tu ne te souviendras pas de Sebastian FITZEK


Tu Ne Te Souviendras Pas FITZEK83

SEBASTIAN FITZEK

Tu Ne Te Souviendras Pas


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Le mercredi 8 Decembre 2010

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Sebastian FITZEK




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

 (Das Kind – 2009) traduit de l’allemand par Jean-Marie Argelès

Avocat berlinois de renom, Robert Stern est depuis dix ans plongé dans un traumatisme dont il ne peut, ne veut, s’échapper. Son fils Felix est décédé vingt huit heures après sa naissance, et sa femme a préféré le quitter et fonder une nouvelle famille avec un nouveau mari et des jumelles à la clé. Si sa réputation n’en a pas eu à pâtir, il mène en dehors de sa profession une vie spartiate. Et c’est dans ce contexte déprimant qu’une de ses anciennes maîtresses, Carina, lui donne rendez-vous dans une friche industrielle. Infirmière de profession, elle arrive accompagnée de Simon, un gamin de dix ans atteint d’une tumeur au cerveau et qu’elle soigne dans un service de neurologie. L’enfant déclare avoir tué quinze ans auparavant un homme à coups de hache. Malgré cette impossibilité matérielle, se fiant à une sorte de réincarnation, Stern et compagnie visitent les caves de l’entreprise en décrépitude et trouvent effectivement le cadavre d’un homme dont le crâne a été défoncé avec une hache. Mais leur surprise ne s’arrête pas là car Simon affirme avoir d’autres meurtres à son actif. Sept au total, échelonnés sur plusieurs années. Le commissaire Engler, auquel les autorités ont adjoint une sorte de profileur du nom de Brandmann, est chargé de cette enquête qui va bientôt révéler que le défunt n’est autre qu’un repris de justice recherché depuis des années.

Stern, qui vit en spartiate, se contente de regarder des DVD loués, principalement des documentaires animaliers, car il ne veut visionner aucun film parlant d’amour, d’enfant, et autres sujets traumatisants lui rappelant une période pénible de sa vie. Or ce soir là, la vidéo glissée dans sa boîte aux lettres n‘est pas celle escomptée. Il s’en rend compte dès les premières images. Malgré sa répulsion, il est fasciné et horrifié par ce petit film d’amateur qui montre Felix dans un petit lit d’hôpital, juste après sa naissance, avec cette marque reconnaissable, une tache sur le haut de l’épaule représentant une botte. Il assiste à la mort de l’enfant, puis une nouvelle séquence montre le bébé vivant, deux mains procédant à un échange d’enfant. Dernière séquence, un enfant d’une dizaine d’années jouant et possédant cette même tache de naissance, qui pourrait être Felix. Stern pense devenir fou tout autant par cette vision que par la voix désincarnée qui s’adresse à lui. L’homme veut qu’il retrouve celui qui a assassiné par plusieurs fois, sinon les jumelles de son ex-femme pourraient subir un sort funeste. En compagnie de Carina, de Simon et de Borchert, un ancien client producteur réalisateur de films pour adultes accusé de viol et devenu un ami, Stern va enquêter, souvent à ses risques et périls. Il n’a que quatre jours pour mener cette mission à bien, avec toujours cette menace qui plane sur lui, comme si ces faits et gestes étaient surveillés.

« Quand, quelques heures plus tôt, Robert Stern avait accepté cette rencontre insolite, il ignorait qu’il avait pris rendez-vous avec la mort ». Dès les premières phrases le lecteur est averti. Il va se trouver englué dans une histoire étouffante, énervante, crispante, captivante, envoutante, obsessionnelle, oscillant entre horreur, terreur, machiavélisme, et où toutes les indications, même les plus elliptiques, ne sont pas placées pour rien. La présence quasi permanente de Simon, atteint d’une tumeur cérébrale, n’est pas étrangère à cette impression de fascination presque morbide ressentie en lisant cette histoire. Le lecteur pourra s’étonner que des coïncidences se greffent trop bien dans l’intrigue, mais tout sera expliqué en épilogue, ou presque. La marque de fabrique Fitzek imprègne ce roman qui ressemble à ces deux précédents romans traduits en France (Ne les crois pas et Thérapie), et qui pourtant est totalement différente. Le fantastique pourrait prendre le pas, mais il est occulté même si le lecteur croit voyager dans l’invraisemblable.
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