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ALAIN EMERY |
Partition Pour ChevrotineAux éditions PAUL&MIKEVisitez leur site |
1107Lectures depuisLe lundi 2 Juillet 2018
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Une lecture de |
S’il est un auteur qui excelle dans l’écriture de nouvelles, c’est Alain Émery. Ce n’est pas une simple question de format court. Les nouvelles lui permettent d’exciter son inspiration, de triturer ses méninges pour le meilleur résultat. Quand on a comme Alain Émery ce talent de conteur, cela donne des portraits et des scènes auxquels on adhère immédiatement. Des crimes et du sang ? Pas forcément, non. Mais des situations plutôt singulières, ça oui. Alain Émery n’a que de bonnes nouvelles à nous offrir. Parmi les quinze textes de ce recueil, voici trois exemples. - La pègre des sentences – Qui se souvient du nommé Saint-Elme, un drôle d’olibrius ? Toute sa vie, il débita pas mal d’âneries face à des gens plus savants que lui, le bougre. Mais il se peut que, au hasard de ses raisonnements nébuleux, il lu soit arrivé d’annoncer des vérités. - Effets de manche – Il faut se prononcer sur le cas de Franklin. Ce samedi soir-là, ce solitaire flânait dans les rues de sa petite ville. C’est alors qu’il croisa une jeune fille ivre. Dans une telle bourgade, boire sans retenue est souvent le seul moyen de faire la fête. Franklin chercha à venir en aide à la jeune fille saoule, et fut injustement, accusé d’agression sur elle. - Une légende – Ce reporter-télé chevronné raconte à un journaliste débutant une affaire ayant marqué sa carrière "au service de l’information". Dans la Meuse, le meurtre du notaire Francis Monge fit grand bruit. Bénéficiant d’indiscrétions, le reporter-télé obtint plusieurs scoops retentissants, rapidement médiatisés. Tant pis si la vérité était quelque peu différente. (Extrait) “Qui, des ouvriers de l’usine Renard ou des habitués du Chien Rouge (dont je suis), se sont les premiers mis en tête de connaître toute l’histoire de Gabriel Bontemps, je l’ignore, mais cette volonté s’appuyait sur un noble sentiment. Nous l’avions à la bonne, ce gosse, et ce bien qu’il nous ait toujours tenu à distance. Il évitait ma compagnie – qui pourrait l’en blâmer ? Je ne suis qu’un vieil érudit à la retraite – et sa délicatesse l’excluait d’office de ces combats sans merci auxquels nous nous livrons au pied du zinc. Je ne me souviens pas qu’il ait jamais payé un verre à quiconque mais, par un fabuleux effet de bande, cette réserve affûtait notre sympathie. Nous ne savions rien de lui. Venait-il – ainsi que le suggérait son accent travaillé au schnaps – de ces forêts immenses qui couvrent les montagnes de l’Est et lâchent en pleine nature des hommes faits d’un alliage de sciure, de neige et de pain blanc ? C’est plausible, comme de l’imaginer arraché à des terres orientales en partie couvertes d’eaux et peuplées d’indigènes aux humeurs d’échassier : après tout, il en avait l’allure, la légèreté. En matière d’hommes, tout est jouable, et celui-là, avec ses manigances de gibier, aurait tout aussi bien pu sortir d’un opéra-bouffe que d’un monastère cistercien.”
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