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GUY DE MAUPASSANT |
Le Verrou Et Autres Contes GrivoisAux éditions GALLIMARDVisitez leur site |
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Une lecture de |
Collection Folio 2€. N°4149. Editions Gallimard. Parution le 6 janvier 2005. ISBN : 978-2070305360 Les jeux de l’amour et du falzar… La femme est omniprésente dans l’œuvre de Guy de Maupassant. Qu’elle soit jeune fille, jeune femme, mère de famille, veuve, travailleuse manuelle ou charnelle, prude ou horizontale, souvent il s’agit pour elle de trouver auprès d’un homme réconfort moral, physique, pécuniaire. Et les hommes ne sont pas montrés sous leur meilleur jour, coureurs de jupons la plupart du temps, ne pensant qu’à leur satisfaction personnelle et à étoffer leur tableau de chasse. Des égoïstes, imbus d’eux-mêmes, hâbleur, ou tout simplement en manque d’affection. Cela arrive aussi ! Mais Guy de Maupassant, tout en étant réaliste, sait parfois ajouter la pointe d’humour finale d’un texte tendre et dur à la fois.
Le verrou, qui donne son titre au recueil, débute par une réunion de vieux garçons, des célibataires endurcis, qui se retrouvent afin de parler de leurs exploits de lits. L’un d’eux narre, comment, alors qu’il n’avait que vingt-deux ans, il a été amené à connaître une femme de trente-cinq ans. Mais il vivait chez ses parents, et elle ne désirait ni aller chez elle, ni dans un hôtel. Alors il lui fallu prendre une chambre en ville. Mais parfois il existe quelques inconvénients à laisser la porte ouverte. C’est un homme suffisant, qui déclare sans vergogne : Celle dont je parle nourrissait assurément une furieuse envie de se faire avilir par moi. Ce qui démontre le caractère malsain dont Guy de Maupassant tient en estime ses congénères. Si l’auteur a pris pour décor la plupart du temps Paris ou la Normandie, il n’hésite pas à emmener son lecteur dans des contrées plus exotiques, dont l’Algérie, où il séjourna deux mois environ en 1881. C’est le cas pour Marroca et Allouma, se mettant plus ou moins en scène ou prenant un protagoniste qui vit comme colon, affirmant comme une vérité première, afin de s’exonérer des vilénies passées et à venir : Oh ! mon ami, il est deux supplices de cette terre que je ne te souhaites pas de connaître : le manque d’eau et le manque de femmes. Lequel est le plus affreux ? Je ne sais. Dans le désert, on commettrait toutes les infamies pour un verre d’eau claire et froide. Que ne ferait-on pas en certaines villes du littoral pour une belle fille fraîche et saine ? Car elles ne manquent pas, les filles, en Afrique ! elles foisonnent, au contraire ; mais pour continuer ma comparaison, elles y sont toutes plus ou moins malfaisantes et pourries que le liquide fangeux des puits sahariens. (Marroca). Cette expérience africaine est aussi le reflet de l’esprit de l’époque, partagé du moins par une grande partie de nos compatriotes, état d’esprit qui perdure et trouva son sommet durant ce qui fut considéré comme les événements d’Algérie. Le colon chez qui héberge le narrateur, probablement Guy de Maupassant lui-même, narre une aventure qui lui est arrivée avec une jeune femme arabe. Il déclare sans vergogne : Elle dut mentir d’un bout à l’autre, comme mentent tous les Arabes, toujours, avec ou sans motif. Et il enfonce le clou en ajoutant : C’est là un des signes les plus surprenants et les plus incompréhensibles du caractère indigène : le mensonge. Ces hommes en qui l’islamisme s’est incarné jusqu’à faire partie d’eux, jusqu’à modeler leurs instincts, jusqu’à modifier la race entière et la différencier des autres au moral autant que la couleur de la peau différencie le nègre du blanc, sont menteurs dans les moelles au point que jamais on ne peut se fier à leurs dires. Est-ce à la religion qu’ils doivent cela ? Je l’ignore. Des propos entendus, je le suppose, durant son court séjour et que Guy de Maupassant rapporte, peut-être, afin de mieux cerner la personnalité du protagoniste et d’en développer l’aspect vénal.
Dans l’Idylle, la nouvelle la plus charmante, la plus attendrissante du recueil, le lecteur voyage dans un train, s’immisçant dans l’intimité de deux voyageurs natifs du Piémont. Une femme encore jeune et mamelue et face à elle un jeune homme efflanqué. Tous deux se rendent en France à la recherche de travail. Elle doit servir de nourrice, ayant placé ses petits dans de la famille, mais le voyage est long et bientôt elle n’en peut plus. Ses seins sont gonflés, manque de marmaille à s’accrocher au bout. Et elle a besoin d’être soulagée de cette montée de lait qui l’indispose. La patronne, c’est cette brave dame, tenancière d’une maison garnie et qui n’accepte aucune intrusion féminine dans les chambres qu’elle loue à des représentants du sexe masculin. Pourtant l’un d’eux, qui vient de charmer une demoiselle, tente de faire pénétrer sa conquête dans son logis. Ce qui n’est pas au goût de sa logeuse. Les épingles, ce sont ces petits objets qui servent à tenir les cheveux. Deux jeunes hommes discutent et l’un d’eux narre l’aventure qui lui est survenue alors qu’il courtisait deux femmes à la fois. Il lui fallait jongler avec ses rendez-vous, son habitude bénéficiant de jours précis dans la semaine, et l’occasionnelle n’ayant le droit de se présenter qu’à d’autres jours de la semaine. Jusqu’à ce que les deux conquêtes lui font défection. Il se rend successivement chez elles les trouvant chacune en train de lire, aucunement perturbées par le lapin qu’elles lui ont posé. Enfin, Les Tombales met en scène une de ces jeunes veuves, ou prétendues telles, qui hantent les cimetières, n’hésitant pas à s’épancher sur l’épaule compatissante d’un homme, puis le suivant au café puis chez celui-ci. Des Horizontales qui ont trouvé un nouveau terrain d’approche du client.
Grivois est peut-être un bien grand mot pour qualifier ces nouvelles qui cernent l’aspect de la recherche du plaisir, d’un côté comme de l’autre, car si certaines jeunes filles se montrent naïves, elles ressentent parfois des besoins charnels. Il en va de même parfois des éléments masculins. Mais ces études de mœurs ne tombent pas dans le graveleux ou l’obscène, ni même dans l’égrillard, juste des suggestions et encore. Parfois tout est dans le non dit, ou simplement évoqué, sans s’appesantir, mais en aucun moment la description des actes n’est à mettre au compte de l’auteur. Il s’agit surtout de mettre en avant le caractère de l’homme désireux de conquérir la femme, la plupart du temps, et de le placer dans des situations dans lesquelles il est quelque peu le dindon de la farce. Ce qui ne le corrige pas pour autant.
Sommaire Le verrou Marroca La patrone Idylle Les épingles Allouma Les tombales
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