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MARIE DEVOIS |
Turner Et Ses OmbresAux éditions COHEN & COHENVisitez leur site |
1479Lectures depuisLe jeudi 3 Aout 2017
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Une lecture de |
Camille Magnin est l’épouse de Paul, officier de police au commissariat de Quimper. Ils ont deux jumelles âgées de dix ans, Nina et Pauline. Étant occupé par diverses enquêtes, Paul Magnin a organisé pour Camille un voyage à Londres. Il a réservé dans un hôtel de grand standing, sur Piccadilly. Il sait que Camille apprécie l’œuvre du peintre William Turner. Elle pourra ainsi visiter l’exposition qui lui est consacrée à la Tate Britain, célèbre musée londonien. Faire du shopping et flâner dans cette ville, aussi. Mais, peu après son arrivée, Camille ne répond plus aux appels téléphoniques de Paul. Selon les responsables de l’hôtel, il semble qu’elle n’ait pas passé la nuit précédente dans sa chambre. Paul ne tarde pas à contacter son collègue et ami John Adams, de Scotland Yard. Sans attendre un feu vert officiel, ce dernier entame l’enquête sur la disparition de Camille. En effet, la jeune femme a été enlevée, sans doute droguée. Elle est séquestrée dans une pièce où est diffusée fortement une chanson agressive. De temps à autres, des personnes portant des sortes de scaphandres l’alimentent. Peu à peu, elle se remémore le début de son séjour à Londres. Elle a retrouvé des quartiers qu’elle connaissait, avant d’aller à la Clore Gallery. Devant les tableaux de Turner, Camille a croisé par hasard une journaliste, Deborah Keynes. Pour le reste, ses souvenirs sont très flous. Elle se demande la raison de son enlèvement, de cette musique, de ce crucifix dans la pièce. Pendant ce temps, John Adams est aussi occupé par une pollution mal explicable aux colorants dans la Tamise. On va bientôt découvrir dix gros rats d’égouts morts, exposés dans la Tate Britain. Mauvaise plaisanterie ou mise en scène à prétention artistique, ces faits ont évidemment un sens. À l’hôtel, Paul s’est installé dans la chambre retenue pour Camille. Les traces du passage de sa femme ne lui offrent guère de piste sérieuse. Il apprend qu’à l’emplacement du musée, se trouvait au 19e siècle une vaste prison, destinée en particuliers aux déportés. Y a-t-il un lien avec la disparition de Camille, et avec les méfaits commis autour de la Tate Britain ? En ce qui concerne les rats morts, John Adams et lui découvrent la référence à un tableau connu de William Turner. La pollution peut également s’associer à cette toile. Alors que des vêtements de Camille apparaissent, étalés près du musée, le tableau en question de Turner est dérobé. À sa place, une sinistre photographie immense en noir et blanc, et un message indiquant une date. Une précision qu’Adams exploite, cherchant un événement ayant pu se produire le jour indiqué. Même si Camille est libérée, elle n’aura pas pu voir les visages de ses ravisseurs, ni savoir ce qu’ils lui voulaient alors qu’ils n’ont pas exigé de rançon. Une mort suspecte – meurtre ou suicide – en rapport direct avec le musée relance les investigations de John Adams, et d’une jeune policière de ses services… (Extrait) “Le directeur marchait d’un pas d’automate. Il était blanc comme neige. Lequel de ses salariés s’était-il rendu complice de cette mise en scène ? Il avait visité à plusieurs occasions le blog des employés du musée pour connaître leur ressenti. La plupart de ceux qui s’y exprimaient confiaient qu’ils aimaient la Tate car on y travaillait dans une très bonne ambiance, et ils côtoyaient des artistes et des gens pleins de talent. Certains évoquaient l’extraordinaire et fort divertissant "jeu des questions". Andrew Pill avait soudain l’impression d’avoir été trompé. Humilié. Il était là depuis plusieurs mois et n’avait pas remarqué que le navire prenait l’eau de tous côtés. Subtilement l’image de la femme qu’il avait vu à différentes reprises à la télévision et sur les clichés qu’on lui avait présentés s’imposa à lui. Était-elle morte quelque part dans une des réserves ? Au point où ils en étaient, il n’était plus convaincu que cela serait impossible. Seulement imprévisible. Il sentit son estomac se serrer…” Dans cette collection Art Noir, aux Éd.Cohen & Cohen, Marie Devois a utilisé en filigrane l’univers de plusieurs peintres : Van Gogh en 2014 (Van Gogh et ses juges), Velàsquez en 2015 (La jeune fille au marteau), Gauguin en 2016 (Gauguin mort ou vif). Cette fois, c’est l’artiste britannique Joseph Mallord William Turner (1775-1851) qui est à l’honneur. Sans doute est-il bon de souligner qu’il ne s’agit pas d’un polar historique, qui replacerait Turner en son époque. L’intrigue est contemporaine, dans le Londres actuel, tournant autour de la Tate Britain (que l’on appelait naguère la Tate Gallery) sur Millbank, face à la Tamise. Un haut-lieu de l’Art, qu’il faut avoir eu la chance de visiter au moins une fois dans sa vie. Qui dit police, dit enquête. Et dès que c’est Scotland Yard qui s’en charge, cela ne peut qu’exciter notre imaginaire. La Metropolitan Police londonienne conserve une réputation d’efficacité. Toutefois, Marie Devois aime cultiver les ambiances où plane le mystère, non sans une dose de noirceur. C’est ainsi que nous observons Camille durant sa séquestration avec toutes les questions qu’elle se pose. Son mari Paul est loin de se montrer inactif, de même que son confrère anglais. Mais ne faut-il pas s’interroger sur le policier quimpérois, le mieux placé pour faire kidnapper son épouse ? Énigmatique et bien maîtrisée, cette histoire nous offre une très agréable lecture.
