Pascal Dessaint possède une écriture et un univers particuliers et il serait dommage de passer à côté parce que ce n’est pas un auteur américain, critère indispensable pour bon nombre de lecteurs qui recherchent les sensations made in USA. Jérômine est retrouvée morte dans son appartement et ce qui ne pourrait être qu’un banal fait divers se transforme rapidement en enquête laborieuse aux ramifications diverses et écologiques. Mais n’anticipons point. Jérômine (clin d’œil à Jérômine Pasteur ?) est donc retrouvée étranglée, dans son fauteuil alors que le chauffage est poussé à fond. Elle avait confié Petit Paul à sa voisine qui s’était inquiétée. C’est vrai quoi, qu’allait-elle faire de Petit Paul ? Les policiers, le capitaine Félix Dutrey en tête, lui proposent bien de le confier à un juge pour enfant, mais que pourrait bien faire un noble magistrat d’un iguane ? Pour clore ce chapitre sachez que l’œsophage de Jérômine contient sept grains de riz et sept fragments de métal argenté. Si Jérômine vivait seule dans son appartement toulousain, elle avait un frère, disparu tragiquement en mer et écrivain à succès. De plus, elle avait, ou avait eu, des amis, Cédric, Marthe, Suzanne, Simon qui comme elle, ont milité et peut-être le font-ils encore en faveur des grenouilles, des animaux et des plantes en général. Mais pour le capitaine Dutrey, la piste, quelque peu glissante, est dure à remonter. Roman polyphonique, Mourir n’est peut-être pas la pire des choses, est une œuvre aboutie dans laquelle on ressent tout l’humanisme de Pascal Dessaint, et en même temps un pessimisme qui n’est pas forcément utopique, de l’avenir de l’homme. A doses subtiles, l’auteur nous entraîne dans cette enquête à plusieurs voix, et voies. Le lecteur ne comprend véritablement les motifs, qui s’échelonnent de révélations en révélations, des intervenants et donc du décès de Jérômine. Ecologiste, oui peut-être, visionnaire, peut-être également, ce roman est en même temps, en dehors de l’histoire, la mise à plat d’un problème dont aucun de nous ne possède la solution et dont la plupart se foutent (pardonnez l’expression) car de toute façon ils ne seront plus là pour analyser les résultats et surtout en subir les conséquences. Du moment que le pognon rentre et assez rapidement, le reste n’est que supputations balayées d’un revers de main par les financiers, semenciers, et autres laboratoires qui martyrisent la nature avec leurs herbicides, pesticides, et autres produits néfastes. Comme disait l’autre, après moi le déluge. Une intrigue passionnante, écrite en 2003, et dont la réédition est la bienvenue.
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