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MICHEL DREAN |
Et Un, Et Deux, Et Groix… Zéro !Aux éditions LA GIDOUILLEVisitez leur site |
1222Lectures depuisLe jeudi 16 Octobre 2014
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Une lecture de |
Après une quinzaine d'aventures publiées chez Coop-Breizh, Léo Tanguy est de retour, aux éditions La Gidouille en 2014. Peut-être faut-il rappeler que ce quadragénaire rouquin est un cyber-journaliste. Il alimente son site Internet avec diverses infos sur l'Ouest de la France, mais surtout grâce à de sombres affaires dont personne d'autre ne veut parler. Léo a hérité du vieux camping-car Combi VW de ses parents. Ces retraités ex-hippies ont gardé la passion des voyages, confiant parfois leur chien Frilouz à Léo. S'il fait halte chez eux à Plouguer, le cyber-journaliste est généralement sur la route. Il ne peut oublier sa fiancée Soazig, décédée dans un accident d'avion. Il reste en contact avec son ex-amante Suzie, employée à la Préfecture de Quimper. S'il croise quelques adversaires, Léo compte beaucoup d'amis bien informés dans toute la Bretagne. Avec “Dernier train pour Ouessant”, pour son retour, Yvon Coquil a amené Léo à Brest. Pour une enquête sur la mort suspecte d'un de ses rares amis flics, un peu anar il est vrai, Frédéric Marquaux (que l'on surnommait Polo). Hospitalisé, son ami journaliste Yves ne peut guère l'aider. Mais Léo trouve refuge chez le vieux Zef, qui habite dans une maison singulière au lieu-dit Toul-Louz. La chargée de communication de la police s'en tient aux faits. Mais il pourra sans doute compter sur une autre alliée, la punkette Zoé, et quelques amis du coin. Traîner en ville et sur le port, un bon moyen de faire avancer son enquête. Bien que ce ne soit pas sans danger. Dans “Et un, et deux, et Groix… zéro !”, c'est jusqu'à un autre port que Michel Dréan fait voyager le cyber-journaliste. Début août, c'est l'effervescence qui règne à Lorient, pour le Festival Interceltique. Encore heureux que Léo parvienne à caser son Combi camping-car près de celui, moderne et rutilant, des sympathiques Hercule et Marie-Jeanne. Même si la profusion de stands aux produits pas toujours authentiques, et la présence de nazillons régionalistes, peut agacer quelque peu Léo, cette fête des nations celtes est très plaisante. Le pavillon de l'Acadie (Québec & Nouveau-Brunswick) et certains concerts off lui offrent des moments de détente, non sans forcer sur les boissons fortes. Toutefois, ce n'est pas pour participer (avec le chien Frilouz) à ces festivités que Léo est venu à Lorient. Le joueur malien Bakari Bakara est l'attaquant vedette des Tacauds, surnom du club de foot de Lorient, qui évolue en Ligue 1. Il a disparu depuis quelques jours. Ce qui ne passe pas inaperçu, car un tournoi entre clubs celtes de football est organisé pour les cinquante ans du Festival. À l'initiative d'un copain journaliste local, Léo interroge Renaud Rapido, footeux atypique sans illusion sur le bizness de son sport. Il rencontre aussi la séduisante Marine, petite-amie de Bakari Bakara. Peu avant sa disparition, le joueur fut perturbé par un appel téléphonique. Elle le vit encore discuter avec un jeune Noir inconnu. La danseuse Nolwenn lui rappelant Soazig, Léo tente une amourette, mais c'est raté. Intervenant dans une rixe entre des fachos et un jeune Noir, il prend des mauvais coups et connaît des ennuis avec la police. Marie-Jeanne et Hercule vont heureusement le soigner. Pour obtenir quelques renseignements sur les protagonistes, Léo n'a d'autre choix que de faire un détour par Quimper. Afin de renouer avec Suzie qui, malgré sa minerve, reste excitée. À part l'agent du joueur, le nommé Darmes qui apparaît magouilleur vu son passé en Afrique, pas de piste sérieuse en vue. D'ailleurs, ce Darmes arrive bientôt à Lorient, où il risque de mettre le souk dans les finances du club de foot. Marine contacte Léo quand le jeune malien Balthazar, celui que rencontra le disparu, se réfugie chez elle. Il lui raconte ses tribulations de joueur ballotté entre clubs européens, mal traité par des margoulins. C'est sur l'île de Groix, en face de Lorient, que Léo va chercher la clé de cette affaire… Léo Tanguy est un peu le cousin de Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, aussi indépendant d'esprit et fouineur que son modèle (publié chez Baleine). Selon le même principe, c'est à chaque fois un nouvel auteur qui raconte les aventures de ce journaliste non-conformiste. La série se poursuit avec Yvon Coquil qui connaît bien sa région brestoise, et ici Michel Dréan, pour qui Lorient n'a pas de secret. Ce dernier utilise à bon escient l'ambiance du FIL (Festival Interceltique de Lorient) en guise de décor. Un grand rendez-vous qui attire la foule, y compris quelques indésirables perturbateurs politisés. L'intrigue tourne autour du foot et de ses dérives : “Le football professionnel est un sport qui se joue à onze contre onze, mais à la fin, c'est pratiquement toujours le financier qui l'emporte sur le sportif.” Quand des budgets colossaux sont dépensés, on peut imaginer que de conséquentes sommes occultes soient détournées. Pensons aussi à tous ces jeunes joueurs africains auxquels, comme dans le film “Les rayures du zèbre” avec Benoît Poelvoorde, on fait miroiter carrière et fortune. Sans contrat au final, bien souvent. Un grand ménage dans ce qui ressemble à du trafic d'être humains ne serait pas un luxe. Michel Dréan a été récompensé d'une mention spéciale du jury de La Plume de Cristal, festival du film policier de Liège, pour son roman “La lune dans le kenavo” (Éd.du Barbu). Servi par sa parfaite maîtrise des lieux et de la “bible” de cette série, son récit fluide des investigations de Léo Tanguy s'avère fort captivant. L'humour est aussi présent, bien sûr : “Sa casquette [est] remplacée par un casque ridicule qui lui donne un air cosmonaute de l'ex-URSS. Là-dessous, il va fondre comme du beurre. Youri Margarine.” Il n'y a plus qu'à embarquer dans le Combi de Léo Tanguy, pour le suivre dans ses aventures. |
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