On ne croisera pas Jack Lang dans les couloirs de cet Amboise-là ! A l’époque choisie par l’auteur, les plâtres n’y étaient pas secs. Polar historique donc, campé au tout début de la Renaissance, dans une France à peine sortie du Moyen Age.Enquêteur original. Le parti pris d’Éric Fouassier a été de s’emparer d’un personnage célèbre, connu de tous les enfants français de 7 à 77 ans : Bayard, « chevalier sans peur et sans reproche ». Le héros mythique est là, saisi au lendemain de la bataille de Fornoue, après qu’à lui seul il ait évité le déshonneur de la capture au roi de France. Hélas, il n’a pu lui éviter l’humiliation de la défaite qui a mis un terme à cette désastreuse campagne d’Italie.L’enquête à laquelle Éric Fouassier nous convie est surprenante puisque, par contraste avec cette vérité historique avec un grand « H », il n’hésite pas à détourner le cours d’événements bien connus. Charles VIII, on le sait, est mort jeune d’une blessure à la tête. On sait aussi qu’il se l’est infligé seul en courant trop vite dans les escaliers de son château. Du moins est-ce ce qu’on apprend dans les livres. La thèse de Bayard, protégé du roi de France, est la suivante. Son bon souverain ne peut être mort des suites d’une rencontre malheureuse de son royal chef avec le linteau d’une porte trop basse, heurté avec trop d’élan. Non, Charles VIII aurait été assassiné dans un complot subtil, par un autre personnage extrêmement connu…mais chut, je ne révèlerai pas qui, ici, est désigné comme coupable.Eric Fouassier nous offre une équipée tumultueuse, tumul-tueuse… ce qu’il faut, avec passages secrets, souterrains et oubliettes, duels à l’épée, assaisonnée d’un langage habilement saupoudré de juste ce qu’il faut de passéisme. Trahison, complot, raisons d’état… La visite du XVeme siècle est crédible et plaisante.C’est donc à un méli-mélo subtil que se livre Eric Fouassier, vraie enquête, fausse histoire, autour d’un meurtre en chambre close. Classiquement, les dernières pages verront la révélation de la vérité, enfin, et l’émergence de la douloureuse réalité politique.Découvrir, renoncer, jurer, souffrir… Le pauvre chevalier n’en demandait pas tant, mais sa résurrection romanesque ne manque du coup ni d’épaisseur ni d’humanité. On s’attache à ce Bayard romanesque et on voudrait le voir réussir dans ses amours avec la jolie apothicaire, jouvencelle si savante et si attirante.Certes, le jeune Pierre du Terrail, seigneur de Bayard, n’a pas forcément vocation à vivre d’autres aventures héroïco-policières, mais on verrait bien la belle Héloïse réapparaitre et mener l’enquête dans de belles histoires, d’empoisonnement par exemple.Il a d’ailleurs suffi de passer l’auteur à la « Question Ordinaire » (brodequins de fer et fouet à clous…) pour qu’il avoue. Oui, Héloïse reviendra, il le promet, il s’y emploie. Ce sera pour notre plus grand plaisir, rendez-vous est pris.
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