Pendant leur enfance, tout oppose les deux frères. Le cadet qui tarde à grandir, on le prend pour un petit efféminé. L’autre, l’aîné, il est tout en muscles. Sportif viril, il a pratiqué le judo, puis le foot et le tennis. C’est un compétiteur brutal, hermétique à la finesse. Malgré ses aptitudes, il rate ses penalties et manque de revers. Violent dans la défaite, il attribue ses échecs à la malchance.
L’aîné fait à son jeune frère une réputation de pédé qui mérite sa branlée. Il est vrai que les amis du petit sont assez ambigus, un peu trop tendres entre eux. On peut aimer David Bowie en pop-star travestie, avoir des traits féminins, être entouré de tantouzes, tout en étant fortement attiré par les filles. Le genre de subtilité qui échappe au sportif borné.
L’aîné est nul à l’école, incapable de se concentrer sur les études. Colérique, il fait voler livres et cahiers. Quand ils jouent ensemble, il impose ses propres règles. Si un jeu réclame du raisonnement, il invoque encore injustice et « manque de bol ». Les centres d’intérêt de son frère trop sensible, il s’en moque. Tout est prétexte à rabaisser cette mauviette.Mais le cadet est un rusé renard qui sait se faire câliner par les filles…
La virilité face à la sensibilité, le muscle contre l’esprit, voilà un problème que beaucoup ont dû affronter durant l’enfance. Le portrait du grand frère, stupide et tyrannique, champion sans cerveau, est un pur régal. Victime désignée, le petit narrateur se montre bien plus futé. Au début, la forme du récit peut dérouter. Mais on est bientôt séduit par cette histoire ironique, vive et juste, très réussie.
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