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JEANNE DESAUBRY |
Le Roi RichardAux éditions SKAVisitez leur site |
1415Lectures depuisLe jeudi 3 Juin 2016
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Une lecture de |
Nouvelle numérique. Collection Noire sœur. Parution mai 2016. 1,49€. ... a le cœur dans le pantalon... Il aime bien ses filles, Richard, trop bien même. Les petits cadeaux pour elles, les petites gâteries pour lui. Il a connu leur mère dans un bal, un mariage vite fait, deux gamines à trois ans d'écart, et tout le temps parti pour son travail. Au retour, tout pour ses filles, parfois des claques assaisonnées de gifle pour elle. Léna, onze ans et demi, Lou-Anne, trois ans de plus. Et puis un jour patatras, la mère qui s'aperçoit que Lou-Anne a du retard. C'est une règle quand on ne prend plus la pilule car paraît-il cela donne de l'acné. Les garçons doivent en ingurgiter plusieurs par jours à ce compte là. La mère, elle sait ce qu'il se passe lorsqu'elle a le dos tourné. D'ailleurs le Roi Richard, même s'il n'apprécie pas du tout ce surnom dont elle l'a affublé, ne s'en cache pas. En rentrant des courses avec Lou-Anne, la mère se rend compte que son mari a dû jouer comme souvent avec Léna. Il rajuste son pantalon négligemment. Même si au début la mère n'avait pas aimé les privautés entre père et filles, elle avait dû s'y habituer. Des câlins pour faire passer la pilule amère, des références bibliques ou mythologiques, et une incisive pétée afin qu'elle ne montre plus les dents. Le roi, sa femme et les petites princesses... Et tout va de mal en pis, ça dégénère, les coups et les douleurs ça ne se discute pas, ça s'encaisse sans rien dire.
Nouvelle noire, Le Roi Richard certes l'est, mais ce n'est pas une fiction, du moins telle qu'on voudrait que ce soit. Ces choses là ne se font pas, c'est bien connu. Pourtant la société regorge d'exemples similaires. Le règne patriarcal existe toujours, même si c'est plus caché, plus diffus. Et l'on sait bien que les bleus ne sont pas toujours le résultat d'une rencontre inopinée avec une porte et qu'une grossesse n'est pas le fait d'une liaison passagère avec un bel inconnu amant d'un soir. Jeanne Desaubry plante le stylo là où ça fait mal, avec concision, pudeur, retenue, sobriété, sans s'emberlificoter dans des détails inutiles, sans misérabilisme. Elle pointe avec justesse cette gangrène que certains ne veulent pas voir, réfutent même, le droit de cuissage familial qui n'est pas l'apanage des petites gens, mais que l'on retrouve dans toutes les couches de la société. Une nouvelle qui touche au cœur et laisse des bleus à l'âme.
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