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PAUL ENGLEMAN |
Les Liens Du SangAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
885Lectures depuisLe lundi 30 Novembre 2015
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Une lecture de |
Murder in Law - 1987. Traduction de Annie Hamel. Polar USA N°50. Parution janvier 1991. 256 pages. Et pourtant, qu'on soit Noir ou Blanc, le sang est toujours rouge... A la demande de son ex-beau père, l’avocat Mike O’Leary, Renzler, détective privé qui travaille en dilettante grâce à ses gains au turf, accepte d’enquêter sur le meurtre de Cynthia Vreeland, issue de la « haute », et femme de Dwight Robinson, ex-joueur de base-ball dont la carrière prometteuse a été stoppée net par une sombre histoire de marijuana. Dwight, un être taciturne, nie ce qui pour beaucoup est l’évidence, se targuant de posséder un alibi mettant en cause une personne qu’il ne peut nommer. Mais les faits ne plaident pas en sa faveur. Cette union entre un Noir et une Blanche reste en travers de la gorge de pas mal de monde. Le père de Cynthia ne cesse de vitupérer contre Dwight, de même que son frère Tommy. Seule Terry, la sœur de la victime professe une certaine sympathie pour le meurtrier présumé. Anna Paslawski et Warren Shepperd, les voisins du couple, accusent Dwight, reconnaissant que Cynthia avait l’habitude de recevoir des hommes en l’absence de son mari, des Noirs principalement. Mais ils sont formels, c’est Dwight le coupable, même si Shepperd le confond avec son frère Dexter lorsque Renzler lui présente une photo. Une collecte est organisée pour réunir l’argent permettant la libération sous caution de Dwight. Le malheureux prétend que le meurtrier n’est autre que Shake Johnson à qui il devait de l’argent. Mais Johnson, un Noir également, est le meilleur ami de Thomas Vreeland. En compagnie de son ami Nate, un peintre qui lui doit sa notoriété, Renzler enquête auprès des Vreeland et de leurs proches. Et ce que les deux hommes découvrent n’est guère à l’avantage de cette famille huppée. Winchester, le beau-frère de Vreeland père, brigue un fauteuil de sénateur ; son épouse Melody, se saoule consciencieusement à longueur de journée. Et Renzler met au jour une histoire de corruption immobilière dans laquelle Winchester est impliqué, tout comme Thomas Vreeland. Cynthia, elle, avait des relations incestueuses avec son frère Tommy depuis l’âge de quatorze ans, offrant ses charmes au premier venu, sauf à son mari. Trop bavarde, Melody avoue avoir été, à l’heure du crime, en compagnie de Dwight. Elle est retrouvée morte, un meurtre maquillé en suicide. Une trace de cirage conduit les deux enquêteurs à soupçonner Becker, un proche de Winchester, qui aime se grimer en Noir en se barbouillant la figure.
Au delà de l’histoire plaisante à lire et rondement menée, Paul Engleman brosse un portrait peu flatteur du New-Jersey, de ses habitants et de sa police. Mais surtout il dénonce les actes d’antiracisme primaires qui empoisonnent la société américaine, et toutes les sociétés en général. Pour tous, à deux ou trois exceptions près, le meurtrier de Cynthia ne peut être que Dwight, puisqu’il est Noir. Toutes les turpitudes lui sont attribuées, l’argent servant d’œillères. L’argent mais également la jalousie, la malveillance, le racisme, la convoitise, la prétention, le désir d’évoluer dans un monde de nantis, la prévarication. Mais Paul Engleman ne tombe pas dans les excès, les outrances. Les « bons » et les « méchants » se retrouvent dans les deux races, chacune d’elles possédant sa ou ses brebis galeuses.
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