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MARC FERNANDEZ |
Mala VidaAux éditions PRELUDESVisitez leur site |
785Lectures depuisLe vendredi 27 Novembre 2015
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Une lecture de |
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Voilà six mois que le parti de droite néo-franquiste a repris le pouvoir en Espagne. Une purge médiatique a balayé l'audiovisuel public. Bien qu'il ne cache pas ses opinions de gauche, le journaliste Diego Martín y a échappé. Son émission de radio hebdomadaire reste percutante quand il s'agit de dénoncer, avec l'appui d'un ami magistrat, la corruption des élites. Par le passé, Diego Martín a payé cher ses investigations : son épouse Carolina fut exécutée par des narcotrafiquants. Cette fois, il enquête sur le meurtre de Paco Gómez, jeune élu droitiste assassiné le soir des élections. Avec le juge David Ponce et la singulière détective privée Ana Durán, originaire d'Argentine, Diego cherche des éléments, sachant déjà que Paco Gómez était le descendant d'une famille directement impliquée dans le franquisme. L'avocate Isabel Ferrer vient de lancer une association, destinée à rendre justice à ceux dont les enfants furent volés au temps de la dictature. Un sujet sensible qui intéresse les médias espagnols. Son émission sur la mort de Paco Gómez ayant été un succès, Diego ne peut guère passer à côté, lui non plus. Un premier contact est établi entre la détective Ana et Isabel Ferrer. L'avocate sait qu'elle peut avoir confiance en Diego. Elle espère que le juge Ponce pourra donner un caractère judiciaire à ces affaires d'enlèvements de bébés. Si son association excite les médias, elle suscite l'hostilité de beaucoup de fachos haineux. Le franquisme et ses héritiers sont virulents, partout infiltrés. Isabel Ferrer fait parvenir à Diego un dossier accablant. Ana, qui a connu l'équivalent en Argentine, ne peut que se ranger aux côtés d'Isabel Ferrer. Aller-retour à Paris pour Diego, où il enregistre le témoignage d'Emilia Ferrer, la grand-mère de l'avocate. En 1946, elle fut victime du vol de son bébé à la naissance. Émission-choc, quand Diego aborde la question avec cet entretien, tandis que dans le même temps Isabel est agressée par des sbires opposés à son association. Le scandale agite bientôt toutes les strates de la société espagnole, par ailleurs secouée par la crise économique. Les réflexes totalitaires du pouvoir ne risquent-ils pas de se reproduire ? On en oublierait presque le meurtre du vieux notaire franquiste Pedro de la Vega, celui du médecin de Barcelone Juan Ramírez, l'assassinat du banquier Adolfo Ibañez, et la mort de sœur Mari-Carmen à Valence. Pourtant, il s'agit bien d'une série criminelle qui fait suite au meurtre de Paco Gómez… C'est un thème abordé par plusieurs polars qui est au centre de l'histoire : les bébés volés par la dictature franquiste aux familles communistes d'alors. Il serait imprudent d'affirmer que cette pratique odieuse concerna des centaines ou des milliers d'enfants. L'omerta due à l'amnistie générale espagnole post-Franco, et la probable destruction de preuves plus ou moins concrètes, empêchent la levée du secret. Même si, loin des exactions comparables de la junte en Argentine, il ne se produisit que quelques cas isolés, il serait légitime de lourdement condamner toutes les familles et institutions qui y contribuèrent. Marc Fernandez connaît bien l'univers du roman noir, lui qui fut un des cofondateurs du magazine Alibi. Marqué par un épisode douloureux, autant que motivé par ses convictions, son héros Diego Martín est un authentique reporter "à l'ancienne" adepte de l'enquête de terrain. “Les règles de base du journalisme, en somme. Des règles qui semblent avoir été oubliées depuis longtemps. Dans un monde où il faut aller toujours plus vite, être le premier sur le coup, quitte à donner une info non vérifiée voire fausse, lui aime aller à son rythme, prendre son temps.” Le rôle de l'avocate Isabel Ferrer est également capital dans cette intrigue, pas uniquement au sein du militantisme associatif. Un thème sombre, des péripéties racontées avec fluidité, pour un noir suspense entraînant. |