Frédéric Dard, alias Cornel Milk : Le tueur aux gants blancs. Fayard. (Réédition de La Loupe, collection policière . Editions du Puits Pelu). Il règne sur ce roman daté de 1951 comme une ambiance parodique du roman noir à l’américaine, jusqu’à l’épilogue qui est le retournement de situation indispensable pour contrebalancer tout ce qui a été écrit auparavant. Cornel Milk est l’un des nombreux pseudonymes utilisés par Frédéric Dard/San Antonio lors de ses débuts en littérature. Il est à noter toutefois que San Antonio existait déjà puisque le numéro 11 (Laissez tomber la fille) de la collection Spécial Police du Fleuve Noir date de 1950. Mais, soit Le tueur aux gants blancs est une œuvre de jeunesse rédigée avant la production d u Fleuve Noir et publiée après pour une raison ou une autre, soit ce roman préfigure l’antagonisme qui va s’établir entre Dard/San Antonio, la frontière de définissant de façon imperceptible mais progressive. Le début ressemble à un pastiche, l’épilogue à une histoire psychologique dont Dard a su se faire le chantre. La démarcation s’établit entre le passage du “ Je ”, permettant à l’auteur de converser avec le lecteur, de le prendre pour témoin, et même pour complice, au “ Il ” qui s’inscrit comme le rejet du personnage par son auteur. Mais quid de l’histoire ? Après avoir passé la soirée dans une petite réception, Jerry, détective privé, trouve allongée sur le divan de son salon une jeune femme. Un rien l’habille : elle ne porte pour tous vêtements que soutien-gorge et slip. Emoustillé, Jerry lui accorde ce qu’elle demande, c’est à dore un baiser fougueux. Il procède à quelques ablutions dans la salle de bains, enfile son pyjama et lorsqu’il réintègre le salon, il retrouve sa partenaire inconnue dans la même position, mais la gorge tranchée ! Il appelle aussitôt Peter, son associé, qui prélève sous les ongles de la morte quelques fils blancs. Alors qu’ils se préparent à embarquer le cadavre, un télégraphiste leur remet un pli que Jerry empoche sans en lire le contenu. Les deux compères jettent le cadavre roulé dans la housse du divan dans l’Hudson. Le sac à main de la victime a disparu et le portier leur annonce qu’il a trouvé une chaussure. Le roman continue ainsi à un rythme soutenu, truffé de coups d’éclats, de retournements de situation et de scènes hautes en couleur. On est frappé par le rôle de l’alcool, constamment présent et qui dégouline des pages. D’ailleurs Jerry reproche à son associé de boire un peu trop, même si sa propension à ingurgiter rye, bourbon et autre scotch est de nature à accélérer le mouvement des petites cellules grises de Peter. Ce qui permet à Frédéric Dard d’user de métaphores dans ce genre : “ Peter traversa toute la pièce et s’abattit sur ma bouteille de Canadian comme une volée de condors sur une charogne ”. Enfin, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un roman policier et que l’hémoglobine en général joue un rôle prépondérant dans les descriptions de scènes tragiques : “ Le sang giclait de son corps comme l’eau d’un tuyau d’arrosage crevé ”.
|
Autres titres de frédéric dard
Cette Mort Dont Tu Parlais
Coma
C’est Toi Le Venin
La Crève
La Dynamite Est Bonne à Boire
La Grande Friture
La Peuchère
Le Cauchemar De L'aube
Les Confessions De L'ange Noir
On N'en Meurt Pas
Puisque Les Oiseaux Meurent
Un Tueur, Kaput
Une Gueule Comme La Mienne |