|
|
HERVE DECCA |
404 Not FoundAux éditions ACTES N OIRS |
583Lectures depuisLe jeudi 28 Septembre 2012
|
Une lecture de |
En 2005, Stephan Arénas est policier à Villeneuve-Saint-Maur. Pour résoudre son problème de couple, il cherche à devenir commissaire, mais ce n’est pas gagné. Bien qu’en proche banlieue parisienne, les habitants d’ici se sentent loin de Paris. En particulier ceux de la cité Presov, grand ensemble de tours et d’immeubles, qui périclite au fil des ans, surtout depuis que la Cimenterie a fermé. Ne restent que le Maximarket et le Lycée Ravel, école où quelques profs motivés côtoient ceux qui ne le sont plus du tout. La scolarité d’élèves comme Lila Mezouani, qui admire sa prof de français en Première Mme Castelli, c’est encourageant. D’autres, telle Hélène Glauce, s’enfoncent dans un refus agressif de tout enseignement. Et puis, il arrive qu’une élève disparaisse, sans qu’on puisse réellement savoir s’il s’agit d’une simple fugue ou d’une affaire criminelle. C’est le cas de Déborah Brahmi, âgée de quinze ans. Arénas enquête sur cette disparition avec sa collègue Dorothée. Ayant eu une jeunesse agitée, la jeune policière pratique la boxe. Pas inutile dans ces quartiers. Le flic Bonnal est également associé à ces investigations. Au nom de son expérience, il est nettement moins tolérant qu’Arénas et Dorothée. Il y a aussi Karim, policier s’occupant de l’informatique. C’est lui qui va fouiller l’ordi de la disparue, y trouver son blog où elle affiche des photos sensuelles. Entre les rapports scolaires négatifs sur Déborah et le témoignage d’Hélène, qui affirme ne pas être responsable de la disparition de son amie, les enquêteurs finissent par dénicher quelques pistes. Plusieurs jeunes hommes, peut-être suspects. Des incidents se produisent autour du Lycée Ravel. Des jeunes de la cité de La Grange-aux-Loups affrontent ceux de Presov, sans véritable prétextes. Surveillée par son frère Hicham, mandaté par leur père inquisiteur, Lila aspire au goût de la liberté avec Mamadou. Pourtant, ils sont trop différents pour qu’un clash ne se produisent pas entre eux. Arénas et Dorothée interroge Christopher le Canadien, prof assistant, qui nie toute intimité avec la disparue Déborah. Il y aurait encore un beau gosse nommé Landry Guérin, pas facile à retrouver. Ainsi qu’Ahmed, un jeune aujourd’hui professionnellement inséré, qui donna des cours de maths à Déborah. Les incidents violents causent des victimes, la tension monte dans ces quartiers, risquant de toucher des innocents. Surtout si un flic nerveux tel que Bonnal s’en mêle. Arénas et Dorothée poursuivent l’enquête, vaille que vaille… Voilà un roman noir sociétal, sur un sujet perpétuellement sensible, les quartiers des banlieues et leur univers compliqué. L’année n’est pas choisie au hasard. On se souvient des émeutes de l’automne 2005. Comme le suggèrent dans l’histoire certains pessimistes, la situation n’est pas prête d’évoluer. Malgré ceux qui, sans naïveté ni complaisance, cherchent sur place des solutions concrètes, les bonnes volontés s’essoufflent parfois. Terreau idéal pour toutes sortes de délinquances, l’auteur ne le nie pas. Il nuance avec justesse le propos. On le voit avec la notion de “protection”, dans un cas précis. Il insiste aussi sur ce “décor” qui encourage si peu le moral de ses habitants, à de rares exceptions près. L’ambiance réaliste crée ici une part de trouble ou de malaise, nécessaire pour imaginer le quotidien en question. Très léger reproche, il n’était pas indispensable d’en rajouter avec les soucis familiaux du policier Arénas, le contexte étant déjà chargé. Noir polar qui témoigne sans prétendre donner des réponses, qui constate un fait de société. Un roman actuel, de belle qualité. |