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STANLEY ESKIN |
Simenon, Une BiographieAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
1827Lectures depuisLe dimanche 26 Fevrier 2012
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Une lecture de |
Le genre policier vise avant tout à satisfaire un besoin élémentaire de Justice : il s’agit d’arrêter le coupable… Néanmoins, empruntant le plus souvent une voie médiane, les Maigret évitent de complètement décevoir les attentes des amateurs de vrais romans policiers comme celles des amateurs de vraie littérature. Maigret, personnage empreint de douceur et foncièrement sympathique, parvient à concilier les bonnes grâces de ces deux catégories de lecteurs, et il les mènera tranquillement où il veut. Et de fait Maigret sera le catalyseur entre amoureux de littérature policière, même si parfois ceux-ci se sentent frustrés en l’absence d’une véritable enquête, et entre les rigoristes d’une littérature dite sérieuse. Simenon lui-même, après avoir abandonné Maigret, reprendra son héros. D’ailleurs le dernier roman écrit sera un Maigret : Maigret et Monsieur Charles. Pourtant il n’aura de cesse de vouloir écrire de « vrais » livres, talonné par ses amis, André Gide, Marcel Achard, Jean Cocteau entre autres, qui cependant se satisfont de ses œuvres. Des romans, Simenon en a écrit, des centaines, au début sous pseudonymes aussi variés et loufoques tels que Gom Gut, Plick et Plock, Bobette, etc. aussi ronflants que sérieux, tels Jean du Perry, Georges d’Isly, Christian Brulls, Jean Dorsage et Georges Sim. Lorsque se sentant enfin mûr pour abandonner la production de romans d’aventures et se lancer sous son patronyme en littérature, Simenon et ses personnages souvent se confondent. Empruntant à ses souvenirs d’enfance, de voyages, de personnages connus ou entrevus, Simenon s’investira dans ses œuvres. Seul le commissaire ne lui ressemblera pas, ou si peu. Maigret, sage, posé, pondéré, dont les seuls vices à l’image de son créateur sont de se laisser facilement tenter par les petits verres et de fumer la pipe. Stanley Eskin, dans cette monumentale biographie de Simenon, cerne le personnage et le lecteur assidu de Simenon, comprendra souvient mieux ce que Simenon a voulu écrire, exprimer au travers de ses romans. Stanley Eskin perce l’intimité de Simenon au travers de ses écrits, romans et récits, mémoires et confessions, et l’écrivain, tout en restant sur un piédestal devient plus humain, plus accessible parce que plus proche de ses lecteurs. Une biographie honnête dans laquelle sont mis à nu ses qualités et ses défauts, avec un réel souci de vérité, sans flatter mais également sans déprécier l’homme, l’écrivain et son œuvre. Le lecteur, par moments, ressent l’impression de se conduire en voyeur. Faut avouer que Stanley Eskin explore jusqu’à la sexualité et les besoins, immenses et libérateurs, simenoniens. Une biographie qui donne envie de lire ou relire Simenon, avec un œil neuf, et pour ma part, je regrette que les tentatives de rééditions des romans sous pseudonymes, entreprises au début des années 80 par les Presses de la Cité et Julliard, n’aient pas aboutis et eu plus de succès. |