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ERIC FOUASSIER |
Sa MeufAux éditions SKAVisitez leur site |
1472Lectures depuisLe mardi 13 Mai 2014
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Une lecture de |
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Belle comme un tournesol perdu dans un champ de pommes de terre. Blonde, les yeux bleus, elle détone dans cette cité de Sarcelle, au bloc F, plus précisément. Elle n'a que seize ans, et pourtant elle sait tant de choses. Le narrateur n'a d'yeux que pour elle. Elle est même devenue son amie, Laurine, peut-être parce qu'il ne se conduit pas en goujat comme les autres, qui ne font que rigoler comme des gamins que la puberté démange. Il a dix-neuf ans, et a tout à apprendre de Laurine. D'abord sa gentillesse, et puis sa conversation, son envie de partir, de découvrir le monde. Elle a un quelque chose en elle qui la rend différente, attirante, un peu comme une reine. Mais attention, elle ne snobe pas, elle n'est pas bégueule, elle vit juste dans son monde à elle. Les autres elle les ignore. Ils sont tellement bêtes avec leurs sifflets d'approche, leurs lazzis, leurs remarques déplacées. Avec le narrateur, c'est pas pareil. Il lui parle de cinéma, de Matrix, de La Grande évasion, elle répond Jacques Tati ou Wim Wenders. Il ne comprend pas qu'au lieu d'apprécier les chanteurs (?) de la Star'Ac, elle préfère écouter des trucs et des gens qu'il ne connait pas dans ses casques audio qui lui font comme des boucles d'oreilles. La première chanson parlait de montagne et de ciné, de vieux qui bouffent de la tomme de chèvre, de vol d'hirondelles et de Formica. Bonjour la misère ! Grave de chez grave ! Le second morceau valait guère mieux. Des niaiseries du style tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil : « Le vent dans tes cheveux blonds, le soleil à l'horizon, quelques mots d'une chanson, que c'est beau, c'est beau la vie ! » Des trucs de gonzesse, quoi ! Jusqu'au jour où tout dérape. Nous ne sommes pas dans un conte de fées, genre la Princesse et le crapaud. Avec ses mots parfois frustres, parfois empreints de poésie, un langage de banlieue qui est celui de tous les jours, de ses gamins habitués à évoluer dans la rue, à la recherche de quelque chose qu'ils ne peuvent même pas définir, le narrateur explique son attirance pour Laurine, pour cette perle rare échouée dans la cité, une perle qui voudrait vivre ailleurs, dans un décor moins triste, moins affligeant, et surtout moins consternant. Eric Fouassier nous offre un véritable exercice de style, tranchant totalement de ses œuvres précédentes, s'imprégnant de ce vocabulaire fleuri des banlieues, sans que son personnage pour autant se montre grossier ou vulgaire dans la narration de cette histoire écrite à la première personne. Un forme littéraire qui rappelle quelque peu Francis Carco dans Jésus la caille, par exemple, mais qui a évolué au fil des ans.
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