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GILLES DEL PAPPAS |
Troublante IncertitudeAux éditions RIVIERE BLANCHEVisitez leur site |
2197Lectures depuisLe mercredi 2 Aout 2012
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Une lecture de |
Depuis quelques semaines, Johnny est sujet à des rêves qui confinent à des cauchemars. Toujours les mêmes images qui s’infiltrent dans son esprit éthylique. Pourtant il semble bien que l’alcool ne soit pour rien dans ces problèmes. Pire, ou mieux, il n’arrive plus à ingurgiter le matin dans le bar qui sert de quartier général le rhum qu’il appréciait tant ou le pastis. Il a bien essayé d’autres boissons exotiques, whisky, gin, aquavit, mais même dégoût. Alors il s’est abonné au café, très sucré. Faut avouer que si Johnny était devenu adepte de l’intempérance, c’est à cause d’un accident de moto qui l’a laissé hémiplégique. Depuis il ne marche plus, il roule. En fauteuil roulant équipé d’un moteur. Les journées se suivent et se ressemblent sauf que peu à peu tout va changer. Moïse, un de ses amis de comptoir, lui fait remarquer qu’un de ses yeux est injecté de sang. Johnny n’en à rien à faire mais Moïse est inquiet et il amène dans le troquet un ophtalmologue. Johnny ne souffre pas, il ressent seulement une irritation gênante le matin. L’homme de l’art avoue ne rien pouvoir faire et laisse simplement sa carte. De toute façon Johnny en a soupé des hôpitaux et autres lieux médicaux sensés le retaper. Lorsqu’il rentre chez lui, il passe sa mauvaise humeur sur Noëline, la jeune femme qui procède aux tâches ménagères. De toute façon, soit il l’ignore, soit il la rabroue. Johnny doit se rendre chez un herboriste, le rare qui tienne pignon sur rue à Marseille. Muni d’une liste qu’il a rédigée à la main, les noms des produits s’étant imposés dans son esprit en se réveillant tôt le matin. La vendeuse, aussi vieille que ses pots trônant sur les étagères, est fort surprise qu’un quidam puisse connaître les différentes plantes qui lui sont sollicitées. S’enquérant du patricien qui lui a délivré une telle ordonnance, Johnny répond non sans une gaîté forcée : des extraterrestres. Cette connaissance il la doit à son rêve matutinal qui lui a lui titillé l’esprit. Une femme s’exprimant dans une langue étrangère et qui se présente comme Maria Goeppan-Dreyer, docteur en physique nucléaire spécialisée dans les noyaux radioactifs, lui a imprimé dans le cerveau la fameuse liste et elle lui promet de revenir lui rendre visite sous peu. La médication est destinée à combattre l’inflation de l’œil. Oui, oui, l’inflation, vous avez bien lu, mais peut-être Johnny n’a-t-il pas tout compris et qu’elle voulait dire inflammation. Insensiblement le caractère et le physique de Johnny changent. Il se montre plus aimable envers Noëline, il lui offre des fleurs, il se prépare ses repas, il va même jusqu’à proposer ses services afin d’aider la jeune femme à préparer un concours d’infirmière. Il devance sa protégée dans les études et devient un expert en biologie. Mais le plus surprenant arrive le jour où il sent des fourmillements dans l’extrémité de ses doigts de pieds, comme si ses nerfs retrouvaient leurs fonctions, comme si son handicap se résorbait peu à peu. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si… La situation politique en France s’était extrêmement dégradée, du point de vue de la démocratie. On emprisonnait les leaders syndicalistes, on retirait leur carte de presse aux journalistes d’opinion. Enfin des journalistes d’opinion contraire au pouvoir en place. Les hommes politiques de l’opposition n’osaient plus la virulence, de peur de disparaître, ça s’était déjà produit. Et Johnny qui ne s’était jamais intéressé au monde politique devient un militant de base dans l’opposition. Ce conte philosophico-politico-medico-sociétal narre le parcours d’un homme qui grâce à une intervention extérieure (ou intérieure ?) parvient à sortir du lot. S’il est handicapé, ce n’est pas tant à cause de l’accident qui l’a laissé sur le bitume, mais par l’indifférence des policiers et des secours. Les pompiers venus le ramasser l’avait pris pour un Arabe à cause de ses cheveux frisés et de sa peau bronzée. Et les médecins l’ont laissé mariné avant de s’intéresser à son cas. Le côté politique est une extrapolation de ce qui aurait pu arriver si certains événements dépendants de bulletins de vote s’étaient produits. Ce qui ne veut pas dire que plus tard, dans quelques années, ceci ne se produise pas. Mais Gilles Del Pappas ne précise à aucun moment quand cette histoire se déroule, sauf que le mouvement Résistance-Révolution, auquel adhère Johnny, est né vers 2010. Tout le reste n’est qu’extrapolation de l’auteur. Un roman donc à prendre comme une aimable fiction mais qui peut faire réfléchir sur des situations en devenir. L’action politique se déroule à Marseille, en France, mais elle pourrait se produire n’importe où en Europe. Seulement nous nous sentons peut-être un peu plus concernés. Dommage que quelques coquilles entachent le texte. Ce n’est pas forcément rédhibitoire, mais c’est comme pour une omelette que l’on déguste avec appétit alors que les dents grincent parfois sous des reliquats calcaires d’œufs. |
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