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PIERRE D OVIDIO |
Le Choix Des DésordresAux éditions 10/18Visitez leur site |
1929Lectures depuisLe vendredi 14 Avril 2012
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Une lecture de |
Fin 1945, au commissariat de Vanves, le jeune policier Maurice Clavault ne se voit attribuer que des enquêtes mineures. Sa compagne Ginette s’entendant mal avec Réjane, la mère de Maurice, se pose la question d’un nouveau logement. Deux députés arrivant de Madagascar, possession française, Maurice est chargé de leur discrète surveillance à Neuilly. Il est vrai qu’ils reçoivent des visiteurs tels Ho Chi Minh ou le communiste Jacques Duclos. Maurice partage cette mission avec un membre des services secrets, Jacques Bouté. Le jeune policier se demande s’il ne serait pas mieux à sa place au sein du SDECE, plutôt qu’à Vanves. Le duo finit par être repéré dans un restaurant où se tient une réunion secrète d’indépendantistes malgaches. S’il perd de vue Jacques, Maurice sympathise avec un misanthrope, l’écrivain Paul Léautaud, avec lequel il va échanger une correspondance. L’année 1946 se déroule mollement pour Maurice. Son principal succès consiste à coincer un racketteur, qui faisait chanter un bistrotier client du marché noir. En décembre, la situation à Madagascar semble se compliquer. Édouard Lonfleur, un riche colon, planteur à Manakara, est l’objet d’inquiétantes menaces : “Si dans les trois mois, tu n’as pas payé l’impôt révolutionnaire pour l’indépendance de notre pays, tu payeras de ta vie ta richesse et le prix du sang de tes esclaves.” Maurice est envoyé en mission sur “l’île rouge”. Durant le long voyage par bateau, il a le temps de se familiariser avec le contexte politique de Madagascar. Le Ministère prend au sérieux les revendications de partis tels le MDRM ou le JINA, sans avoir de solutions pour que soit mieux traitée la population indigène. Une radicalisation des Malgaches est à craindre, la menace contre Lonfleur n’étant qu’un début. Maurice débarque à Tamatave le 22 janvier 1947. Il est “accueilli” par le policier Joseph Marini. Celui-ci ne cache pas son mépris hostile envers les Malgaches. Il s’agirait de les mater, selon lui, les autorités françaises manquant de réalisme et de sévérité. Maurice et Marini se rendent à Manakara, où le planteur Lonfleur a été entre-temps enlevé. Le jeune policier se rend compte que les familles qui sont menacées appartiennent à une sorte d’aristocratie coloniale. Maurice prend ses marques au bar Les Flamboyants, tenu par l’ancien boxeur Lionel. Marini pratique d’absurdes méthodes répressives pour identifier les ravisseurs de Lonfleur. Entre les Essais de Montaigne et sa correspondance avec Léautaud, Maurice essaie de raisonner plus posément. Jacques Bouté est aussi sur l’île, et Ginette va bientôt y rejoindre son compagnon. En marge de l’affaire Lonfleur, les tensions politiques sont plus fortes que jamais, au risque d’une proche insurrection… Comme dans “L’ingratitude des fils”, c’est une reconstitution de l’ambiance de ces années d’immédiat Après-guerre que nous propose l’auteur. Instabilité à la tête de l’État, ex-Résistants profitant des conséquences de la victoire, rationnement et marché noir encore partout, difficulté à se loger, l’époque reste floue pour ceux qui la vivent. C’est aussi le temps où les territoires de l’Empire Français songent fortement à leur indépendance. Avec l’Indochine, la lointaine île de Madagascar préoccupe le gouvernement. L’influence bénéfique de la colonisation ? Elle n’a jamais profité aux populations locales. On ne peut plus parler d’esclavage, mais de maltraitance, sûrement. Que la caste des “Coloniaux” se soit montrée odieuse envers les “indigènes” ne fait aucun doute. Entre conflits privés chez les colons et actif militantisme du peuple malgache, Maurice Clavault doit faire la part des choses. Car la manipulation policière n’est jamais loin quand un peuple s’agite. Il ne s’agit pas d’un roman d’action aux effets spectaculaires. C’est en restituant le climat de cette période et une affaire politique méconnue, que Pierre d’Ovidio nous entraîne subtilement dans un récit à la tonalité authentique. Tel est aussi le rôle du polar historique, de nous éclairer sur les facettes sombres du passé. |
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