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ROBERT DELEUSE |
A La Poursuite De James Hadley ChaseAux éditions PRESSES DE LA RENAISSANCEVisitez leur site |
2441Lectures depuisLe samedi 2 Septembre 2012
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Une lecture de |
Vedette durant des années de la collection Série Noire, James Hadley Chase est tombé aujourd’hui dans les oubliettes. Pourtant il eu droit à une étude publiée en 1992.
A l’instar de quelques critiques et préfaciers, je présenterai cet ouvrage en me référant à des souvenirs personnels.
Encore adolescent, et plus proche de la puberté que du conseil de révision, afin de me purger l’esprit des œuvres classiques que j’étais obligé d’ingurgiter au collège, où, selon la formule consacrée j’usais mes fonds de culottes, je me suis englouti avec délectation dans la littérature dite populaire. Et malgré son prix modique, ce qui explique l’une de ses définitions, je ne pouvais contenter ma soif de lecture qu’en empruntant à mes voisins de pupitres ou en pratiquant des échanges avec des bouquinistes forains, bienfaiteurs des bourses désargentées et collègues déloyaux des libraires spécialisés et des libraires tout court.
Je me délectais donc avec des romanciers édités par le Fleuve Noir ou les Presses de la Cité, via la collection Un Mystère, et ce n’est qu’à l’âge de vingt ans que je découvris la Série Noire, longtemps considérée comme collection réservée aux intellectuels. Et bizarrement c’est par le biais du Livre de Poche que je fis connaissance avec celui qui fut et demeure l’un des fleurons de cette illustre et bientôt quinquagénaire collection (cette chronique fut écrite en 1992, date de parution de ce livre). Bien plus que Chandler, Hammett, Thompson, Mac Coy, Goodis et confrères, c’est James Hadley Chase, ce faux américain qui me fit prendre mon pied dans un fauteuil (à l’époque j’étais jeune et svelte), grâce à un roman mythique : Eva.
Ensuite j’avalais coup sur coup, Pas d’orchidées pour Miss Blandish, Elles attigent, L’héroïne de Hong-Kong et quelques autres romans tout aussi passionnants de cet auteur. Et bizarrement (bis, voir ci-dessus) lorsque je me suis engagé à fond non point dans la police mais dans le roman policier, non plus en tant que lecteur passif mais comme amateur tentant de répandre la bonne parole autour de moi tel un évangéliste incompris, je me suis aperçu que cet auteur auquel je n’étais pas loin de porter un culte, était fort décrié par bon nombre de critiques, de confrères et de personnages qui ne connaissaient rien à la littérature policière et au roman noir en particulier.
Pendant un certain temps cela m’a turlupiné, puis les années ont passé. Je dois rendre hommage à Robert Deleuse qui a entrepris de dépoussiérer, de nettoyer, de reboulonner sur son socle cette statue un peu branlante. Non seulement Robert Deleuse, qui soit dit en passant fut un agréable compagnon de table et de soirée à l’occasion du festival de Grenoble en 1989, remet les pendules à l’heure, mais fait montre d’une véritable culture tout terrain. Il renvoie les détracteurs de Chase à leurs chères études, retournant leurs arguments comme de vulgaires chaussettes trouées. Il analyse, développe, prouve, textes à l’appui, que Chase ne fut ni un plagiaire, ni un pasticheur, mais un habile artisan apportant à son récit un savoir faire authentique et réaliste. Et que ceux qui s’enferment dans l’étroite gangue du référent regardent du côté des classiques et piochent du côté des Molière, La Fontaine, et autres. Ils s’apercevront bien vite que ces auteurs exhument des cadavres issus de la littérature espagnole, grecque et des fabliaux médiévaux.
Robert Deleuse, passionné, a écrit un ouvrage passionnant, qui se lit comme un roman et non comme un essai ou un documentaire aride. Et même si la première partie consacrée à l’énigme Chase est un peu longuette, elle se révèle un réservoir de suspense à elle seule. |
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