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DIDIER DAENINCKX |
MissakAux éditions PERRINVisitez leur site |
4158Lectures depuisLe samedi 31 Octobre 2009
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Une lecture de |
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En 1955 une impasse parisienne du 20e arrondissement prit le nom de rue du Groupe-Manouchian. A cette occasion Louis Aragon écrivit « Strophes pour se souvenir », un poème qui s’inspirait de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme, poème que Léo Ferré mit en musique quatre ans plus tard. Quelques mois plus tôt, en janvier, alors que Paris est aux prises avec des inondations qui submergent la banlieue, Louis Dragère, jeune journaliste à « l’Humanité », est convoqué au siège du parti par le secrétaire de Jacques Duclos. La direction attend de lui qu’il « enquête » sur Missak Manouchian. Pourquoi doit-il « enquêter » sur ce héros de la résistance? Et pourquoi l’a-t-on choisi pour cette mission secrète? Il ne le saura jamais, tout comme il ne saura jamais ce que deviendra son « rapport ». De quel genre relève « Missak », la dernière livraison de Didier Daeninckx? Du polar? Du roman noir? Social, politique? Ou historique? De tous et d'aucun; de la littérature vivante, de celle qui éclaire l’Histoire d'histoires. Louis Dragère, crypto détective privé, ne cherche pas à démasquer un meurtrier au nom d’une justice immanente que lui seul serait à même de rendre, il recherche la vérité historique au nom de ces convictions. Il n’examine pas une scène de crime, mais décrypte l’intertextualité des discours politiques. Arménie soviétique est-elle ce paradis que décrit à longueur de lettres Hampartsoumian écrites à l’encre rouge ? Roland Filiatre est-il ennemi de classe que dénonce à longueur de colonnes l’Humanité? Et Charles Tillon est-il ce traître que ce même journal désigne à la vindicte des militants? Et comment est-il possible que Missak Manouchian ait intégré dans son groupe le trotskiste Armenak Arpen Manoukian? Autant de questions que Louis Dragère ne pourra éviter, autant de réponses qu’il lui faudra découvrir. Louis Dragère, personnage de fiction, certes, mais au cœur de l’Histoire… Duclos, Aragon, Aznavour, Roland Filiatre, Henri Krazucki, Charles Tillon, Armène Asssadourian, la sœur de Mélinée, l’épouse de Missak… Tous sont réels et leurs paroles relèvent de l’historiquement possible. La lettre à Mélinée… réelle, jusqu’à la censure qui la frappe… Et l’autre lettre de « Manouche », celle que la sœur de Mélinée confie à Louis? Réelle, jusqu’à ces mots : « il faut penser aussi à la mémoire de Manoukian qui meurt aussi avec moi »… Réelle comme ces mots prêtés à Henri Krasucki : « Il dit vrai ». Robert Guédiguian plantait sa caméra rue des Immeubles-Industriels et s’accommodait de la chronologie, Didier Daeninckx plante sa fiction dans les replis de l’Histoire, ceux que personne n’a eu intérêt à ressusciter, pour brosser les véritables portraits des hommes qui l’ont construite.
Et les hasards de l’histoire, la petite, la sordide, font parfois que l’une percute l’autre. Monsieur Besson lance un grand débat sur l'identité nationale, ces hommes là, ceux qui avaient leurs « portraits sur les murs de nos villes
Total respect, comme on dit aux jours d’aujourd’hui. |
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