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MAGALI DURU |
Sur La Plage D’ostendeAux éditions IN8Visitez leur site |
1715Lectures depuisLe jeudi 11 Mai 2012
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Une lecture de |
Marc et Claire passent les fêtes de fin d’année à Ostende. Ils ont été invités pour le réveillon par Mathilde Steile et Richard Walker, des amis de Claire. Non pas que ça enchante Marc, mais telle est la vie de couple. Surtout qu’il a bêtement oublié à Paris l’élégant manteau neuf que Claire lui a offert pour Noël. Sur la côte belge en ce premier janvier, il fait une météo épouvantable. Puisqu’il veut aller prendre l’air (ou plutôt la tempête) sur la plage, Marc n’a donc que sa parka usagée pour se protéger. Le vent de la Mer du Nord est le plus traître qui soit. Une rafale, et les deux boutons de la vieille parka s’envolent. Marc doit absolument les retrouver dans le sable. Il imagine par avance la réaction de Claire qui, après douze ans de mariage, ne lui pardonnerait pas cet incident pourtant sans grande importance. Alors qu’il fouille le sable, Marc note la présence d’un témoin, à quelques mètres de lui. Un homme chapeauté, parfaitement sanglé dans son manteau. L’inconnu ne lui dit rien, certes, mais l’observe. Et c’est foutrement agaçant, quelqu’un qui vous regarde dans une position peu glorieuse, empêtré dans vos soucis, dont le manque de réaction laisse à penser qu’il se moque sûrement de vous. Énervant, pour le moins. L’essentiel reste de retrouver ces deux maudits boutons. Ceux-ci ne peuvent être loin, le narguant tout autant que le type qui a le regard braqué sur Marc. Quelques repères sur le rivage et de prudents quarts de tour agenouillé sur lui-même devraient suffire à dégoter ces petits objets. Même sur une plage belge balayée par la tempête, pas de raison. Suite aux excès du réveillon, Marc est gagné par un vertige. “Une étrange sueur coulait sur mes yeux, je me sentais fiévreux, les oreilles bourdonnantes, comme tari de toute énergie.” Se demandant où est passé Marc, Claire lui téléphone. Ce qui ralentit encore ses recherches. Qu’il abandonne définitivement, quand elle lui annonce que leurs hôtes subissent un contretemps. Le témoin anonyme semble ne pas le quitter des yeux, quand Marc s’apprête à retourner chez les amis de sa femme. Exaspérant petit jeu, qui s’ajoute aux contrariétés de Marc… Il s’agit d’une nouvelle d’une vingtaine de pages. Magali Duru est experte en la matière, quelques-uns de ses textes ayant été primés. Un texte court n’est pas un concentré de roman, c’est une idée qui doit faire mouche. Qu’on choisisse une forme sombre, ou souriante mais teintée d’un ressentiment comme ici, la nouvelle doit apparaître percutante. Décor et psychologie se dessinent en peu de phrases, tout est dans la précision de l’évocation : “Au fond d’un boulevard s’épanouissait une lueur d’opale. Guidé par les senteurs d’iode, poussé dans le dos par une forte brise de terre, j’ai atteint la digue, face à la mer indistincte, rumeur étouffé qui battait son pouls dans une fosse d’ombre.” Et voilà notre personnage ordinaire plongé dans une mésaventure plus tourmentée que prévu. Court texte qui s’avère fort excitant à lire et à relire. Laissons-nous séduire par les bonnes nouvelles. |
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