Il y a cinq copines. Rute, Taja, Stinke, Nessi, Schnappi. Seize ans. Berlinoises, lycéennes, attirées, très, très attirées, par toutes les transgressions possibles en cette fragile fin d’adolescence qu’elles traversent. Amies à la vie, à la mort… qui ne privera pas de les poursuivre.Il y a le « Voyageur », être étrange, qui, en vingt ans et en seulement trois épisodes, est devenu un mythique tueur de masse défrayant les chroniques. Une file de voitures immobilisées par la neige, un train de nuit, un village isolé… Autant de séries de terrifiants meurtres gratuits.Il y a Oskar que sa mort met en contact avec les pensées des autres.Il y a Ragnar, son frère, psychopathe scellé dans un passé qui l’étouffe, Darian, son neveu, méprisé malgré les muscles qu’il a développés pour impressionner son père, Mirko le copain de Darian à la vocation de martyr. Il y a quelques kilos de coke, amphètes et autres stupéfiants que les inconscientes gamines dérobent à Ragnar, les secrets, les mensonges, les douleurs et les rires.Il y a enfin, une longue errance automobile, de Berlin à la Norvège mais une errance dans le temps aussi, du passé au présent et inversement, par sauts aléatoires interdisant la monotonie.Cumulez ces ingrédients, suivez le fil d’une écriture qui, sous tension, passe sans transition d’un personnage à l’autre, et vous obtenez « Toi » un des romans les plus étonnants de cet automne. Etonnant, car si l’histoire est en soi suffisamment loufoque pour être réjouissante, malgré les drames qui s’accumulent, l’écriture est dotée d’une originalité exceptionnelle. A chaque chapitre, son narratif intérieur différent. L’artifice de l’emploi permanent du « Tu » embarque le lecteur, qu’il le veuille ou non. C’est une sorte d’intense bombardement de connivence auquel il est impossible de résister.Avec « Sorry », Sonatines 2011, Drvenkar nous avait étonnés et séduits. Il aurait pu s’agir du feu d’artifice unique d’un premier roman chanceux. Mais non. Avec « Toi » Il se renouvelle sans baisser de régime. Pour notre plus grand plaisir.
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