La demeure éternelle de William GAY


La Demeure éternelle GAY186

WILLIAM GAY

La Demeure éternelle


Aux éditions SEUIL


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Le jeudi 21 Decembre 2012

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William GAY




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Mormon Springs est un vallon rural dans le Tennessee. En cette fin d’été 1943, on y trouve juste quelques maisons. Celle de Mme Winer et de son fils Nathan, dix-sept ans. Voilà dix ans que M.Winer, artisan local, a déserté leur domicile. Selon son épouse, il les a quittés, mais sa disparition a une autre cause. Ces temps-ci, Nathan est employé par M.Weiss, éleveur de volailles qui se flatte souvent d’avoir connu un passé glorieux. Pas loin de chez les Winer, il y a la maison de William Tell Oliver, vieux bonhomme qui finit là paisiblement une vie assez sombre, non sans observer le voisinage. En face de chez lui, c’est la propriété d’Hovington et de son épouse Pearl. En réalité, le véritable maître des lieux est désormais Dallas Hardin. Le pauvre Hovington étant souffrant, Hardin a transformé la maison en tripot, cabaret ou bordel, propice à tous les trafics et autres méfaits. Pearl et sa fille Amber Rose sont, en quelque sorte, à son service.

Dans la contrée, le trop débonnaire shérif Bellwether ne fait guère régner la loi. Si Hardin risque des ennuis, l’adjoint corrompu du shérif ne tarde jamais à l’avertir. On ne le poursuivra pas pour ses ventes illicites d’alcool, ni pour l’incendie dont a été victime la veuve Bledsoe, ni pour le vol d’un cheval appartenant à Blalock. L’époque où les “cagoules blanches” imposaient une violente justice expéditive est quasi-terminée. Un commando tentera bien d’attaquer la maison d’Hardin, mais ce sera un échec. Le jeune Winer reste ami avec Clifford Hodges, qu’on surnomme Grande-Gueule. Un bon à rien, vivant plutôt de rapines que de travail, traînant sur les routes du coin dans sa bagnole, qui a des ennuis avec sa femme. Au décès de Mme Weiss, son mari abandonne l’élevage de poulets, laissant Nathan Winer sans emploi. Il est préférable que le jeune homme aille cueillir des herbes dans les collines avec M.Oliver, au lieu de fréquenter Grande-Gueule Hodges.

Hardin engage Winer pour construire un nouveau bâtiment, près de la maison. Un chantier bien payé, dont le jeune homme va devoir finalement se charger seul. Un canif ayant appartenu à son père, une ancienne installation à alambic, pourraient lui donner des indices sur la disparition de M.Winer, dix ans plus tôt. Pourtant, c’est certainement M.Olivier qui possède la principale preuve. Sa mère s’étant amourachée d’un soi-disant voyageur de commerce qui les endette, la rupture est inévitable entre Nathan et Mme Winer. Le jeune homme renoue avec son copain “Bille-de-pied” Chessor, tandis que Hodges continue ses vagabondages incertains, allant jusqu’à agresser son ex-femme. Le jeu de séduction qui s’est amorcé entre Winer et Amber Rose se transforme en relation intime. Maître de la situation et se son entourage, Hardin parait encore l’être. Pour combien de temps ?…

Le thème n’est pas neuf, puisqu’il s’agit d’une chronique de l’Amérique profonde, ici dans les années 1940. Pourtant, ce roman s’avère fascinant si l’on ajuste notre lecture à son rythme. Probablement parce que tout n’est pas “donné au lecteur”. Le contexte et les décors sont clairement esquissés, mais laissent jouer notre imagination. Les dialogues sans tirets ni guillemets obligent à mieux “écouter”, à suivre de près les échanges. La profondeur des personnages se mérite, car elle se précise en cours de récit. C’est seulement page 120 qu’on nous dit : “Hardin vivait dans un monde qu’il manipulait au jour le jour, on ne savait jamais à quel moment un renseignement pourrait se révéler utile. La vie était un puzzle qu’un inconnu avait dispersé d’un coup de pied le jour de sa naissance, et il n’avait pas fini de le reconstituer, une pièce à la fois, la tournant entre ses doigts pour voir où elle s’imbriquait avec le reste.”

Bien sûr, on peut y voir une énième parabole du Bien contre le Mal, celui-ci étant incarné par le cynique Hardin. Néanmoins, ceux qui vont l’affronter ne sont pas de doux agneaux. William Tell Oliver est un vieil homme encore plein de ressources, moins blasé qu’il y parait. Le jeune Winer n’est pas si candide, si naïf. Il y a de la rudesse et du bon sens en lui, une capacité de décider ce qu’il est nécessaire de faire ou non. Il a plus de maturité que son ami Hodges qui, lui, exprime toute la dérision d’une vie de médiocre, coutumier des choix perdants.

Nous ne sommes pas dans un roman noir criminel, où la violence serait féroce, spectaculaire, omniprésente. Toutes les nuances de l’histoire, il faut prendre le temps de les savourer, oui. C’est ce qui crée cette ambiance psychologique pleine de justesse, avec des gens ordinaires dans le quotidien de cette année-là (celle où naquit l’auteur). “La demeure éternelle” fut le premier roman écrit par William Gay, décédé en février 2012. Traduit en France avant celui-ci, son troisième titre (“La mort au crépuscule”) a été récompensé par le Grand prix de Littérature policière 2010. Aucun doute, William Gay avait l’étoffe d’un grand romancier.

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