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CHARLES EXBRAYAT |
Des Demoiselles Imprudentes...Aux éditions LIBRAIRIE DES CHAMPS ELYSEES |
699Lectures depuisLe mercredi 24 Avril 2019
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Une lecture de |
: Roman policier classique. Le Masque Jaune N°721. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution 2e trimestre 1961. 254 pages. Malgré les recommandations parentales, il y en aura toujours qui écouteront les beaux parleurs ! A quelques jours de la retraite, le vieil inspecteur Toone de Vos pense en avoir fini avec les enquêtes, même si le commissaire de Conninck possède en instance, voire en souffrance, un dossier épineux. Des jeunes filles de Gand et de sa région retrouvées en Argentine, travaillant dans des clubs réservés aux hommes. Toutefois il est contrarié quand il apprend que son fils, jeune policier qui travaille également dans le même commissariat de l’Houtdoklaan, dans le quartier populaire du Muide à Gand, que son fils Jef va retrouver Siska, laquelle était partie depuis un mois. Toone préférerait que son fils se fiance avec l’aimable Greta, la fille de l’épicier. Siska avait gagné un radio-crochet de village et elle avait suivi un beau parleur. Seulement au bout d’un mois, elle s’est rendu compte que les promesses de l’homme n’étaient que du vent. Jef accepte de la rencontrer vers vingt-deux heures dans un parc, malgré les recommandations paternelles. Peu après le cadavre de Siska est découvert et naturellement Jef est soupçonné. Il préfère s’enfuir que de se rendre à ses collègues policiers. Toone va donc entreprendre une enquête en marge puisque c’est son fils qui est en cause. Officiellement, c’est son collègue Piet qui est chargé par le commissaire de résoudre cette affaire. Mais les relations entre Toone et Piet sont équivalentes à celle d’un chien avec un chat. Un relent de jalousie de la part de Piet. Jef fait sa réapparition, et Toone obtient, puisqu’aucune preuve probante n’est retenue contre son fils, que celui-ci réintègre le domicile familial. Toone pense qu’un petit malfrat du nom de Deeske, un pilier de bar un voyou affublé d’une sœur qui n’a de cesse de le défendre, pourrait être à l’origine de ce meurtre. Une autre jeune fille est également assassinée, et à nouveau Jef est soupçonné, puisqu’elle aurait affirmé l’avoir aperçu peu auparavant dans le parc en compagnie de Siska. Alors que Jef avait juré n’avoir trouvé qu’un cadavre. Edmond Maes, l’oncle de Jef et beau-frère de Toone, ainsi que sa femme sont souvent présents à dîner chez les de Vos. Si Edmond est un homme effacé, représentant de commerce et donc souvent en déplacement, sa femme Justine, sœur de celle de Toone, ne passe pas inaperçue avec toutes les breloques qu’elle porte aux poignets et autour du cou. Dans le quartier du Muide, les langues vont bon train, surtout chez les commerçants. Certains défendent avec acharnement Toone et son fils, tandis que d’autres n’hésitent pas à propager des rumeurs et même accuser de tous les maux Jef. Toone est un vieux policier apprécié de la plupart de ses concitoyens, mais quelques-uns d’entre eux lui vouent une rancune tenace pour de petits faits qui prennent des proportions lors des discussions et des échauffourées. Enfin, il y a ceux qui tergiversent, changeant d’opinion et se rangeant auprès de ceux qui étalent leurs affirmations fallacieuses sans vergogne.
Dans ce roman, qui pourrait être un clin d’œil à Simenon, l’auteur joue entre roman policier et roman noir classique, mais souvent avec cet humour qui le caractérisera la plupart du temps dans ses romans dits humoristiques. On retrouve bon nombre de scènes dont il usera, aussi bien dans les séries du policier italien Tarchinini, père de famille un peu bonasse, et la volcanique et caractérielle Imogène. Les confrontations entre les habitants du Muide sont hautes en couleurs, chacun défendant sa position avec plus ou moins d’hypocrisie et de ressentiment. Les dialogues sont savoureux ce qui n’empêche pas que la construction de l’énigme policière est imparable, même si le lecteur en vient à deviner l’identité de la ou du coupable. Et les relations entre Toone et son collègue sont également décrites avec réalisme, justesse, mais là encore avec cette pointe d’humour dont Exbrayat raffolait. Exbrayat savait regarder son entourage, ses concitoyens, les brocardant parfois mais toujours avec tendresse. Et sous des dehors humoristiques, il mettait en scène, sous couvert d’un roman d’énigme, un fait de société dont on ne parle plus guère mais qui dans les années 1950 et suivantes, était dénoncé dans les médias sous l’appellation de traite des blanches.
Le métier des policiers n’est pas de poursuivre des innocents ! |
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