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JEAN-FRANCOIS FOURNEL |
Mortels EnfantillagesAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
2921Lectures depuisLe vendredi 11 Septembre 2004
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Une lecture de |
C’est dans la petite ville de Montfeurgny que se déroule toute l’histoire. Michelle Salvat mène une vie bien rangée : elle travaille pour le journal local et son mari est maître nageur à la piscine. Elle a des activités variées, mais routinières. Elle écrit des articles lors d’évènements marquants, rencontre des personnalités, répond au téléphone, dépouille des communiqués… Ce train-train est rompu à l’occasion de la foire annuelle du livre qui se tient dans une grande agglomération à quarante kilomètres de Montfeurgny. Alain Nolet, auteur à grand tirage et vedette du roman historique, y participe. Il profite de son court séjour dans la région pour passer quelques jours dans la maison familiale. C’est à ce moment-là qu’il rencontre Michelle Salvat : elle désire l’interviewer pour le journal. Alain Nolet est fasciné par cette femme qui s’intéresse à lui et à son histoire personnelle. Assez rapidement, il demande à Michelle s’il peut la suivre dans son travail pendant une semaine. Après avoir longtemps hésité, elle accepte. Au fur et à mesure des rencontres, Michelle Salvat est captivée par l’écrivain au point de vouloir écrire une biographie sur lui. Si l’écrivain se rappelle les moments douloureux qui se sont déroulés au cours de sa jeunesse, la journaliste doit, elle aussi, revivre certains souvenirs traumatisants. C’est ainsi que les deux personnages principaux se rapprochent sans forcément le souhaiter. Bientôt, Michelle a des doutes et des remords ; elle s’imagine qu’Alain l’a dupée en faisant uniquement semblant de s’intéresser à elle. De plus, au cours d’une soirée trop arrosée, il lui a révélé un terrible secret. Elle décide donc de le faire payer et de l’humilier. Elle se rend avec lui dans un pavillon de chasse désert et l’y séquestre, consciente d’être devenue une criminelle. L’écrivain est retenu prisonnier par cette femme terrifiante, tantôt calme et sereine, tantôt furieuse et prête à tuer. Le caractère imprévisible de Michelle rappelle bien sûr celui de la ravisseuse dans le roman Misery de Stephen King. Et, autre ressemblance, Alain Nolet est prié de coopérer s’il veut survivre : « vous allez écrire le grand roman de Montfeurgny », lui ordonne Michelle. Cette intertextualité est d’ailleurs suggérée à travers les pensées du prisonnier : « Il imagine déjà les premières lignes du dossier de presse : grâce à une journaliste Nolet a inventé le procédé de l’écriture obligatoire : la victime écrit sous les ordres de sa muse. Pas mal. Il lui semble bien avoir lu quelque part qu’un grand écrivain américain avait publié quelque chose d’approchant » (p. 221). De même, un peu plus tard, : « Les médias vont adorer. Pensez, le mythe de l’écrivain kidnappé. Oui, maintenant il se rappelle, cet Américain qui a écrit là-dessus, son nom lui échappe encore, Stephen quelque chose, mais il en est presque sûr, on a tiré un film de cette histoire » (p. 236). Combien de temps Michelle pourra-t-elle cacher à son mari qu’elle retient quelqu’un dans une cave ? Alain écrira-t-il sous la contrainte et sera-t-il relâché sain et sauf ? Quel bénéfice Michelle espère-t-elle tirer de cette situation ? Mortels Enfantillages est un récit fascinant qui nous montre comment le passé rattrape le présent. Les rebondissements inattendus et l’analyse des rapports de force entre le bourreau et sa victime rendent le premier roman de Jean-François Fournel d’autant plus captivant. |
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