La femme à la fenêtre de A.j. FINN


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A.J. FINN

La Femme à La Fenêtre


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Le mardi 20 Fevrier 2018

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A.j. FINN




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Anna Fox habite une maison de plusieurs étages à Harlem, sur Hanover Park. Voilà dix mois qu’elle a abandonné son métier de pédopsychiatre, et qu’elle vit séparée de son mari Ed et de leur fille Olivia, huit ans. Recluse, elle souffre d’une forme sévère d’agoraphobie, un syndrome d’enfermement qui relève davantage de la neurologie que de la psychiatrie. Le docteur Fielding lui prescrit un traitement médicamenteux assez lourd, alors qu’elle s’alcoolise plus que de mesure au merlot, ce qui est incompatible. L’infirmière-kiné Bina passe chez elle régulièrement, soutien moral plutôt relatif. Outre son chat Punch, Anna n’est plus complètement seule depuis deux mois. Elle a loué le sous-sol à David Winters, séduisant homme jeune, peu envahissant, qui gagne sa vie en bricolant çà et là.

Si elle aime jouer aux échecs sur Internet, où elle prodigue gratuitement des conseils de psychothérapeute, la grande passion d’Anna c’est le cinéma. Plus précisément, les vieux films policiers en noir et blanc, ceux d’Hitchcock en particulier. Elle connaît par cœur les meilleures répliques et les scènes-clés. Depuis qu’Anna s’est isolée, son autre plaisir consiste a surveiller le voisinage. Sans mauvaises pensées, mais c’est obsessionnel. Ainsi, quand la famille Russell s’installe au 207, elle les observe attentivement. Alistair Russell, ex-cadre dans une société de Boston, n’a pas l’air très chaleureux. Jane Russell apparaît bien plus cordiale. Et puis n’est-elle pas l’homonyme d’une grande actrice (1921-2011), partenaire de Marilyn Monroe dans “Les hommes préfèrent les blondes” ?

Les Russell ont un fils de seize ans, Ethan, dont la chambre donne en face de chez Anna. Il est agréable et même serviable, mais manque encore de caractère. Ce qu’Anna attribue au comportement strict d’Alistair Russell, le père. Quelques jours après une longue visite de Jane Russell chez Anna, la recluse croit entendre des cris chez ses voisins. L’effet des médicaments et de l’alcool absorbés, peut-être, car personne d’autre n’a rien remarqué. Un soir où elle regarde “Les passagers de la nuit” (1947) avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall, d’après un roman de David Goodis, Anna assiste au meurtre de Jane, poignardée. Elle tente de sortir pour intervenir, mais elle est victime d’un évanouissement. Quand elle se réveille, Anna a été hospitalisée, et la police est présente.

L’inspecteur Conrad Little n’est pas mauvais bougre, mais sa collègue Val Norelli se montre plus dure. Quand il raccompagne Anna à son domicile, Little ne lui cache pas qu’il pense qu’elle était sous le coup d’hallucinations, car il n’y a pas eu de meurtre chez les Russell. La brune Jane Russell qu’Anna aperçoit lui est parfaitement inconnue ; ce n’est pas celle qu’elle a rencontrée. Elle est certaine de ne pas faire erreur, qu’Alistair Russell a supprimé son épouse. Soumis à son père, Ethan n’est pas causant sur cette affaire. David ne tient pas à s’en mêler, pour des raisons personnelles. Anna se renseigne sur l’ancienne activité de Russell à Boston, qu’il aurait quitté précipitamment. Elle parvient à sortir de sa maison pour tenter un contact avec la deuxième Jane Russell, qui le prend très mal.

Anna ne trouve guère d’alliés : Ethan est trop faible et David n’est pas forcément fiable. S’estimant victimes de harcèlement, Russell et sa femme ont alerté la police. L’inspecteur Little, qui s’est informé sur le cas pathologique d’Anna, reste bienveillant. Mais quand elle prétend que quelqu’un s’est introduit de nuit chez elle, il peine à la croire…

(Extrait) “D’où venait ce cri ? Dehors, il n’y a que des flots de lumière dorée et le vent dans les arbres. Est-ce quelqu’un dans la rue qui…

De nouveau, ce même cri déchirant, frénétique, poussé à pleins poumons. En provenance du 207. Les fenêtres du salon sont grandes ouvertes, les rideaux voltigent sous la brise. "Il fait bon aujourd’hui, m’a dit Bina. Pourquoi ne pas ouvrir une fenêtre ?"

Je scrute la maison des Russell. Mon regard va de la cuisine au salon, monte jusqu’à la chambre d’Ethan, revient vers la cuisine. Alistair a-t-il attaqué Jane ? "Il a tendance à vouloir tout contrôler" m’a-t-elle confié. Je n’ai pas leur numéro de téléphone. Je tire mon IPhone de ma poche, le fait tomber par terre. Merde ! Je le ramasse prestement et appelle les Renseignements.”

Un pavé de cinq cent pages, ça peut donner un roman intéressant, mais on n’est jamais sûr d’adhérer en continuité à l’ambiance, de garder sa concentration sur les détails du récit, aussi réussi soit-il. Même si les personnages ne sont pas exagérément nombreux, et s’ils sont bien dessinés, éprouvera-t-on une réelle empathie ? Quant au suspense, il n’est pas rare qu’il soit dilué dans d’improbables fausses pistes, ou dans une psychologie plus approximative que crédible. Certes, l’intrigue peut ici rappeler celle de “Fenêtre sur cour”, mais le film d’Hitchcock était adapté d’une nouvelle de William Irish, pas d’un long roman. Pourtant, on aurait grand tort de ne pas faire la connaissance d’Anna Fox.

On imagine aisément cette ex-pédopsychiatre, alcoolique isolée, confinée dans une grande maison quasi-vide auprès d’un plaisant square new-yorkais. Internet restant son unique fenêtre sur le monde, elle a sans doute besoin d’espionner son entourage, surtout les nouveaux venus. Comment ne pas être compréhensif envers Anna, puisqu’elle vénère les films policiers de légende ? Si elle est aussi mal dans sa tête, c’est dû à un traumatisme dont elle garde le secret. Son locataire, le séduisant David, n’a pas tout dit sur son passé, lui non plus. Quant aux voisins d’en face, les Russell, sent-elle dès leur arrivée une part d’obscurité chez eux ? Il est vrai que, de nos jours, la courtoisie n’est plus toujours de mise en matière de voisinage. Néanmoins, Anna devrait arrêter d’abuser du merlot.

La qualité première de cet authentique suspense, c’est sa fluidité narrative. C’est une histoire très vivante qui nous est racontée, sans la moindre lenteur, ni aucun passage superflu. En face d’Anna, que l’on admet fort perturbée, les autres protagonistes ont des réactions logiques et plausibles. Même l’inspecteur Little fait preuve d’une patience louable à son égard. Est-ce que, comme dans l’excellent “La femme au portrait” de Fritz Lang, (“The Woman in the Window”, même titre que ce livre), le final se dénouera grâce à une astucieuse pirouette ? On le verra, mais entre-temps, le scénario s’est ici avéré fascinant. Voilà un suspense vrai de vrai, à ne pas manquer.

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