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JEAN FAILLER |
Ça Ne S’est Pas Passé Comme çaAux éditions DU PALEMONVisitez leur site |
947Lectures depuisLe lundi 13 Aout 2018
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Une lecture de |
Collection Mary Lester N° 48 et 49. Parution le 20 avril 2018. Tome 1 : 288 pages. Tome 2 : 304 pages. 10,00€ chaque volume. ISBN : 978-2372605212 On ne mène pas Mary Lester en bateau comme ça !
En ce 2 novembre, ce n’est pour aller faire du tourisme que le commandant Mary Lester s’est rendu à Roscoff, afin de prodiguer ses conseils à un ami, maire d’une petite localité proche de la cité portuaire. Mais c’est avec le maire de Roscoff qu’elle déjeune, son ami étant indisponible. Elle est accompagnée naturellement du capitaine Fortin, Jipi pour les intimes dont elle fait partie, qui lui sert de chauffeur, mais se sustente copieusement à une autre table. Le maire de Roscoff a des ennuis avec des dockers et comme les municipales approchent il aimerait que son mandat soit renouvelé une troisième fois. Mais il a un sérieux concurrent en la personne d’un Parisien, avocat fiscaliste. Mary assiste sur le parking du port à une scène peu banale. Deux gros tracteurs urbains, des 4X4, bloquent une petite voiture anglaise, genre pot de yaourt, empêchant sa propriétaire de se dégager de son emplacement. Les dockers sont assis à la terrasse du café, non loin de Fortin, et sont extrêmement réjouis par la tournure de l’affaire. D’autant que la propriétaire du véhicule vient se plaindre auprès du maire. La gendarmerie de Roscoff est alertée mais les pandores ne veulent pas se mêler de ce qui ne les regarde pas, arguant du fait que la brave sexagénaire n’avait pas à se garer à un endroit qui était privé. Alors Mary demande, par téléphone, à Fortin d’amuser les dockers en leur offrant à boire, les tournées s’enchaînant, puis elle demande à Dieumadi, un gendarme de Saint-Pol-de-Léon, de venir constater l’état d’ébriété des dockers lorsqu’ils vont reprendre leurs véhicules. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mary filme la scène entre les contrevenants et les gendarmes sous les ordres de Dieumadi puis elle raccompagne madame Chapelain chez elle. Madame Chapelain est une bourgeoise hautaine, préférant vivre à Paris plutôt qu’à Roscoff, et elle se montre désagréable envers le petit personnel. La photo d’un yacht magnifique attire l’attention de Mary, mais madame Chapelain n’a cure de ce bateau qui appartient à son mari. Le lendemain, Mary apprend que le corps de cette femme a été retrouvé flottant dans les eaux du port du Bloscon, près du yacht de son mari. Les gendarmes, sous la houlette du commandant Bottineau, concluent à un accident, ce qui étonne fort Mary qui pense à un meurtre. En effet, elle ne croit pas à la thèse selon laquelle Madame Chapelain, la femme de l’avocat fiscaliste, se serait rendu sur le yacht afin de procéder un nettoyage, occupation à laquelle elle ne sacrifie jamais chez elle, de plus un soir de novembre, la nuit tombée. Elle rentre à Quimper en compagnie de Fortin, mais un autre accident est à déplorer, une noyade inopportune à ses yeux, car là encore elle relève des éléments contradictoires. Le commandant Bottineau classe l’affaire, pis, les dockers sont relâchés sans que quoi que ce soit soit retenu à leur encontre. Elle prévient son patron, le commissaire Fabien, ainsi que la juge Laurier, dont les bureaux sont situés non loin du commissariat de Quimper. Malgré leurs réticences, elle parvient à convaincre ses deux interlocuteurs de lui confier l’enquête malgré que celle-ci relève normalement de la gendarmerie. Et elle enchaînera les voyages entre Quimper et Roscoff, ayant à sa disposition Fortin et Gertrude, une autre policière, louant même une petite maison sur place afin d’avoir les coudées libres.
Une intrigue apparemment simple, et qui l’est, un suspense jamais démenti, et Jean Failler réussit une nouvelle fois à embringuer le lecteur dans une histoire qui ne traîne guère en longueur malgré les 500 pages ou presque de ce volume double. Car Jean Failler en vieux loup de mer de l’écriture possède un sens de la narration infaillible. Des dialogues dans lesquels Mary Lester se montre intraitable, rouée, se jouant de la casuistique et se montrant plus jésuite que les jésuites. Elle sait se montrer inébranlable quand il faut, accordant parfois à ses interlocuteurs un avantage de façade, démontrant avec un certain cynisme qu’elle a raison, et retournant à son avantage leurs péroraisons. Et Jean Failler use en même temps d’une astuce, celle de narrer à plusieurs reprises un épisode, avec toutefois quelques divergences, quelques différences, recherchées, selon que Mary Lester s’adresse à son commissaire, à la juge Laurier, au commandant Bottineau, afin d’obtenir gain de cause en laissant croire qu’elle fait amende honorable ou qu’elle se plie à leurs desideratas. Le tout est empreint d’un humour subtil, sarcastique, caustique, bon enfant, selon les épisodes et les situations, tout en gardant un esprit pragmatique, cartésien, dans le développement de l’intrigue et la résolution logique de l’énigme. Evidemment, Jean Failler ne peut, parfois, éviter les petites moqueries envers ces faux Bretons, qui viennent investir un territoire longtemps dédaigné mais dont ils veulent se servir à des fins électorales. Ce qui fut durant un certain temps un slogan : Le bon sens près de chez vous. Et du bon sens Jean Failler, mais pouvait-on en douter, en possède, et il s’en sert avec le clin d’œil ironique de celui qui sait envers celui qui se croit. |
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