Afin d’appâter le lecteur, de mieux lui faire croire à la véracité du texte proposé, l’auteur d’un roman n’hésite pas de se plonger, de s’investir dans le rôle de narrateur. Ainsi Alexandre Dumas, dans Gabriel Lambert, et en guise d’introduction, narre sa rencontre fortuite avec un bagnard dont la tête ne lui est pas inconnue. Et tout au long du roman, construit comme un texte gigogne, il ne s’effacera pas, au contraire, sans véritablement se mettre en avant, en se préservant de jouer le rôle de héros. Simplement, à l’aide d’artifices, comme une soit disant première lettre qu’il aurait reçue à son propre nom, puis une autre dont la suscription ainsi rédigée “ Monsieur Alexandre Dumas, hoteur drammatique an Europe, woire an passan à l’hôtel de Paris syl n’y serait pas ” confère une authenticité aléatoire mais alléchante. De plus il intègre dans ce récit des noms connus, tel cet ami du nom de Alfred de Nerval dont la référence littéraire n’est en aucunement négligeable puisque Gérard de Nerval fut un de ses collaborateurs. L’histoire de Gabriel Lambert, rencontré alors que Dumas séjournait à Toulon en 1835 et dont il a fait la connaissance en demandant à l’une de ses connaissances de lui procurer un bateau et un équipage, pourrait n’être qu’une aventure banale. Gabriel Lambert, qu’il avait croisé quelques mois auparavant pendant l’entracte d’une représentation dans les foyers de l’Opéra en compagnie de son ami le baron Olivier d’Hornoy; sous le nom de vicomte Henri de Faverne. Or cette rencontre s’était soldée par un duel entre Faverne et d’Hornoy, sous le prétexte, apparemment futile mais mettant en jeu l’honneur des deux adversaires, l’un assurant qu’il était natif fortuné de la Guadeloupe, l’autre réfutant non sans pertinence la véracité de ces affirmations. S’ensuit une sombre histoire de contrefaçons de billets, de signatures, le tout dévoilé par un médecin, ami de Dumas, qui avait pris des notes et dans lesquelles s’interfère le récit d’une jeune fille native du même village que Gabriel Lambert. Un petit roman méconnu d’Alexandre Dumas, écrit la même année que Les Trois Mousquetaires, qui méritait d’être réédité pour de multiples raisons. La première est que ce roman a été écrit par Dumas seul. Mais ce n’est pas suffisant penserez-vous. Effectivement ! Autre raison de rééditer ce roman, ce sont les problèmes de sociétés abordés et toujours d’actualité, sinon en France, quoi que, du moins dans le monde dit civilisé. Le bagne d’abord, et les conditions de détention. Mais surtout la peine de mort, prononcée parfois pour des vétilles, et toujours sujette à caution. Toutefois Dumas s’il n’hésite pas à condamner cette sanction se demande, par personnage interposé, si le régime pénitentiaire n’est pas plus humiliant, plus dégradant, plus mortifiant que la pendaison, ou plutôt la guillotine qui avait remplacé ce système de mise à mort, car certains condamnés espéraient trouver une certaine jouissance en perpétrant cet acte masochiste.
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