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RENE ERBE |
Le Crime Est SignéAux éditions LITTERAIRES ET ARTISTIQUES |
149Lectures depuisLe mercredi 16 Octobre 2019
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Une lecture de |
Collection du Dragon vert. Editions Littéraires et Artistiques. Parution 1945. 48 Pages. D’accord, mais par qui ? Depuis leur création, les Galeries Rivoli n’ont pas changé leur politique commerciale. Seulement, au risque de déplaire à leur clientèle, âgée le plus souvent, le conseil d’administration se résout à accepter et mettre en œuvre les propositions Raoul Déchaux, le conseil en publicité. Chassagny, l’administrateur délégué depuis 1888, soit plus de trente ans d’exercice, se soumet, non sans rechigner, à remplacer le gaz par l’électricité, à installer des ascenseurs, des machines à calculer. A adopter le modernisme dont se sont déjà inspirés ses concurrents. Car la courbe des ventes dégringole dangereusement, et si un sursaut n’est pas envisagé, c’est la fin des Galeries Rivoli. Dessinateur en publicité, Alain Ménard est reçu par Charmont, le chef de la publicité des Galeries Rivoli, un ami intime. Ils discutent de l’innovation sensationnelle qui devrait redonner du lustre à ce grand magasin. Une collection d’été, quatre-vingts modèles présentés par les plus élégants mannequins de Paris, dans une ambiance musicale sous le patronage d’un orchestre de jazz dirigé par Fred Sparton, est organisée. Une salle de spectacle a été édifiée à l’intérieur du hall central, avec un immense écran blanc dressé pour la projection des décors, une passerelle suspendue permettant aux mannequins de défiler en sortant des pièces aménagées. Le début de la représentation est imminent. Un premier incident se produit lorsque les clichés qui devaient être projetés sont retrouvés brisés. Soudain, l’assistant de Charmont leur apprend qu’un meurtre perpétré dans la cabine des mannequins vient d’être découvert. C’était la pause, et seule Raymonde Rouleau ne s’était pas jointe à ses collègues pour se rafraîchir durant l’entracte. Ils croisent Michel de Lapelle, le directeur général, tandis que Mareuil, le chef de la police privée du magasin, les rejoint. Raymonde est affalée sur sa table de maquillage, qui sert aussi de table de démaquillage, un poignard dans le dos. Dans la pièce attenante, la chef habilleuse qui reprise une robe légèrement déchirée, et la femme de ménage, chargée de nettoyer entre les deux représentations, n’ont rien vu. Elles ont juste entendu un petit cri, puis un bruit sourd et une sorte de roulement. C’est la technicienne de surface, qui n’était pas ainsi dénommée à l’époque, qui a découvert le corps. Alain Ménard est intrigué, et se sent pousser une vocation de détective. D’ailleurs il a l’intention d’ouvrir une agence, mais pour cela il lui faut trouver assez d’argent pour réaliser son entreprise. Quelques soupçons se portent sur Lapelle, qu’il a croisé, mais également sur Fred Sparton, le chef d’orchestre, qui avait rendu visite à Raymonde peu avant. Ils étaient fiancés mais ils ne s’aimaient pas. Pas assez pour se marier, du moins c’est se qui ressort de l’entretien qu’Alain Ménard et son ami Charmont ont avec lui, en compagnie du commissaire de police arrivé sur les entrefaites. Un nouveau personnage s’immisce dans l’enquête, Louvel, l’un des plus anciens clients des Galeries Rivoli, qui durant des années fut détective privé d’une banque importe en Extrême-Orient, et qui parfois aide Mareuil de ses judicieux conseils. Il s’est reconverti comme romancier de littérature policière.
Une enquête classique, avec de petits indices placés ça et là, surtout à l’attention de Ménard qui découvre une petite boule de poussière, un mouton, alors que le ménage venait d’être fait. Mais ce qui ressort principalement de ce roman, ce sont les antagonismes entre anciens et modernes dans la conception de la vente et de l’agencement des magasins. Pour ne pas avoir voulu évoluer, le responsable des Galeries Rivoli (une enseigne qui ne manquera pas de raviver des souvenirs) se trouve confronté au dilemme d’une régression des ventes. Et lorsqu’il envisage des transformations, c’est le conseil d’administration et les anciens clients qui poussent les hauts cris. Même si l’on ne peut admettre le modernisme à tout prix, il faut bien avouer que des transformations sont parfois nécessaires, ne serait-ce que pour appâter le chaland.
Les habitudes font partie des choses que les gens défendent avec le plus d’âpreté et d’est légitime, répondit en souriant monsieur Louvel. A partir d’un certain âge, on ne conçoit même plus la possibilité d’en changer. Ce qui explique l’obstination farouche que mettent certains vieillards à ne rien modifier aux détails souvent les plus futiles de leur existence.
La technique du roman policier demeure toujours identique à elle-même : recommencer l’histoire à l’envers en essayant de camoufler l’assassin. |