du cadavre immolé. JAD étant le fils du défunt Nando Fratigacci, truand ayant eu son heure de gloire et premier acheteur du Fort Caffagne, Clovis s'interroge aussi à ce sujet. Tandis que ses amours avec Emma sont au beau fixe, il se renseigne sur les faussaires actuels, héritiers de Fernand Legros. C'est probablement du côté de l'ex-milice serbe au service de Miloševiæ, les Scorpions, que Clovis trouverait la meilleure piste…

Maurice Gouiran est un des rares auteurs capables réussir l'amalgame entre le roman d'aventure riche en péripéties et l'enquête historique précise, sans négliger la vie privée de son héros. Le dosage harmonieux n'a pourtant rien de si facile, surtout quand sont évoqués des épisodes cruels d'un passé encore proche. L'explosion de la Yougoslavie du maréchal Tito a entraîné pendant une dizaine d'années un imbroglio guerrier destructeur. Le nationalisme exacerbé, avec son prétexte religieux, a brouillé les cartes. Bosniaques, Slovènes, Kosovars, Croates et Serbes, se sont entre-tués sous le regard autoritaire et cynique de généraux autoproclamés.

Les Balkans ont longtemps été laminés par les guerres. Comment penser que, même si le TPI de La Haye a jugé aussi correctement que possible les responsables, les rancœurs soient éteintes ? Les pays de l'est de l'Europe ont eux, dès la chute du Mur de Berlin, développé la corruption et tous les trafics possibles. Mafia russe, une formule commode pour masquer des méthodes criminelles. Dans cette histoire, qui ne se borne pas au décor marseillais, se mêlent le bizness de ces Slaves et les suites du conflit en Yougoslavie. Sale guêpier pour Clovis, car il n'est jamais aisé d'éclaircir des cas aussi complexes. Voilà un suspense de très belle qualité.

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