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DOA |
Citoyens ClandestinsAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
625Lectures depuisLe dimanche 10 Mars 2008
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Une lecture de |
Entre chiens et loups
Avec Citoyens clandestins de DOA (Dead On Arrival = Mort à l’arrivée), on entre dans un thriller de fiction politique. Et c’est un Français ! Nous croisons tout au long de ces 704 pages l’itinéraire de citoyens qui ont décidé de ne plus subir mais d’agir. Lynx est un tueur sous commande qui travaille pour qui le paye et nomme ses interrogatoires des séances de travail ce que l’on aurait plutôt coutume d’appeler « tortures ». Il travaille pour qui de droit, c’est-à-dire l’État et effectue les sales besognes… Fennec est un jeune ghouia (en fait Khouia = frère) vivant chichement dans un studio spartiate avec pour seule lecture un Coran et des cassettes d’attentats suicides et d’entraînements dans des camps lointains. Fennec est en fait Karim, un infiltré chez les islamistes. Fils de harki, il jongle entre sa foi républicaine et ses doutes raisonnés à propos de raison d’État. Amel est une journaliste stagiaire aux dents longues qui travaille avec un vieux roublard briscard qui l’entraîne sur une piste. Cette piste, c’est celle de fûts de dioxine disparus… dans les mains de terroristes. Nous sommes avant, pendant et après le 11 septembre. DOA nous propose une fiction qui traite de manière glacée de la plaie purulente de notre nouveau désordre mondial, à savoir le terrorisme et les ripostes que les démocrates peuvent y donner. Démocrates ? C’est là que l’auteur nous plonge dans l’ombre de l’ombre, là où le noir aveugle et ne laisse à percer à nos yeux qu’une assurance borgne en la démocratie. Lynx n’est que notre mauvaise conscience, celle qui nous pousse à dire qu’il faut lutter avec les mêmes armes que nos ennemis : Lynx ? : "C'est le parcours d'un type entraîné jusqu'à plus soif, qu'on a ensuite fait disparaître avant de le lâcher dans la nature. Un mec sans famille, sans attache, sans histoire, complètement vierge puisqu'il était officiellement mort. Ses créateurs étaient donc libres de l'utiliser en fonction de leurs besoins. Pour des opérations plutôt délicates." (pages 37 à 39) Citoyens clandestins traite glacialement car réellement de la plaie purulente de notre nouveau désordre mondial. Son auteur s’enfonce dans l’ombre de l’ombre, là ou le noir ne laisse percer à nos yeux d’aveugle qu’une assurance borgne en la démocratie et en ses méthodes pour défendre le droit et la sécurité de ses citoyens. « Je veux du noir à m’en crever les yeux » chantait Léo Ferré.
François Braud DOA, Citoyens clandestins (Série Noire), Mes 10 polars de l’année 2007, tome 4
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