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ALEXANDRE DUMAS |
Le Docteur MystérieuxAux éditions ARCHIPOCHEVisitez leur site |
1253Lectures depuisLe jeudi 3 Juin 2016
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Une lecture de |
Parution 1er octobre 2014. 7,65€. 240 pages Editions Coda. Contient la suite : La fille du marquis. Parution décembre 2009. 650 pages. Et des amputations mystérieuses... Des maisons d'éditions proposent depuis des années des rééditions de ce roman, soit en version numérique, soit en version papier, mais la plupart n'offrent que des versions abrégées ou largement amputées. Ce qui fait que de nombreux lecteurs ne reconnaissent pas la patte de Dumas (et de ses collaborateurs) et trouvent l'histoire un peu légère, principalement son approche de la Révolution. Aussi cette chronique est écrite d'après l'ouvrage paru en 1966 aux éditions Gérard dans la collection Marabout Géant N°256. 512 pages.
Médecin installé depuis trois années à Argenton, dans la Creuse, Jacques Merey préfère soigner les petites gens et refuse une patientèle riche et noble. Auparavant il habitait Paris et nul ne sait quelles furent les raisons qui l'ont amené dans cette petite ville de province. S'il est apprécié des pauvres, il est aussi décrié, car ses méthodes ne sont pas en concordance avec celles de ses confrères, des rétrogrades issus des médicastres mis en scène par Molière. Ainsi il hypnotise des malades et surtout des blessés afin de prodiguer les premiers soins sans être importuné par les cris de douleur de ses patients, et pouvoir opérer en toute tranquillité d'esprit, aussi bien pour lui que pour celui qui les reçoit. Et bien entendu, certains n'hésitent pas à propager la rumeur d'une quelconque sorcellerie de sa part tandis que d'autres ne cessent de louer son humanisme. En ce 17 juillet 1785, des gens du château de Chazelay sont dépêchés par le seigneur du lieu afin qu'il mette fin à la terreur qu'inflige un chien enragé dans la cour de la demeure. Il n'a pas l'intention de se déplacer mais Marthe, sa vieille servante, lui demande de rendre ce service, malgré son antipathie envers le marquis, car des valets et des paysans sont susceptibles d'être mordus par le canidé enragé. Celui qui se définit comme le médecin des pauvres et des ignorants parvient à maîtriser le chien en le regardant fixement dans les yeux et afin de lui épargner la vie, le recueille. L'animal se montre affectueux envers ce nouveau maître et quinze jours plus tard, l'entraîne au cœur d'une forêt proche d'Argenton jusqu'à une cabane. Vivent là un bucheron, braconnier à ses heures, et sa mère. Scipion, puisqu'ainsi se nomme le chien, leur fait fête mais surtout Jacques Merey aperçoit acagnardée dans un coin, une enfant. Il l'a ramène chez lui et en compagnie de Marthe la soigne, l'éduque, car Eva, ainsi décide-t-il de la prénommer, est une innocente, une idiote, qui ne parle pas et semble ne pas comprendre ce qu'on lui dit. Les seuls mouvements de sympathie, d'affection qu'elle montre, le seul sourire qui éclaire sa face, sont destinés à Scipion qui lui-même ne ménage ses démonstrations de joie à retrouver la gamine de sept ou huit ans. Chez lui, avec l'aide de sa fidèle Marthe et de Scipion, Jacques Merey va apprivoiser l'innocente, lui délier la langue, lui apprendre ensuite à lire, à jouer du piano, bref à transformer la chrysalide en un magnifique papillon, en employant des procédés innovants pour l'époque, comme l'électrothérapie. Et l'affection ressentie par le médecin envers sa jeune protégée se transforme peu à peu en un doux sentiment amoureux qui est partagé.
