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FABIENNE FERRERE |
Car Voici Que Le Jour VientAux éditions DENOELVisitez leur site |
804Lectures depuisLe dimanche 8 Novembre 2009
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Une lecture de |
1595, sous le règne d’Henri IV. Âgé de 23 ans, le chevau-léger Gilles Bayonne vit à Paris avec sa famille. De retour d’une mission qui l’a profondément marqué, il n’est pas pressé de répondre à la convocation du chancelier Cheverny. Celui-ci envoie quatre de ses sbires le rosser, pour rappeler à Gilles Bayonne qu’il lui doit obéissance. Cheverny le charge d’enquêter dans le quartier de la Grande Boucherie. Des vols chez des notables y ont été commis et, surtout, le curé Vuillard a été assassiné de façon horrible. Enfermé dans un tonneau, il a été tué par d’énormes rats. Le jeune Pique-Lune, 12 ans, déjà formé à toutes les ruses et autres rapines, va accompagner Gilles Bayonne. Le quartier dans la juridiction des commissaires du Châtelet, que le chevau-léger évite de trop vite rencontrer. S’installant dans une auberge, il commence à interroger la population. Le bedeau Romain Mesnil n’est guère honnête, mais il est fier de ses pratiques, puisqu’il s’agit de nourrir sa famille. Le curé Vuillard avait changé depuis un certain temps, transformant son presbytère en forteresse. Il avait engagé comme guetteur de nuit le nommé Gerbault, un paria logeant sur l’Île aux Vaches. Dans la Bible du prêtre, Gilles Bayonne note qu’un passage ayant trait à la colère divine a été souvent lu par Vuillard. Le chevau-léger assiste en cachette au conseil paroissial, observant les chicaneries entre ces dignes habitants de la Grande Boucherie. Après avoir interrogé le peu loquace Gerbault, qui confirme que Vuillard vivait dans la peur, Gilles Bayonne contacte les commissaires du Châtelet. Si trois d’entre eux lui sont sournoisement hostiles, il peut accorder sa confiance à Lhorme, commissaire plus coopératif. De son côté, Pique-Lune enquête sur les cambriolages. Ils ont été commis par un voleur astucieux ou fort bien renseigné. Gilles Bayonne s’interroge sur la provenance des énormes rats qui tuèrent le curé. Une autre victime vient d’être, lui, tué par des vipères. Le nommé Rivière était régisseur à l’hospice d’orphelins des Enfants-Rouges. Chez lui, le chevau-léger trouve cinq pièces d’une monnaie inconnue. Le bedeau Mesnil ne tarde pas à avouer qu’il en vola cinq identiques au presbytère. Autre indice, la corde qui ligotait les victimes est nouée d’une étrange façon. L’enquêteur n’apprendra que tardivement qu’il s’agit d’un nœud pratiqué à la chiourme, aux galères. Il ignore être observé par “Le Goupil”, qui fut quinze ans plus tôt chef d’un groupe de malandrins. Gilles Bayonne risque de figurer aussi au nombre des victimes, quand on veut l’empoisonner. Mais il va au bout de sa mission, faisant avouer au Goupil des crimes passés… Le titre suggère évidemment une affaire de vengeance, frappant “tous ceux qui ont fait le mal”. Dans cette deuxième aventure (après “Un chien du Diable”), Gilles Bayonne doit donc comprendre les motifs de cette série de meurtres, avant d’identifier le cruel justicier. Bien entendu, c’est le contexte qui prime dans ce roman historique. Fabienne Ferrère reconstitue avec précision la vie quotidienne de l’époque. Dans un Paris plutôt sale et peu sûr, plusieurs villages devenus quartiers forment une agglomération. L’auteur dresse le portrait de personnages typiques, artisans ou commerçants, et autres pauvres bougres grappillant leur survie dans cette Vallée de Misère. Outre le chevau-léger à l’esprit tourmenté, on aime le débrouillard Pique-Lune, sorte de Gavroche éduqué à la Cour des Miracles. Ils évoluent dans un monde dur et brutal, sombre et sanglant, où la Justice n’a pas encore gagné une vraie place. Quand plane un mystère, difficile dans ces conditions de savoir à qui se fier. Ce suspense documenté est très agréable, grâce à la description cette lointaine période. |