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PATRICK ERIS |
Le Seigneur Des MouchesAux éditions SKAVisitez leur site |
2261Lectures depuisLe dimanche 18 Avril 2016
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Une lecture de |
Collection Noire de SuiTe. Nouvelle numérique. Parution mars 2016. 109 pages. 2,99€. Aime les diptères, surtout en vol... Il... Ne... Se... Souvient... De... Rien. Comme un mantra ces six mots défilent en boucle dans son esprit encore engourdi. Il ne reconnait pas la chambre d'où il émerge péniblement. Une chambre d'enfant avec les accessoires et les gravures adéquates, vieillies. Il est habillé d'un pantalon de sport qu'il n'a jamais possédé, à sa connaissance. Il est égratigné, amoché, badigeonné de mercurochrome sur tout le corps, plaies contrastant avec ses bleus. Que fait-il-là dans cette tenue, dans cette chambre ? Il... Ne... Se... Souvient... De... Rien. Un accident qui l'aurait rendu amnésique ? Une amnésie passagère ou, pis encore, définitive ? La terreur, l'angoisse montent en lui comme un mascaret impossible d'endiguer. Et il fait si chaud. Il se lève, marche péniblement. Les dalles froides qu'il foule hors de la chambre lui rafraîchissent les pieds. Et ce bruit continuel de mouche, non de mouches qui se fait entendre, un bourdonnement incessant. Il est dans une ferme, mais personne à l'horizon, juste un chien allongé à l'ombre. Une vieille camionnette. Un vieil homme qui court poursuivi par un essaim qui grésille. C'est alors que le voile qui enserrait ses souvenirs se déchire. Tout commence alors qu'il est recruté par des Chercheurs de Têtes pour une entreprise en plein développement et son bureau se trouve dans une tour de la Défense. Un bel avenir lui est promis, mais auparavant il doit sacrifier à une forme d'intronisation.
Parabole ou fable des temps modernes, Le Seigneur des mouches montre l'envers du décor dans la course au succès des jeunes loups, des cadres qui veulent à tout prix réussir dans une entreprise propre sur elle, en apparence. Une course mortelle pour parvenir au sommet, quel que soit le prix à payer, et s'il le faut être prêt à marcher sur les autres, à les écraser, à tuer même, afin de démontrer ses possibilités et son engagement. Et signer un pacte avec le diable si besoin est. Cette nouvelle résolument noire et frayant avec le fantastique, genre que Patrick Eris maîtrise parfaitement, est ancrée dans cet arrivisme à tout crin, où tout est bon pour parvenir à supplanter les autres, à être considéré comme la crème de la crème, le cadre productif dont on ne peut se passer. Mais tout est vain, et il ne faut pas oublier que Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés d'après Georges Clemenceau.
