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ROGER FACON |
Le Saigneur Des PierresAux éditions ENGELAERE |
2389Lectures depuisLe mercredi 25 Janvier 2012
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Une lecture de |
Romuald Féran, fringant quinquagénaire, traverse tranquillement dans le passage piéton lorsqu’il est percuté par un motocycliste. Le choc l’envoie valdinguer contre le trottoir et tête heurte la bordure. Lorsqu’il se réveille, une jeune infirmière est à son chevet. Lola, c’est inscrit sur son badge. Lola est fraîche, jolie, riante. Et son sourire fait plus que les médicaments pour le requinquer. Deux jours plus tard il est libre de rentrer chez lui. Féran est un auteur de romans policiers qui a débuté dans le fantastique, chez un petit éditeur. Gros succès dans les années 60, puis il s’est tourné vars la rédaction de polars, toujours avec le même bonheur. Seulement de son accident il reste quelques séquelles. Par exemple il plonge dans une sorte de somnolence, entre rêve et réel, et se trouve transporté par l’esprit au XIXème siècle. Il n’est plus à Lille mais à Douai, en 1896 ou à Paris, prenant le train à la gare du Nord. Il fréquente Jules Guesde, Jean Jaurès, Mathieu Dreyfus le frère du capitaine et d’autres personnalités de l’époque. Il ne s’appelle plus Féran, mais Monge. Il subit ces décrochages récurrents, et perturbants, quel que soit le moment de la journée, même lorsqu’il est attelé à la rédaction de son nouveau manuscrit. Il visite en pensée villes et villages de la région Nord alors il effectue en voiture une sorte de pèlerinage, Roubaix, Monchecourt… Ceci n’exorcise pas ses rêves. Au contraire ils sont de plus en plus prégnants. Bram Stoker s’invite dans la sarabande qui le mène à Londres ou à Bruges. Et il est question aussi de maisons noires, de maisons blanches, de Ruelles de l’Enfer notamment à Douai. En effectuant des recherches, il appert que le personnage auquel il s’est identifié, Monge, Anselme Monge, a réellement existé. Celui-ci serait né le 18 janvier 1872 et décédé le 12 juin 1967 à Monchecourt. Une semaine après sa sortie d’hôpital, Féran reçoit la visite de Lola, sous un prétexte futile, car il aurait oublié une visite de contrôle. Lola est une adepte des expériences proches de la mort, les NDEs ou Near Death Experiences, grâce, ou à cause, de son oncle qui était ami avec des spécialistes américains de cette science. Et les décrochages dont est victime Féran l’intéressent fortement. Lola possède un charme indéniable et Féran en tombe amoureux. Et réciproquement puisqu’ils partagent le même lit. Aussi lorsque le corps de la jeune infirmière est retrouvé aux Sept Bonnettes à Sailly-en-Ostrevent, un lieu mystique, sept pierres levées, dressées vers le ciel, renvoyant à une religion ancienne et ésotérique. Lola gît donc entre ces pierres, égorgée, éventrée, le cœur arraché. Elle est déguisée en « gothique ». Mais d’autres meurtres sont bientôt recensés, à chaque fois dans des lieux empreint d’histoire : dolmen, menhir, cromlech. L’inspecteur Lebarzyck, du SRPJ de Lille est en charge de l’affaire, talonné par son supérieur Troudehal (oui, je sais, des noms sont difficiles à porter mais on ne les choisit pas). Or entre les déclarations de Féran et celles de la sœur de Lola, des divergences s’élèvent, infimes, mais qui jettent des doutes sur la jeune morte. D’abord Lola avait affirmé être enfant unique, avoir perdu ses parents très jeunes et désirer des enfants. Tout le contraire de la réalité. Dans l’ombre vit le Monstre, le disciple préféré du Maître. Il porte en permanence un masque protecteur car durant la guerre d’Algérie il a été grièvement blessé au visage par l’explosion d’un dépôt d’essence. Cette histoire, qui se déroule en 1981, démarre dans une ambiance fantastique et polar. Mais si l’enquête consiste un support solide tenant la trame dans des bases solides, le fantastique n’est qu’une composante minime s’effaçant progressivement au profit du mystère et de l’ésotérisme. Le Nord n’a rien à envier aux lieux de légende à la Bretagne et aux pays celtes. Les Cercles occultes sont alliés à des sciences dont d’éminents scientifiques dont Raymond Moody et Garrett Oppenheim sont les chantres ainsi que des allusions à l’école Charcot. Mais ce ne sont pas les seules préoccupations de l’auteur qui insère quelques hypothèses (hasardeuses ?) politiques et militaires. Des noms transparaissent lors de l’épilogue, noms que je ne peux vous dévoiler car cela tuerait le suspense, mais dont l’existence est facilement vérifiable en effectuant quelques recherches. L’alliage de la réalité et de la fiction dans une ambiance de mystère qui enveloppe le lecteur comme les brumes du Nord. |
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