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MARIE DEVOIS |
La Jeune Fille Au MarteauAux éditions COHEN & COHENVisitez leur site |
1320Lectures depuisLe dimanche 1 Mars 2015
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Une lecture de |
Parution 12 février 2015. 238 pages. 19,00€. La peinture à l'huile c'est bien difficile Mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau ! S'appeler Velàsquez, c'est bien, mais en être l'arrière-arrière-arrière (et j'en passe) petite-fille, ce serait mieux. Toute petite, à l'âge de sept ans, lorsqu'elle avait remarqué sur un magazine consacré à l'art cette analogie patronymique, Inès avait laissé courir son imagination et donc ce n'est pas par hasard si elle possède un double master en art et en droit, et travaille dans un cabinet d'avocats spécialisé dont la clientèle est composée de collectionneurs d'œuvres d'art ou d'acquéreurs déçus. Ils sont chargés de vérifier la provenance des ouvres et la régularité des transactions. Mais son rêve est de devenir un jour commissaire-priseur. L'une de ses passions est de consulter en ligne les catalogues d'enchères et une vente à Hendaye a attiré son attention. Il s'agit de procéder à la vente des toiles et objets ayant appartenu à Ambrosio Fernandez, dont la notoriété n'a guère dépassé les milieux professionnels, et qui était réputé pour peindre à la manière de Velàsquez et en offrant des copies de bonne facture. Dans la dépendance où a été assassiné Fernandez dix ans auparavant, de nombreux lots sont mis aux enchères, dont une toile défraichie, pour ne pas dire une serpillière qui aurait servie à essuyer des coulées de peinture, mais aux dimensions assez impressionnantes. L'unique grand format de la vente qui mesurait à vue d'œil plus de deux mètres de large sur quatre de haute. On l'avait sauvagement clouée au mur. Les bords découpés en vagues s'effilochaient et la presque totalité du tiers inférieur avait disparu sous une croûte brunâtre. Un véritable coup de cœur. Elle obtient cette toile malgré les enchères d'un concurrent pour un prix raisonnable. La toile possède un attrait indéfinissable et en l'examinant avec attention, relève certains détails, dont une inscription, qui lui titillent l'esprit et de vagues souvenirs. Deux mots situés presqu'en bas du tableau : Eliminatos foeliciter Elle vérifie dans ses notes, auprès d'un conservateur du Prado, et surtout, grâce à la propriétaire d'ne somptueuse résidence dont dépendait l'atelier et le logis du peintre, qui lui met à disposition une malle renfermant de vieux papiers, qu'elle est bien en présence d'une toile de Velàsquez portée disparue depuis l'incendie de l'Alcazar en 1734 : L'Expulsion des Morisques. Mais elle est suivie, son appartement est fouillé, or la toile ne semble pas intéresser ses visiteurs. Et Mijanou Etchebarne, la charmante vieille dame propriétaire du manoir et de la dépendance est elle aussi importunée et même séquestrée. Que recherchent donc ces individus ? Cerca Trova. Deux mots qui figurent derrière la toile et qui résonnent comme un mantra. Cerca trova : cherche trouve.
Après Van Gogh et ses juges, Marie Devois nous propose une nouvelle plongée dans l'art pictural. L'ombre de Velàsquez se profile derrière chaque page mais l'histoire se déroule bien de nos jours, même si en incrustation le lecteur assiste à l'incendie de l'Alcazar dans la nuit du 24 décembre 1734 et aux efforts des moines résidant dans le couvent voisin pour sauver les toiles du maître. Toiles qui étaient destinées au seigneur du lieu et que personne ne pouvait admirer, sauf les amis et les invités. Pouvez-vous imaginer ce que devait être un monde sans musée ?
Une double enquête est proposée dans ce roman. Enquête physique avec celle concernant l'assassinat de Fernandez, rapidement avortée par manque de preuves concrètes, et peut-être le laxisme des autorités policières et judiciaires de l'époque lors de la découverte du cadavre en 2003, et réouverture du dossier, puis enquête intellectuelle dix ans plus tard par la recherche sur l'origine de la toile et le décryptage des documents. Inès bénéficie de l'aide précieuse de son ami Damien qui grâce aux techniques modernes peut vérifier l'authenticité du tableau.
Marie Devois évite de tomber dans le piège du pédantisme, construisant son intrigue policière dans un contexte historique avec pour toile de fond la figure du grand peintre espagnol. |
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