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GUILLAUME FORTIN |
Faux SemblantsAux éditions DU POLARVisitez leur site |
2029Lectures depuisLe lundi 14 Decembre 2009
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Une lecture de |
Marseille, aujourd’hui. Policiers à la brigade criminelle, le jeune commissaire Lébovitch et son adjoint le commandant Marquez enquêtent sur un meurtre dans les milieux homosexuels. Le client d’un prostitué travesti a été assommé et mutilé post-mortem dans une miteuse chambre d’hôtel du quartier de l’Opéra. Contrairement à Marquez, qui affiche ses préjugés méprisants, Lébovitch ne croit pas à un banal règlement de comptes. On se serait plutôt attaqué à un prostitué, et non à un client. Galinette, un travesti qui accepte de jouer les intermédiaires entre prostitués et policiers, témoigne du sentiment de peur que tous ressentent depuis le crime. Imaginant un tueur psychopathe, Lébovitch tente de se renseigner auprès des psys locaux, qui invoquent tous le secret médical. Tous, sauf la psychiatre sexologue Marie-Claire Savy. Un de ses patients en analyse, Benjamin Reynaud, est un prostitué travesti. Depuis son jeune âge, son parcours personnel est éloquent. La mort de son père violent, la disparition de son jumeau, une adolescence chaotique, autant d’éléments l’ayant amené à s’enfoncer dans des situations de plus en plus perverses. Il évoque une sorte de dédoublement de la personnalité, idée confuse qu’il ne sait décrypter. Marie-Claire Savy accepte de collaborer tant soit peu avec Lébovitch, même si Benjamin n’est pas plus suspect qu’un autre. Marquez et ses collègues surveillent les travestis de la rue Curiol. Ce qui n’empêche pas que se produise un deuxième meurtre, similaire au premier. Interrogé à l’Évêché, le veilleur de nuit arabe de l’hôtel Horizon prétend ne rien savoir. Les clients des travestis sont listés, mais le juge d’instruction recommande de la prudence. Alors que Lébovitch et la psychiatre deviennent amants, Marquez prend goût aux fellations prodiguées par Galinette. Il s’excite en jouant les voyeurs, matant en secret Benjamin avec un client. Ce n’est pas du côté de l’hôtel Horizon, fermé pour changement de direction, que Lébovitch obtiendra une piste. Un troisième meurtre est commis à l’heure où Marquez aurait dû être en surveillance. Occupé avec Galinette, il doit fausser son rapport. Quand Lébovitch fait le bilan des interrogatoires de prostitués, pas grand-chose n’en sort. Marquez surveille plus sérieusement Benjamin. Celui-ci est embarqué par un type en BMW, jusqu’à une propriété où se déroule une partouze homo sado-maso. Avant que Marquez ne puisse intervenir, un client de Benjamin est assassiné. Blessé, le prostitué est hospitalisé, sous protection policière. L’organisateur de la soirée, dont le père serait influent, apparaît comme le meilleur suspect… Ce n’est pas en usant d’un langage mesuré, d’images édulcorées, que l’on peut transcrire l’univers de la prostitution masculine. Guillaume Fortin ne fait pas dans l’allusif, l’esquissé. Il se veut direct et percutant, tant dans les actes que dans les dialogues. Les pratiques en question engendrent une évidente violence, des rapports basés sur une domination. Aucun “épanouissement sexuel”, ni “équilibre psychologique”, dans ces milieux malsains. L’auteur suggère une clientèle venue de milieux aisés; il aurait pu se montrer encore plus incisif à ce sujet. Si Lébovitch est l’enquêteur en titre, le policier Marquez apparaît comme le personnage fort de cette histoire. D’un côté, c’est un flic pro et dur; de l’autre, son rôle est plus trouble. Un noir suspense à l’ambiance glauque, où personne n’est réellement innocent, ce qui rend ce roman d’autant plus convaincant. Âmes sensibles s’abstenir, on l’aura compris. |