la nuit de la vouivre de Jean-pierre FAVARD


La Nuit De La Vouivre FAVARD235

JEAN-PIERRE FAVARD

La Nuit De La Vouivre


Aux éditions CLEF D'ARGENT

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Le mercredi 15 Novembre 2017

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Jean-pierre FAVARD




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Grand Format Hors collection. Parution le 10 mai 2017. 336 pages. 19,00€.

Ma petite est comme l’eau

Elle est comme l’eau Vouivre…

Cela faisait plus de vingt ans la bête avait poussé son cri, et voilà qu’il retentit à nouveau dans la nuit fraîche morvandelle, et plus particulièrement nivernaise.

Aviné comme trop souvent, Jean-Grégoire rentre péniblement chez lui. Sa compagne l’attend, ulcérée et inquiète à la fois. Il a passé la soirée à écluser au bar le Rendez-vous des amis, et Gérard, le bistrotier l’a mis à la porte sous le regard de quelques gamins qui décident de finir la soirée en boîte.

Elno, Bastien, Léon, accompagnés de deux jeunettes, Mona et sa cousine Sidonie, embarquent donc pour l’Hacienda, un dancing perdu en pleine campagne, entouré de bois. Sauf Ludo qui n’est pas un adepte des sorties nocturnes et préfère rentrer chez lui. Mais bientôt il sera obligé de ressortir, empruntant la voiture de sa mère. Après avoir fermé son bistrot, Gérard rentre chez lui, avec son chien Heinrich dont il est inutile de préciser la race.

Les gamins, qui sont à peine majeurs, prennent quelques verres supplémentaires, et ils commencent à être pompettes comme on dit. Plus franchement éméché, Léon tripote Mona mais sans douceur. Ce que n’apprécie pas du tout la jeune fille qui préfère sortir et traverser le parking sous les yeux de Marvin, le videur.

Dans un coin, deux hommes, barbus et chevelus, se rafraîchissent avant de reprendre la route. Ils ont encore une longue distance à parcourir avant d’arriver à Marseille où ils doivent convoyer quelques caisses d’un produit qui ne doit pas tomber entre les mains de la maréchaussée.

C’est à ce moment que le cri de la bête retentit. Les réactions sont diverses.

Jean-Gabriel, après avoir dormi un peu sur un banc rentre chez lui et alors que Marie, sa compagne plus jeune que lui de dix ans, s’apprête à le réprimander, il s’écroule. Un accident cardiaque. Elle alerte immédiatement les secours et une ambulance doit le transporter jusqu’à l’hôpital de Nevers.

Les deux hommes, Tony et Mario, reprennent la route mais bientôt leur van tombe en panne.

Mona n’est pas rentrée et la gendarmerie est prévenue. Si elle s’était perdue, si elle avait été victime de la bête ? Si elle était victime du froid qui règne sur la région ?

Quant à Gérard, il prend son fusil et en compagnie d’Alphonse, et de son chien, il décide lui aussi de parcourir les champs et les bois. Le chien découvre des hardes, appartenant sans conteste à une forte personne et les deux hommes rebroussent chemin. Une brigade cynophile est quémandée afin de retrouver Mona.

Pour le maréchal des logis-chef Anguenin, accompagné par le brigadier Fougerolles, une jeune femme qui prend son rôle au sérieux, et du gendarme Maturin, lequel glose souvent sur son chef, c’est l’histoire qui recommence. Vingt ans auparavant, il avait déjà enquêté sur la bête, la Vouivre, et cela lui remémore de mauvais souvenirs. De nombreux morts avaient été à déplorer, et Anguenin depuis traque toutes les informations susceptibles de lui apporter des éléments de réponse. Mais sa hiérarchie n’avait pas suivi, pis, il avait par la suite végété dans sa brigade sans obtenir d’avancement. C’est ainsi qu’il narre à Amandine Fougerolles ce qu’il a vécu, son savoir, ses connaissances, ses inquiétudes, revenant sur vingt ans de cohabitation spirituelle avec la Vouivre.

La Vouivre, bête légendaire, un dragon ou un serpent ailé portant une escarboucle sur le front et qui au contact de l’eau peut se transformer en naïade. C’est pour cela qu’elle est aussi appelée la Nageuse. Et selon toute vraisemblance, elle vient de réapparaitre, recommençant ses méfaits.

Tout s’entremêle, s’enchaîne, se culbute, se percute, se télescope, le passé, le présent, et les imbrications entre les divers protagonistes confinent, parfois, au burlesque et au tragique à la fois. Et cela se traduit par des bavures, des quiproquos, des règlements de compte, et des embrouilles.

Développé en séquences courtes, en alternance avec les divers protagonistes, ce roman débute par une atmosphère angoissante qui ne se dilue pas tout le long du récit. Qui s’amplifie même. Et le lecteur a hâte d’arriver à la fin de l’intrigue en se demandant, existe-t-elle ou non cette Vouivre ? Va-t-elle apparaître, va-t-on la voir perpétrer de nouveaux méfaits ? Et pourtant cette Vouivre, ou Guivre pour les Franc-Comtois, est omniprésente, tout au moins dans l’esprit de la plupart des personnages et de celui du lecteur.

Il existe un côté Jules Verne chez Jean-Pierre Favard, par la précision et l’aspect didactique développé dans certaines séquences. Ainsi il s’attarde sur les légendes et aspects de la Vouivre en diverses régions, sur les écrits concernant les légendes et la thérianthropie, remontant le temps jusqu’à Ovide et ses Métamorphoses et se reposant sur divers écrits, de la Vouivre de Marcel Aymé au Nécronomicon de Lovecraft, sur les différentes sortes de drogue et éventuellement comment les reconnaître, ce qui nous ramène à un fameux sketch de Fernand Reynaud, sur les premiers secours, comment diagnostiquer et réagir, une sorte d’examen-test entre secouristes, et bien d’autres détails qui alimentent le récit sans l’alourdir. Lui donnant même une dimension que ne possèdent pas tous les romans d’angoisse. Des explications qui ne sont pas inutiles, car il ne s’agit pas pour l’auteur d’effectuer une forme de remplissage vain.

Un roman remarquable, qui oscille entre enquête policière et œuvre fantastique, ces deux thèmes s’entrecroisant, et nous ramène à nos contes juvéniles mais qui s’adresse toutefois plus aux adultes même si les adolescents ne doivent pas être écartés du lectorat.

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