Collection Noire N°139. Editions Rivière Blanche. Parution novembre 2020. 240 pages. 20,00€. ISBN : 978-1-64932-012-4 Du haut de ce recueil, quarante ans d’écriture vous attendent ! Patrick Eris, je l’ai connu par romans interposés, quand il était encore toute jeune (et moi aussi), signant quelques romans au Fleuve Noir dans les collections Anticipation et Espionnage du Fleuve Noir. Il signait alors sous le pseudonyme de Samuel Dharma. Dharma qui signifie selon les spiritualités et religions indiennes l'ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. Des litres d’encre plus tard, je l’ai retrouvé signant de son nom, Thomas Bauduret, des traductions et des romans sous le pseudonyme collectif de Jeffrey Lord. Puis pour des nouvelles et des romans sous son nouveau pseudonyme de Patrick Eris, des ouvrages intéressants pour ne pas dire remarquables, chez des éditeurs divers qui peu après disparaissaient, et qui ne lui offrirent pas la reconnaissance littéraire qu’il méritait auprès des critiques spécialisés ayant pignon sur rue. Mais c’est le lot de nombreux auteurs qui œuvrent en silence avec talent mais auxquels la notoriété ne veut pas tenir compte, alors que de nombreux pisse-copies s’étalent sans vergogne sur les étals des librairies, portés par des éditeurs plus riches et plus influents. Malgré tout, Patrick Eris, continue son chemin, de croix (?) sans barguigner, offrant des textes à quelques fidèles qui un jour ne seront plus seuls à reconnaître ses mérites. C’est un auteur ainsi qu’un traducteur et un éditeur exigeant, et en compagnie de son ami Christophe Thill a créé les éditions Malpertuis qui publient peu mais bien, donnant souvent leur chance à de nouvelles plumes. Nous sommes loin de ce recueil j’en conviens, car théoriquement l’objet de cette chronique est de présenter cet ouvrage. Mais il me semblait indispensable que ces prolégomènes soient rédigés afin de mieux discerner l’auteur de ces nouvelles, parfois des rééditions de textes publiés dans des fanzines méconnus, parfois inédites. Loin de moi l’idée ou l’envie de tout vous disséquer mais je vous invite à vous pencher sur les inédits, ces perles que l’on écrit parfois pour soi et que l’on exhume sous la pression d’amis bienveillants, mais également sur quelques textes confinés dans des revues, hélas, défuntes. L’angoisse, la peur, le fantastique, l’uchronie, la sociologie, la violence urbaine, autant de thèmes abordés à travers près de quarante ans d’écriture, et l’on se rend compte que dès ses débuts, avec Enfer au ralenti et A chacun sa nuit, Patrick Eris maîtrisait son écriture et ses sujets. Il porte un regard incisif sur des sujets actuels, tout en les enveloppant dans une atmosphère qui les inscrit dans une autre dimension et leur confère une aura intemporelle. Entre ces nouvelles sont intercalés des entractes, des interludes au doux nom de Chroniques de la zone interdite qui défilent comme dans les années 1960, à la télévision, le Petit train rébus de Maurice Bruno. Des petits textes de trois lignes ou plus, qui pour la plupart lorgnent vers La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède alias Pierre Desproges. Des aphorismes, des pensées, des réflexions, des embryons de scénario, et autres. Parmi ces 38 textes, j’en ai relevé un qui donne à réfléchir. Certains mots choquent une frange féminine obsédée par le harcèlement et conduisent à des dérives inappropriées. Ainsi, que pensez-vous de ceci : Le professeur de chant s’étonna que ses élèves le traînent devant la justice pour harcèlement sexuel. Pourtant, leurs témoignages unanimes étaient accablants : ce pervers ne cessait d’exiger qu’elles chantent avec leur diaphragme… Comme quoi il faut bien réfléchir et se demander si un mot ne possède pas plusieurs significations. Même si la préface est signée de mon nom, je me dois, en toute honnêteté, avouer qu’elle doit en grande partie à Anton, mon mentor en la matière, mon guide quant à la finalité de la rédaction.
Sommaire : Le seigneur des mouches : Première publication chez Ska, collection Noire sœur. 2016. Nouvelle star : Première publication chez Ska. 2015. Vol plané : Première publication chez Ska. 2013 Maggie et moi : Première publication dans Carfax N°30. Mai 1987. Quelque part, quelque chose : Première publication dans Histoires malsaines sous le nom de Thomas Bauduret. 1985. Les architectes de la peur : Inédit Enfer au ralenti : Première publication revue Thriller N°13. 1983. Sous le nom de Thomas Bauduret. A chacun sa nuit : Première publication revue Thriller N°16. 1984. Sous le nom de Thomas Bauduret Effigie : Inédit Quelques grammes de chair : Première parution dans l’anthologie Légendes abyssales. Editions Mythologica. 2016. Yeux-de-feu et M. Colt : Première parution dans l’anthologie Dimension Western. Editions Rivière Blanche. 2017. Les annihilés : Inédit
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http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2017/11/patrick-eris-nouvelle-star.html
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