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MICHEL EMBARECK |
RubensAux éditions L ECAILLER DU SUD |
3422Lectures depuisLe vendredi 23 Aout 2013
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Une lecture de |
D’ordinaire, il préfère les femmes Modigliani. Il communique mieux avec elles, même si ça dure peu. Celle qui l’attire cette fois est une Rubens, surnom qu’il donne à cette femme aux belles rondeurs. Le contact est moins aisé à établir. Sans doute est-ce à cause de son passé qu’il est maladroit pour tisser des liens. Il se souvient du camp de base, autrement-dit sa maison. Comment oublier le Général Dégueule et de la Maréchale de Hauteclaque, ainsi qu'il surnommait ses parents. Des adeptes du pastis et de la sainte Torgnole. Des dérouillées, il en a reçu enfant ce “toucon” qui avait selon eux “le diable dans la peau”. Des bêtises, il en a commis, par ennui plutôt que par idiotie. Déjà, il inventait son propre langage, plus imagé que le vocabulaire actuel. Il aimait les “ravajoux”, ces gamins vivants que l’on qualifiait chez lui de péquenots. L’envie de bourlinguer pointait depuis qu’il lisait des romans d’aventure. Son envie d’évasion fut contrariée : on l’interna au lycée de redressement. Parmi les incorrigibles redressés (“graine d’enragés, tout çà fera d’excellents sauvages adultes”) il ne s’améliora pas, estimaient les parents. Longues années répressives au bout desquelles il obtint pourtant la fourragère d’honneur. Suivant des “ravajoux éclairés”, il connut une politisation anarchique. Désapprobation parentale quand il publia ses premiers articles sur la musique bleue, le jazz. Au fil des ans, l’artisanal “ébéniste en narration” devint voyageur littéraire. “Chasseur d’ombres mortes”, depuis il sillonne la planète sur les traces de défunts grands écrivains. Son approche mystique des bars lui offre des repères partout dans le monde. Ce monde qu’il observe, solitaire et silencieux. Il espère que Rubens comprendra tout ce qu’il est. Si, toutefois, elle peut le rejoindre à La Nouvelle-Orléans… Quitte à ne rien savoir faire de ses dix doigts, autant inventer une écriture à soi. Telle est la philosophie de ce narrateur, qui emprunte certainement beaucoup à l'auteur. Écriture vive, inventive, amusée, grinçante, complicité avec le lecteur, ce savoureux récit n’est pas une autobiographie puisque l’écrivain se réserve le droit “d’accommoder la vérité”. Un roman aussi jouissif qu’attachant. Journaliste et écrivain, Michel Embareck est né en 1952. Il s'est fait connaître des lecteurs de polars grâce à quelques romans publiés chez L'Archipel (“Cloaca maxima”, réédité chez Folio sous le titre “Dans la seringue”) et dans la Série Noire (“La mort fait mal” ou “Le rosaire de la douleur”). À noter aussi deux ouvrages documentaires parus chez L’Écailler du Sud, “Rock en vrac” (2011) et “Très chers escrocs” (2013). |
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