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MICHEL DOZSA |
Le Calvaire Des InnocentsAux éditions PATRIMOINE ET SOCIETE |
619Lectures depuisLe mardi 7 Decembre 2016
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Une lecture de |
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Collection Investigations. Parution juin 2014. 296 pages. 10,50€. Des innocents qui perdent la tête, c'est un calvaire ! Tous les lundis, depuis deux ans à dix heures pile, Marcel se rend sur la tombe de sa femme dans le petit cimetière de La Clarté dans les Côtes d'Armor. Un dernier hommage hebdomadaire. Mais depuis quelque temps, il a également rendez-vous avec une jeune femme dont le mari est enterré non loin de la tombe de sa femme. Elle s'appelle Cécile Conforlo, et après avoir bu un verre ensemble au café proche du cimetière, ils se promettent de se revoir, même heure, même endroit. Jusqu'au jour où Marcel attend la venue de Cécile, en vain. Arnaud est un adolescent bipolaire, fils d'un riche magouilleur dans l'import-export. Il a poursuivi ses études, a ressenti quelques vagues velléités de travail, mais il préfère vivre aux crochets de son père. Alors il partage son temps dans le vaste appartement familial et un squat dans un vieil immeuble promis à la démolition situé dans un quartier populaire. Sa mère vaque entre deux réunions avec des amies (ou amis, qui sait) et des plongées dans leur piscine privée. Quant à son père, il le délaisse. Rien d'étonnant à cela qu'il ait entretenu une forme de déprime. Il a en tête des envies de s'adonner à une activité qui pourrait le rendre intéressant, visible aux yeux de tous. Il a décidé de tuer quelqu'un, mais d'une façon peu commune. Il lui faut chercher comment résoudre ce problème tandis qu'il regarde par la fenêtre du squat la benne à cartons disposée dans la cour. Et il doit assister le soir même à une réception organisée par son père. En Bretagne, non loin de Perros-Guirec, Ronan Magyar, ancien policier des brigades spéciales reconverti comme détective, et Morgane, sa jeune compagne journaliste, vivent soit chez soit chez l'autre, au gré des envies. Pour l'heure, ils sont ensemble dans un mobil-home installé au fond du jardin dans la propriété d'Hubert, un ami, et Ronan vient de recevoir un appel téléphonique l'invitant à une réception chez Ghyslain de la Motte de Cran, le père d'Arnaud. Cette invitation cache un autre but que de faire connaissance entre voisins, de la Motte de Cran étant nouvellement propriétaire d'une résidence dans la région. La Motte de Cran reçoit depuis quelques temps des lettres, anonymes bien entendu, d'intimidation.
Une tête de femme est retrouvée sur une statue parisienne en remplacement de la légitime en pierre, une autre tête est retrouvée dans un jardin de Lannion, d'autres fleurissent des tombes un peu partout, tandis que Cécile Conforlo n'a pas réapparu, ce qui lui serait difficile puisque selon les policiers niçois où elle résidait, celle-ci serait morte depuis des mois, bref Ronan, et son amie Morgane, sont confrontés à un véritable pataquès morbide. S'agit-il d'une vengeance ou le fait d'un individu atteint de folie ? Ronan se trouve placé au cœur d'un imbroglio, impossible à démêler selon la quatrième de couverture, mais dont il saura quand même démêler les fils, non sans quelques accrocs au passage.
Ce roman pourrait n'être qu'une banale intrigue mi-provinciale mi-parisienne, de facture classique, mais justement la facture est plus complexe à déchiffrer qu'il y parait car des éléments extérieurs s'ajoutent, comme la TVA qui n'est pas annoncée au départ et obère le prix à payer.
Le lecteur voyage entre le Trégor et Paris à la recherche du coupable, mais également des motivations profondes qui animent celui-ci à semer ainsi des têtes coupées. En réalité il voit se profiler deux affaires, plus ou moins distinctes, lui qui pensait, dès le début du récit, connaître l'identité de ce coupeur de têtes. Michel Dozsa entraîne le lecteur à sa convenance dans des chemins parsemés de pièges et l'on se demande bien jusqu'où il va nous emmener, empruntant des passages non balisés, effectuant des retours en arrière, nous proposant des autoroutes et des routes secondaires comme pour mieux nous perdre, nous plongeant dans l'expectative, jusqu'à un épilogue issu du passé et particulièrement machiavélique.
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