Collection ArtNoir. Parution le 24 mai 2017. 282 pages. 21,00€. Des ombres en pleine lumière... Se réveiller dans une pièce dépouillée, aux murs blancs, avec comme décoration un crucifix, et subir en boucle la chanson Hailstones des Tigers Lillies, ne plus se souvenir comment elle est arrivée là, voilà de quoi désemparer Camille Magnin, venue à Londres pour quelques jours, sur l'instigation de son mari, Paul, commandant de police à Quimper. Elle ne porte sur elle qu'un tee-shirt, on lui a ôté ses vêtements, et pour manger elle a droit à un plateau garni que vient lui servir une espèce de scaphandrier. Homme ou femme le scaphandrier mutique ? Et cette musique lancinante qui lui martèle le crâne, alors qu'auparavant elle l'appréciait. Peu à peu les souvenirs remontent à la surface. Non, elle n'est pas amnésique, juste les quelques instants, minutes ou heures qui ont précédé son enlèvement lui échappent. Elle se souvient qu'elle était venue à Londres visiter, entre autres, la Tate Britain, et s'imprégner des œuvres de Joseph Mallord William Turner exposées dans la Clore Gallery. Des peintures postimpressionnistes impressionnantes.
Pendant ce temps, à Quimper, Paul Magnon s'inquiète. Cela fait deux jours maintenant qu'il n'a pas eu de nouvelles de sa femme, alors qu'au début de son séjour elle fui téléphonait régulièrement. Il en informe un de ses collègues britanniques, le superintendant John Adams, dont il a fait la connaissance lors d'un séminaire et avec lequel il est resté en relations. Le policier promet de s'impliquer dans la recherche de Camille, en compagnie de son adjoint, mais une autre affaire requiert ses services. Une nappe rouge s'étend sur la Tamise, à proximité de la Tate Britain, ressemblant à un écoulement de sang, et des passants ont entendu une musique provenant de nulle part. Puis c'est une installation au goût douteux découverte par des gardiens et dont la signification leur échappe qui s'offre à leurs regards. Et un tableau de Turner est subtilisé, La dixième plaie d'Egypte. Quel rapport existe-t-il entre ces événements pour le moins anachroniques et quel lien avec l'enlèvement de Camille peuvent-ils se rattacher ? Autant de questions que se posent Paul Magnin et John Adams, d'autant que des interrogations légitimes se forgent dans leur cerveau. Et dans celui de Camille qui va être libérée, lâchée dans la nature. Des doutes mettent en cause l'intégrité du couple. Paul serait-il à l'origine de cette captivité puisqu'à priori il est le seul à connaître la passion de Camille pour les Tiger Lillies ? Ce n'est que l'une des suppositions qui traversent les esprits, mais d'autres surgissent nuisant aux relations entre toutes ces personnes et à la bonne résolution de l'enquête.
Si dans la première partie de l'histoire, et surtout avec les images de la Tamise ensanglantée et autres événements incompréhensibles pour les enquêteurs, plane un petit air d'intrigue à la Fantômas et autres feuilletons du début du XXe siècle qui empruntaient au sensationnel, la seconde partie est plus tournée vers le roman à suspense additionné d'une réflexion sur le rôle du mécénat et ses imbrications hypothétiques en ce qui concerne leurs motivations, de même que sur celui de certains journalistes. |
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