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Tim GAUTREAUX




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

L'arbre qui cache la forêt...

Depuis qu'il est rentré d'Europe où il a participé à la guerre, d'abord comme consultant dès 1914 pour le gouvernement américain puis comme combattant en 1917, Byron Aldridge n'est plus le même. Il a préféré vadrouiller comme policier dans différents états du Sud avant de s'installer en Louisiane au lieu de rentrer chez lui à Pittsburg et retrouver sa famille, son père gros industriel dans le bois, et son jeune frère Randolph. Il travaille depuis quelques années à la scierie Nimbus, une exploitation forestière sise non loin de Poachum, comme agent de sécurité.

C'est là qu'un jour un agent d'Aldridge père, prospectant l'achat de scieries, le retrouve et en informe son patron qui aussitôt achète l'exploitation qui n'est plus gérée que par le directeur adjoint. Randolph est dépêché sur place et le voilà promu nouveau directeur. Il est à même de se rendre compte que son frère Byron est mentalement atteint par son passé de combattant dans la Meuse. Il ingurgite trop de whisky, écoute des ballades, principalement irlandaises, sur son phonographe Victrola et surtout se montre violent envers les employés qui eux-mêmes n'hésitent pas à sortir rasoirs et autres armes. Byron est marié avec Ella qui ne dédaigne pas le whisky elle non plus.

Le nouveau directeur de la scierie a du mal à canaliser les pulsions de ses bucherons, scieurs, mécaniciens, vivant en plus ou moins bonne intelligence. Ils dorment dans des baraquements, blancs et noirs séparément, et pour la plupart sont célibataires. Ils se regroupent le soir dans un saloon tenu par Galleri, boivent, perdent leur argent dans les machines à sous, au poker ou autres occupations propres à échauffer les esprits, les prostituées par exemple, professionnelles ou débutantes, fournies par un truand sicilien installé dans la région.

Randolph possède une gouvernante, May, jeune et jolie jeune veuve, une métisse dont la couleur de peau la fait passer pour une blanche, et qui n'a qu'un souhait avoir un enfant d'un blanc. Il écrit de longues lettres à son père afin de l'informer des travaux, et à sa femme Lillian qui s'ennuie et est restée à Pittsburg. Ils n'ont pas encore d'enfants, malgré leurs essais et cela la désole.

Les bagarres sont trop répétitives et les blessés et les morts qui en résultent handicapent la bonne marche de l'entreprise. Un donneur de cartes, Vicente, est accusé de tricherie, ce qui déclenchent bagarres en chaine, et les deux frères décident de fermer le saloon le dimanche, au grand désespoir de Galleri. Il n'est pas le propriétaire, et n'est qu'un homme de main, comme Vicente, de Buzetti, un mafieux qui sévit avec sa bande dans la région. Or Buzetti veut garder la main mise sur son univers du jeu, de l'alcool et de la prostitution et entre lui et les frères Aldridge débute une guerre larvée. Les incidents se multiplient. Les dents d'une scie circulaire débitant les tronçons de grumes de cyprès, la richesse de la région, en planches, bardeaux et autres pièces de bois prêtes à être expédiées par bateaux à aubes, les dents de cette scie sont cassées et propulsées occasionnant de nombreux dégâts parmi les ouvriers présents. Un acte délibéré car une tige de métal avait été fichée dans le tronc, et enfoncée afin qu'au premier regard nul ne s'aperçoive de ce sabotage. D'autres méfaits sont à mettre au compte de Buzetti et de ses hommes. Le Sicilien en personne accompagné de quatre séides vient provoquer les frères Adridge mais il est accueilli à sa descente de train par Randolph et quelques-uns de ses employés armés. L'affrontement tourne court mais il promet de ne pas en rester là et sa promesse sera tenue.

Lillian s'ennuie et elle décide de rejoindre Randolph, d'abord en étant hébergée à Tiger Island (devenue aujourd'hui Morgan City) puis directement à la scierie. Randolph est inquiet pour elle, mais sous des dehors fragiles, c'est une femme de tête. Et elle a des idées. D'abord faire construire une école car quelques enfants vivent sur l'exploitation et elle ne veut pas qu'ils soient des laissés pour compte, puis une église, ce qui occupera les résidents le dimanche.

Une chronique de la vie en communauté au début des années 1920 en Louisiane, dans la moiteur, la touffeur, l'humidité, la boue, les marécages, les incidents, les bagarres, les jalousies, l'alcool, les serpents, les redoutables mocassins d'eau, et les alligators... Deux mondes qui s'affrontent, entre Randolph, qui n'a jamais connu autre chose que la cellule familiale et la dépendance au père, et celui de Byron qui eut à souffrir, physiquement, mentalement, psychiquement de la guerre et dont il garde encore les stigmates. C'est le premier mort qui coûte. Et Byron perdu dans ses souvenirs lancinants, a toujours devant les yeux les scènes d'horreur des tranchées, déclarant, avec juste raison :

Je ne comprendrai jamais pourquoi le gouvernement des Etats-Unis m'a donné carte blanche pour loger des balles de calibre .30 dans des gamins allemands patriotes, alors que la loi, ou les destins ne me laissent pas pourchasser et expédier en enfer un cyclope tueur d'enfant qui brandit des serpents.

Pour comprendre la seconde partie de cette diatribe, il vaut mieux lire l'ouvrage car il serait indécent de ma part de l'expliquer au risque de trop en dévoiler.

Tim Gautreaux ne s'attarde pas sur la description de la flore locale, préférant s'attacher à l'ambiance, à l'atmosphère des relations tendues entre ouvriers et des conflits qui naissent pour un rien, entre les mafieux siciliens dirigés par Buzetti et les frères Aldridge, ou encore dans les changements progressifs dans leurs pensées et leurs actes.

Un roman âpre, rude, sensible, touchant, émouvant, violent, avec des personnages qui traversent l'époque avec leurs défauts et parfois leurs qualités, tout en se posant des questions sur le bien fondé de leurs actes et de leurs responsabilités.

Tim Gautreaux entre dans le cercle des écrivains américains du Sud dont actuellement Ron Rash est devenu actuellement le chef de file incontestable, mais que l'on pourrait rapprocher de quelques romanciers français qui décrivirent la rudesse de leur région, les conditions de vie et de travail, le difficile retour à la vie civile. Je pense notamment à Jean-Pierre Chabrol avec Le Crève-Cévennes notamment ou encore à Charles Exbrayat pour quelques romans non policiers comme Jules Matrat, Un matin, elle s'en alla, Ceux de la forêt.

Et au moins j'aurai appris qu'un constable qui est un policier ou un officier de police n'exerçant qu'en Grande Bretagne ou au Canada pouvait aussi exister aux USA dans les années 1920.

Né à Morgan City en 1947 Tim Gautreaux décrit une région, sa région, qu'il connait bien.

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