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DOMINIQUE DYENS |
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840Lectures depuisLe jeudi 3 Juillet 2014
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Une lecture de |
La famille Royer habite depuis toujours à Bois-Joli, ville huppée des Yvelines. À quarante-sept ans, la blonde Nathalie est agent immobilier. Son époux Patrice est avocat. Ils ont un fils de vingt-deux ans, Grégoire, expatrié à New York pour faire carrière dans la finance. Leur narquoise fille Amélie est âgée de seize ans. Les Royer sont catholiques pratiquants, comme il sied dans la bonne bourgeoisie de Bois-Joli. Ils reçoivent ponctuellement leurs relations, qu'ils appellent leurs amis, pour des dîners. La jeune Amélie n'est pas dupe de ces apparentes amitiés-là, ni du poids de l'hypocrisie régnant dans ces milieux. Nathalie et Patrice n'ont plus d'activité sexuelle, ce qui développe des fantasmes chez l'épouse. Elle sent que la vie paroissiale ne lui apporte plus autant de joie spirituelle qu'avant. Nathalie n'est guère optimiste sur son avenir. Surtout qu'en ce mois de septembre 2008, après la faillite de la banque Lehman Brothers, la crise économique prévisible risque d'être catastrophique. Les familles de leur catégorie sociale pourraient être les plus touchées. À New York, Grégoire a rencontré la jolie brune Gala. Française, elle se nomme en réalité Victoire Mallet de Puysere. Comme lui, elle est originaire des Yvelines, issue d'une famille aisée. Malgré ses moments migraineux, Gala séduit bientôt Grégoire, au point qu'ils vont former un vrai couple. C'est par SMS que le jeune homme annonce son futur mariage à sa famille, et leur retour en France. Une bonne nouvelle pour Nathalie et Patrice, puisque les parents de Gala appartiennent à des milieux fortunés comparables au leur. Amélie s'avoue plus sceptique. Pour son frère, s'agit-il d'une histoire d'amour, ou bien de se marier pour assurer sa position sociale dans leur univers ? Amélie se désespère de voir Grégoire si conformiste, à l'image de leurs parents. Sans être ouvertement rebelle, elle se sent moins sclérosée que sa famille. Après un dîner chez les Mallet de Puysere, manière d'officialiser le couple Grégoire-Gala, Nathalie se montre carrément plus réticente face à cette union. Une impression qu'elle ressasse : “L'idée que Grégoire épouse cette fille lui donne la nausée. Le pire est qu'elle n'a aucune explication. Juste cette terrible intuition. Le regard de Gala la taraude. Et la glace d'effroi.” Elle compte mener son enquête. Patrice Royer n'est pas à l'aise face à cette situation, non plus. Car Marie-Laurence Mallet de Puysere n'est nullement une inconnue pour lui. Et il n'oublie pas que son épouse a été par le passé victime de troubles psychologiques, qu'il ne faudrait pas raviver. Avec l'aide d'anti-dépresseurs ou de l'hypnose, elle devrait calmer ses obsessions contre Gala. Bien au contraire, Nathalie utilise Internet pour se documenter au sujet de sa future belle-fille, usant volontiers de subterfuges. Il est vrai que le parcours de Victoire Mallet de Puysere apparaît plus perturbé que celui des autres enfants de cette famille. C'est en Suisse qu'elle va trouver quelques réponses à ses questions... On pourrait se dire que les gens décrits par l'auteure, soit n'existent plus vraiment, soit sont moins caricaturaux qu'elle le suggère. Ce serait à tort, car cette bourgeoisie vivant “entre soi” est réellement présente dans notre société. On s'y considère comme une élite, supérieure au reste de la population. On a reçu la meilleure éducation, on ne connaît pas le moindre souci financier. On a fait de beaux et solides mariages, on a des enfants dont l'avenir est assuré dans les mêmes cercles. On fréquente assidûment la même paroisse, on choisit ses amis selon des critères identiques. Un ordre parfait règne au sein de ces sortes de communautés, à l'écart de la masse. On appartient fièrement au clan des nantis. Et pourtant, tout ça n'est généralement que fausses certitudes, apparences de sérénité heureuse, façades de respectabilité sociale. Nul besoin de la tempête d'un scandale pour que s'écroulent certains de leurs châteaux de cartes. Il suffit d'une goutte d'eau faisant déborder le vase de leurs secrets de famille. Faire semblant devient alors embarrassant pour eux qui savaient si bien simuler. Encombrante, la maîtresse de monsieur. Gênants, les fantasmes de madame. Énigmatiques donc suspects, la future bru et sa famille. Si ce roman est classé en “littérature”, il n'est pas interdit de le rapprocher de l'esprit du polar. Derrière l'ironie, la narration laissant une belle part aux sourires, se cachent en effet des facettes beaucoup plus sombres. Équilibrés, ces gens ne le sont pas tant. On assiste à un projet de meurtre, d'ailleurs. Le suspense ne manque pas, dans l'attente de révélations douloureuses. Certainement, un roman qui devrait plaire aux amateurs de polars. |