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MARIE DEVOIS |
Van Gogh Et Ses JugesAux éditions BIRO & COHEN EDITEURSVisitez leur site |
2964Lectures depuisLe vendredi 17 Juin 2011
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Une lecture de |
Les magistrats ne sont pas en odeur de sainteté actuellement, du moins de la part du gouvernement, et que quelqu’un se charge de les évincer, cela suppose qu’un individu fasse preuve d’excès de zèle. Il faut réduire les effectifs, ce sont les ordres des ministères, mais de là à les assassiner, il existe une marge à ne pas franchir. Pourtant un individu prend un malin plaisir à égorger des membres de la magistrature, dans la banlieue parisienne, puis à déposer sur les cadavres de petits sachets contenant des éclats de peinture. Au départ les policiers de la criminelle pensaient avoir à faire à un homophobe, le premier défunt étant homosexuel. Mais ils révisent rapidement leur jugement car par la suite, les autres cadavres ne répondent pas à ce critère. Un par mois, sauf au mois de juillet où l’assassin reproduit ses meurtres par deux fois, la seconde à Vannes. Pour Fred Andersen, surnommé le Danois, cette affaire relève du casse-tête pourtant il ne ménage pas ses efforts. Son supérieur a beau être un ami, il se fait engueuler pour manque de résultat, mais il faut avouer que les ministres de tutelle tempêtent, vitupèrent exigeant que l’affaire soit rapidement résolue. Mais il ne suffit pas dire Je veux, de taper du poing sur la table, il faut aussi se mettre à la place des enquêteurs. Andersen a beau, lui et ses hommes, gratter dans le passé des victimes, rien à priori ne les reliait, à part leur profession. Ils ne se connaissaient pas, travaillaient dans des juridictions différentes, n’étaient pas issus des mêmes promotions, bref le noir complet. La disparition de Maëlle Aubier, une ancienne policière de l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels et amie d’Andersen, qui quoi que jeune encore avait pris récemment sa retraite et se rendait régulièrement à Auvers sur Oise, ce village du Vexin réputé pour avoir hébergé grâce au docteur Gachet le peintre Van Gogh, donne un nouvelle couleur à l’enquête. Andersen ne croit pas à la thèse d’une disparition subite de sa petite sirène, même si elle avait projeté un voyage en Hollande. Van Gogh et ses juges, dont le titre prend toute sa signification vers la fin du livre est un roman en deux temps. La première partie narre les efforts d’Andersen et son groupe à traquer un assassin récidiviste et la présentation, parfois succincte, parfois nettement plus élaborée des victimes. La seconde prend de la couleur avec l’arrivée, ou plutôt la disparition de Maëlle Aubier, et le jeu du chat et de la souris qui s’instaure entre les enquêteurs d’une part et le ravisseur d’autre part dont on connait le nom mais dont les motivations s’éclaircissent peu à peu, et s’érigeant en arbitre bâillonnée la pauvre jeune retraitée. Le final est enlevé mais l’épilogue reste dans le domaine de la fiction. Car qui oserait imaginer que… Je vous laisse extrapoler toutes les suppositions possibles et si vous ne trouvez pas, il ne vous reste qu’à lire le livre. Et en parlant de l’objet, sa présentation est originale car les pages de garde sont entièrement noires ainsi que les tranches. Un bon roman qui nous change des œuvres actuelles dans lesquels les sérials killers sont trop complaisamment décrits, romans qui ne laissent qu’un arrière-goût d’amertume.
Une série de meurtres à l’arme blanche vise des magistrats autour de Paris. Un sixième crime vient d’être commis à Nanterre. Comme pour les précédents, on trouve près du cadavre un sachet contenant des éclats de peinture. C’est le seul indice relatif dont dispose la police. La victime n’avait pas de lien apparent avec les autres magistrats assassinés. Ce substitut n’avait pas été menacé non plus. Il a été attaqué par surprise, sans témoin. C’est Fred Andersen, policier au 36 surnommé Le Danois, qui enquête sur cette suite meurtrière. “Le géant blond se sentait tout petit devant ce type qui rôdait dans l’ombre. Il leva la tête, passa une main dans ses cheveux coupés en brosse comme pour masser ce crâne sous la calotte duquel son cerveau bouillonnait.” Malgré tous les recoupements et hypothèses, Fred Andersen n’entrevoit encore aucune piste sérieuse. Il pourrait aussi bien s’agir d’un flic obtus ou d’un gendarme se vengeant d’un magistrat. Le juge Maxime Frot est bien content d’obtenir enfin un poste important à Paris. Il quittera sans regrets le tribunal de Vannes (Morbihan). Une nomination qu’il va fêter au restaurant avec son ami médecin Ronan. Alors qu’il regagne son domicile, Maxime Frot est mortellement agressé dans la rue. Ne doutant pas qu’il s’agisse de la même série, Fred Andersen se déplace en Bretagne. Frot n’a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait avant de mourir, selon le légiste. Aucun témoin solide ayant vu qui que ce soit surveillant le juge. Pas même dans cette librairie BD fréquentée par Frot et son ami Ronan. Tandis que Fred Andersen regagne Paris, un courrier posté à Vannes a été adressé à la PJ. Le colis contient le couteau de combat ayant servi à tuer les magistrats. La police vannetaise recueille le témoignage du gamin qui a expédié le paquet. C’est une femme âgée qui le lui a confié pour le poster. Ou, peut-être, un homme déguisé. Maëlle Aubier a été kidnappée chez elle, à Auvers-sur-Oise. Policière experte dans les trafics d’œuvres d’art, encore jeune, elle venait de prendre sa retraite. Maëlle ne tarde pas à identifier son ravisseur, ni à imaginer les raisons de sa séquestration. Elle ne court peut-être pas un danger mortel, même si l’homme est celui qui a supprimé les sept juges. Son voisin policier municipal finit par s’inquiéter. C’est ainsi qu’on découvre finalement la disparition de Maëlle Aubier. L’enlèvement d’une policière provoque le branle-bas dans les services d’enquête. Proche de Maëlle, Fred Andersen est particulièrement touché. Quand le criminel adresse des messages à la police, on comprend qu’il attend d’être écouté. Fred apprend que Maëlle menait ses propres investigations autour de Van Gogh… Ayant déjà publié quatre polars, Marie Devois n’est donc pas une néophyte. Ce cinquième titre s’inscrit dans un univers qu’elle connaît bien, le monde de la Justice. D’ailleurs, elle évoque en filigrane l’activité des magistrats au quotidien, autant que les procédures liées aux affaires criminelles. Sans doute avons-nous ici un policier menant l’enquête. Héros plutôt solitaire, sûrement parce qu’il fut abandonné dès sa naissance. Pourtant l’ambiance est aussi proche du roman noir, par son côté sociétal. L’assassin et ravisseur, dont nous connaissons bientôt l’identité, commet des crimes pour démontrer quelque chose. La précision des lieux contribue à la véracité du récit, l’auteure fréquentant les villes et régions qu’elle décrit. La traque de l’assassin et ses mystérieuses motivations nous entraînent dans un suspense de très belle qualité. |
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