Sept ans plus tard, le Marquis de Chazelay a appris qu'Eva, qui est sa fille et se prénomme Hélène, a été soignée par Jacques Merey et qu'elle est devenue une jeune fille fort avenante et instruite. Il décide de la récupérer, au grand dam des deux amants (dans l'acception du terme du XIXe siècle, c'est à dire les deux amoureux) et de la placer dans un couvent. Jacques Merey remet Hélène solennellement au Marquis de Chazeley en lui formulant qu'elle est belle, chaste et pure digne d'être la femme d'un honnête homme. Une autre mission attend Merey, car il vient d'être nommé membre de la Convention et doit se rendre immédiatement à Paris, rejoindre ses amis Danton et Camille Desmoulins. Ceci se déroule en août 1792. C'est avec regret qu'il quitte Argenton, déclarant qu'il est un philosophe et non un homme politique, médecin et non législateur. Acerbe il continue sa diatribe auprès du maire d'Argenton qui lui a obtenu ce poste auprès de la Convention et lui dit de prendre sa lancette, le bistouri et la scie car il y a de l'ouvrage à la cour pour les médecins et surtout les chirurgiens en prononçant ces paroles : Comme chirurgien, la place est prise, et vous avec là-bas un terrible tireur de sang qu'on appelle Marat. Dans la capitale, Merey retrouve donc avec plaisir ses amis Danton et Desmoulins, et il participe comme émissaire aux batailles de Valmy puis de Jemmapes. Les heurts entre Danton, Robespierre, Marat et quelques autres ne font que s'amplifier et Danton est sur la sellette. Même si Merey ne partage pas tous les sentiments qui anime l'Aboyeur, le surnom du Georges Danton, il ne l'abandonne pas dans les moments critiques. Toutefois fidèle à son statut de médecin il vote la prison à perpétuité pour Louis XVI, refusant de se prononcer en faveur de la peine de mort. Un avis curieusement partagé par Monsieur de Paris, le bourreau Charles Sanson. Ce sont des années de Terreur et Jacques Merey est invité à surveiller les agissements de Dumouriez, convaincu de trahison. Il se rend utile aux généraux Arthur Dillon et Miakinsky, sous les ordres de Dumouriez, lors de batailles dans la Meuse, grâce à ses connaissances du terrain, étant natif de la région. Il se rend à Valmy, à Jemmapes, dans le nord de la France et en Prusse, toujours pour le compte de la Révolution, sans oublier sa jeune protégée. Il essaie de savoir où elle réside mais les événements se précipitent, et il est soit constamment par monts et par vaux ou à Paris assistant au démêlés qui mettent aux prises les principaux ténors de la Convention.
Connu pour ses infidélités à l'histoire de France, Dumas se défend par ces phrases : les historiens et même les légendaires ont été rarement justes pour Louis XVI. Les légendaires étaient presque tous de la domesticité du roi. Les historiens sont presque tous du parti de la République. Soyons du parti de la postérité, c'est le droit du romancier. S'il ne relate pas fidèlement les événements qui se sont déroulés entre 1792 et 1793, Dumas appose sa patte, et il est parfois virulent envers certaines personnalités de l'époque, et vitupère notamment contre le Pape Pie VI, le traitant de pontife bellâtre et l'accusant d'avoir ensanglanté la terre française, notamment par ses agissements et ses conseils dans la guerre de Vendée, des épisodes que ne connut pas le romancier mais sûrement informé par des écrits de son père, Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie dit le général Dumas. On retrouve la fougue qui a forgé le succès des Trois Mousquetaires et autres romans plus connus que ce méconnu Docteur mystérieux, mais également cette conviction révolutionnaire qui l'anime, tout en présentant certains des personnages historiques sous un jour complètement différent de celui qui nous est habituellement présenté. Danton, par exemple, dont il nous fait partager l'intimité et les convictions, se montre plus humain que le Danton des livres scolaires. Mais l'on sait que même les historiens, qui vivent bien longtemps après les événements décrits, se réfèrent à des textes souvent écrits soit par des laudateurs, soit par des partisans animés de mauvais esprit, et dont les textes reflètent souvent la partialité qui les anime. Ce roman posthume d'Alexandre Dumas parut pour la première fois en 1872, Dumas décédant en 1870, mais fut écrit en 1868 et fait partie de Création et Rédemption, la seconde partie étant La fille du Marquis. |
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