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ALAIN EMERY |
Rue De L’enferAux éditions ASTOURE EDITIONS |
2836Lectures depuisLe lundi 5 Avril 2010
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Une lecture de |
En 1952, le capitaine de gendarmerie Henri Fabre et ses adjoints font respecter la loi dans la région d’Erquy. Début octobre, le juge Ravel se place sous la protection de Fabre. Sa maison a été cambriolé, puis un chauffard a cherché à le renverser en voiture. Il ignore qui lui en veut, mais il estime la menace bien réelle. Ravel n’est pas de la même trempe que le capitaine Fabre : “J’avais passé toute ma vie à avoir peur. Du faux-pas, du tableau d’avancements, des incidents, de la fameuse erreur judiciaire […] À l’évidence, l’homme qui me tournait le dos et lustrait ses bottes en silence, possédait sur moi ¯ et sur le monde qui l’entourait ¯ un immense avantage. Lui (Fabre) ne craignait rien, ni personne.” Celui qui vise le juge ne tarde pas à comprendre qu’il s’est installé dans la villa, bien défendue, du capitaine de gendarmerie. Par ailleurs, une série d’agressions meurtrières sur des femmes se produit dans le secteur. La première à être attaquée et tuée, peut-être par un animal affamé, c’est la sensuelle Janine Neveu, qui sortait de chez le boulanger. Bien que Fabre ait effectué une surveillance nocturne à cheval, il n’a pu empêcher la mort d’une autre femme, Nicole. Là encore, l’assassin a volé de la nourriture. Le brigadier Craspin pense qu’il s’agit d’un monstre, “entre l’homme et l’animal”. Suivi de ses commères d’église, l’abbé Faure signale un incident s’étant produit dans la Rue de l’Enfer. La maison du père Boudard, récemment décédé, serait hantée. Voilà le genre d’affirmation qui fait sortir Fabre de ses gonds. Le capitaine demande un coup de main à un de ses amis de la Résistance, le truand Orsini. Il s’agit de déterminer qui veut éliminer le juge Ravel. Le capitaine Fabre obtient des renforts pour traquer le tueur de femmes. Malgré tout, l’épouse d’un cordonnier disparaît sans laisser de traces. Et l’on retrouve le cadavre d’une gamine, Gisèle Robin, jeune fille ayant une réputation de délurée. Toutefois, il est probable qu’il ne s’agisse pas du même assassin. Après avoir raconté des bobards aux journalistes, le capitaine Fabre organise une battue nocturne avec les soixante gendarmes dont il dispose. Repéré, le fuyard court se réfugier Rue de l’Enfer, dans la maison Boudard. Peu après, le monstre périt dans l’incendie détruisant la demeure. Son cadavre oblige Fabre à se poser des questions, à s’informer sur l’histoire locale, notamment sur les règlements de compte de la fin de la guerre. Il organise même une autopsie clandestine dans un cimetière pour être sûr de son raisonnement. Fabre persévère jusqu’à ce que tous les coupables soient identifiés… Narrateur de cette histoire, le juge Ravel résume ainsi la situation : “Que se passait-il donc dans ce pays ? Quel vent de folie soufflait sur la baie ? Les femmes tombaient sous les coups et les crocs d’un monstre, on entendait hurler dans la nuit des fantômes, un tueur essayait de m’épingler à son tableau de chasse, et pour couronner le tout on jouait un western sur une de nos plages… Au fond, mon seul refuge restait Fabre, aussi droit dans la tempête que par temps calme.” En effet, le capitaine de gendarmerie est le seul à disposer de cette autorité naturelle qui en impose à tous, et permet de faire avancer les investigations. Néanmoins, ce n’est pas strictement un roman d’enquête. Situé historiquement, le sombre contexte relève autant du roman noir. L’ambiance du récit avec ses mystères, ses pistes et ses traques, captive très vite. Soulignons la précision narrative, belle qualité habituelle de l’auteur. Outre l’intrépide Fabre, tous les personnages apparaissent fort crédibles grâce aux descriptions pointues. Avec ce suspense passionnant, Alain Emery confirme encore son talent. |
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